Discussion-débat par courriels sur réseau universitaire à propos de :

REDEFINING THE SELF: BIOLOGICAL AND PHILOSOPHICAL PERSPECTIVES

Symposium anglophone à la Sorbonne les 23-24 juin 2014 : faut-il dramatiser ?

 

 

Le 5/21/14 11:11 AM, N... T... a écrit :

Colloque international "Redéfinir le soi : perspectives biologiques et

philosophiques"

23 et 24 juin 2014

Université Paris IV Paris-Sorbonne, Amphithéâtre Richelieu.

Le programme de ce colloque se trouve ci-dessous.

Tous les résumés et les détails concernant ce colloque se trouvent à

l'adresse suivante :

http://iridia.ulb.ac.be/bersini/Self-NonSelf/

Le colloque est gratuit et ouvert à tous.

La langue du colloque est l'anglais.

 

Le 22 mai 2014 à 03:35, N... L... a écrit :

Peut-on savoir pourquoi la langue du colloque est l'anglais, étant donnée la liste des orateurs? Pourquoi du moins les orateurs français ne sont-ils pas libres de parler le français?

 

2014-05-22 12:12 GMT+02:00, Jean-François Moreau :

 

Mon cher collègue, N... L... et avec toute la très compréhensive sympathie d'un vétéran de 75 ans d'âge révolus,

 

La réponse est simple. Nous sommes en 2014 et nos enfants payent la note de quatre siècles d'erreurs historiques désastreuses. Parce que Louis XV a perdu la Guerre de 7 ans, Voltaire a dénigré les arpents de neige en oubliant que la vallée du Mississipi descend jusqu'au Golfe du Mexique, les Napoléon I et III n'ont pas su s'arrêter à temps, la IIIe République s'est achevée sur la raclée de 40, etc., et que les Français ont oublié que l'avenir de leurs enfants appartient aux polyglottes, l'anglais déjà ne suffisant plus. Je le sais parce que je parle l'anglais et l'espagnol couramment mais je ne parle voire ne lis ni le russe, ni l'hindi, ni le

chinois, ni l'allemand, ni le japonais, ni l'arabe.

 

L'américain devenant une langue latine et rejetant l'hellénisme trop aimé des slaves, je retourne de plus en plus souvent vers mon vieux Gaffiot pour éviter les contresens frenglishs. Un conseil? Pensez à faire entendre des enregistrements audiovisuels en chinois à vos petits-enfants dès leurs premiers jours pour qu'ils/elles forment leur appareil

oto-rhino-laryngologique aux phonèmes nasaux. Demandez à un fils du ciel francophone de vous présenter à Mr et Mme Ng si vous ne comprenez pas ce que je veux vous faire entendre. Et, puis-je souligner le bonheur éprouvé à parler espagnol sur la partie anglophobe de l'Amérique latine qui ne parle plus français depuis des lustres!

 

Je pense avoir été le premier organisateur de symposium scientifique international fermé totalement anglophone en France, sans traduction simultanée. C'était alors illégal en France en 1987. J'ai réuni une centaine d'experts des produits de contraste radiologiques du monde entier dont 10% de Français au Château d'Artigny, à Montbazon pour inaugurer un format original que j'avais mis au point avec mon ami Elliott Lasser de l'UCSD. Le succès fut fantastiquement positif et les Contrast Media Symposia biennaux existent encore aujourd'hui.

 

En 1981, j'avais payé les yeux de la tête une traduction simultanée français-anglais pour un autre symposium international innovant sur l'ultrasonographie du cou organisé à l'Intercontinental de Paris. L'un des interprètes était excellentissime, l'autre une nullité. Les radiologues ont très tôt compris qu'il fallait écrire leurs textes en français et en anglais sur leurs diapositives projetées en double projection, puis avec les diaporamas en PowerPoint.

 

Aujourd'hui, mon impression est que, la concentration mentale des auditoires français étant en diminution sensible toutes disciplines et langues confondues, y compris le français, le mieux est de s'exprimer en anglais s'il y a échange interactif avec des invités anglophones. C'est important de leur infuser notre savoir dans leur langue si on veut que leur présence en France ne soit pas que l'occasion d'un bon gueuleton et un strip-tease à Pigalle en échange d'une prestation mécaniquement exécutée comme une corvée.

 

J'ai prévu d'aller à ce colloque de la Sorbonne pour une seule conférence. Je suppose qu'il n'y aura que des "modernes" dans la salle. Puis-je vous rappeler que le latin n'a supplanté le grec et l'arabe comme langue scientifique qu'à la Renaissance? Harvey a publié son œuvre en latin et en Allemagne au début du XVIIe siècle. Par contre Ambroise Paré, Lavallois né au siècle précédent, ne parla jamais le grec ni le latin, et bénéficiant probablement de l'Édit de Villers-Cotterêts, devint par dérogation et très tardivement officiellement docteur en médecine. En fait, pourquoi y parvint-il? Parce qu'il fut un génial médecin-chirurgien du Roi. Non pas par piston mais par sa science et son talent mis au service d'un art consommé.

Contre-preuve: l'œuvre posthume impérissable de Gregor Mendel, écrite en tchèque et mère de la génétique, dont il n'est tenu en courant de ce qu'elle a induit à l'échelle de l'humanité du XXIe siècle que s'il croit, en bon moine chrétien, à la vie éternelle de l'âme en attendant le Jugement dernier pour que celle-ci réintègre son enveloppe corporelle.

 

Quoiqu'il y ait de fortes chances que mon pathos ne passe pas mais en espérant ne pas vous avoir ulcéré, je tiens à vous remercier à m'avoir donné l'occasion d'élaborer ces lignes lancées sur le net comme les aigrettes de pissenlit du Larousse.

 

N.B = À PARTI DE MAINTENANT, JE NE M'AUTORISE PAS À REPRODUIRE LE CONTENU DES MESSAGES DES DOUZE TIERS CORRESPONDANTS POUR DES RAISONS DE CONFIDENTIALITÉ DU RÉSEAU UNIVERSITAIRE SUR LEQUEL CET ÉCHANGE S'EST EFFECTUÉ JUSQU'À CE JOUR.

 

Le 23 mai 2014 à 17:51, Jean-François Moreau a écrit :

 

J'ignore si N... L... s'attendait à l'explosion d'une telle littérature à la suite de sa question initiale de la longueur d'un tweet. En lui répondant par un texte d'une longueur démodée que je déplorais, je n'imaginais pas une seule seconde qu'il susciterait le moindre intérêt. Je remercie ceux et celles qui se sont exprimés cette semaine sur cette question fondamentale de LA langue véhiculaire de la pensée universelle. 

 

N... F... a parfaitement raison d'insister sur l'importance de traiter le sujet au plus haut degré de l'intelligence constructive. Elle est canadienne du Québec et sait de quoi elle parle car elle le vit politiquement au quotidien depuis sa tendre enfance. En Europe, seule la Belgique affronte une situation identique avec trois langues officielles, dont l'allemand. L'allemand qui fut la seconde langue intellectuelle des "Caucasiens", du XIXe siècle jusqu'à 1945 et le resta à l'est, jusqu'en 1989. Les langues qui s'imposent sont celles des cerveaux, celles qu'on impose sont celles des vainqueurs administrateurs.

 

Je suggère l'organisation d'un symposium dédié à LA langue au IIIe Millénaire qui pourrait ambitionner d'être le noyau d'une réflexion éclairante pour une jeunesse insuffisamment préparée à la révolution culturelle qui ne fait que se dessiner en ce début de millénaire encore à structurer. Nous sommes comme au XVIe siècle, nous n'avons pas de François 1er, mais il fut créer une nouvelle "Pléiade". Mes successeurs à la Faculté de médecine, mais d'autres aussi, se plaignent: 1) non seulement de la méconnaissance habituelle de l'anglais chez les trois-quarts de leurs étudiants; 2) mais aussi de l'insigne médiocrité de leur français écrit, ce que je confirme quand je lis les cahiers d'observation des externes qui m'examinent quand je suis hospitalisé, ce qui m'arrive souvent. Certaines pages confinent à l'analphabétisme.

 

Je suis un homme âgé qui n'a plus de fonction officielle à l'université mais qui continue à vivre suractivement dans un monde culturel qu'on peut définir comme centré sur les "sciences de la vie". Je suis porté par une idée directrice qui s'exprime par un axiome que je croyais confucéen mais qui serait en fait sahélien: "Si tu ne sais pas où tu vas, sache au moins d'où tu viens." Toutes les références historiques que je cite sont crédibles car je les ai vérifiées moult fois. Il n'y a eu que cinq langues philosophiques et diplomatiques officielles dans l'ancien monde depuis le siècle de Périclès, soit plus de 2500 ans: chronologiquement: 1) le grec; 2) l'arabe; 3) le latin; 4) le français; 5) l'anglais. Tous les grands noms de la science étaient de grands voyageurs polyglottes s'exprimant en grec, en syriaque, en hébreu, en persan puis en arabe à partir de l'hégire, en latin à partir de Constantin l'Africain, en italien à partir de Vésale... 

 

Mon grand-père, médecin de banlieue, lisait le grec et versifiait en latin; mon père, médecin de campagne, lisait le latin; moi, je réjouis d'avoir étudié le latin au lycée pendant six ans et en avoir retenu la chanson. Pendant plusieurs décennies je déchiffrai l'écriture grecque puis la russe sans difficulté, je ne le peux plus aujourd'hui. Je suis incapable de lire l'arabe qui s'écrit de droite à gauche alors qu'il me faut une semaine pour me remettre à parler l'arabe dialectal algérien de la vie courante au Maghreb (ce qui exclue le kabyle et le tiffinar).

 

Aujourd'hui, ce n'est pas le monde anglo-saxon qui pose problème à la francophonie, ce sont les "hispaniques" bientôt dix fois plus nombreux que les francophones. Dans quelques décennies, ce seront le mandarin et l'hindi... Mais une langue, si elle se fait d'abord parler, s'écrit pour être lue, composée, enseignée, pensée et améliorée pour s'adapter. Il y a donc, dans la promotion internationale d'une langue, non plus seulement un problème d'impression de l'encre sur un papier, mais aussi et surtout sa transcription sur un écran par le biais d'un clavier numérique. Bienheureux anglophones qui pratique une langue alpha-numérisable sans accents! Curieux contemporains à la page web avancée qui font une confiance aveugle à la traduction automatisée selon Google, lequel reproduit les délicieuses sinon mortelles coquilles à la mode taïwanaise des années 70. Et nous n'en sommes qu'aux préludes de la traduction automatisée par les logiciels polyglottes de l'écriture par la reconnaissance vocale.

 

Ceux et celles qui ont détecté mon amour profond et inconditionnel de la langue française sont dans le vrai. J'ai eu la chance d'apprendre sa grammaire en 1943 dans un abécédaire du XIXe siècle. En 4e, au lycée David d'Angers, dans ce merveilleux berceau de la Renaissance française qu'est l'Anjou dans le Val-de-Loire, j'étais le seul à conjuguer les verbes au conditionnel passé 2e forme et je crois savoir toujours le faire. Timide, je n'ai vraiment maîtrisé l'éloquence - nécessaire et indispensable à qui veut être un vrai enseignant au niveau professoral, c'est-à-dire ex cathedra - qu'avec la préparation de l'oral du concours de l'Internat des Hôpitaux de Paris en 1964. Je parle d'un temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître. J'ai appris à parler et écrire dans quasiment tous les styles littéraires utilisables en français. Je sais même faire un tweet de 140 signes  et un haïku de trois alexandrins de douze pieds. J'ai besoin d'écrire au moins six heures par jour, c'est mon jogging à moi. J'ai adoré mon MontBlanc-penis.équivalent à cartouche bleu-noir et plume majestueuse. Je tape sur un clavier depuis l'âge de seize ans et le Mac a remplacé le papier quadrillé des cahiers d'écolier en 1985. Je pense, donc j'écris et je ne sais pas parler comme j'écris, donc je ne parviens pas à m'habituer à la reconnaissance vocale, si bien élaborée qu'elle soit par Dragon Naturally Speaking.  

 

En pleine débâcle de l'armée allemande en 1944, j'ai demandé à un oncle instituteur de m'offrir une géographie pour mes six ans. Je suis tombé en arrêt sur un planisphère exhibant les empires français et britanniques en rouge et en bleu, puis un autre où les pays hispanophones étaient peints en jaune pour l'espagnol et en vert pour le portugais, parlé jusqu'à Macao. J'en conclus que si je parlais le français, l'anglais et l'espagnol, je pourrais faire le tour du monde en communiquant localement sans problème. Ai-je parlé allemand durant les quatre années d'occupation de la maison familiale par la kommandantur de la PanzerWaffe qui l'avaient partiellement réquisitionnée? Je ne l'exclue pas car j'ai beaucoup joué avec le chauffeur du Haupfmanführer mais j'étais trop jeune pour que je m'en souvienne aujourd'hui. Par contre, nous avons tellement, entendu et crié Achtung! que je peux prononcer la jota et les rr sans aucune difficulté et les gutturales de toutes origines pareillement, tels les mots arabes, Ahmed, Mohammed, Chlass!!   D'où l'impotence que j'accorde à l'apprentissage précoce des phonèmes des langues que l'on veut faire parle à ses enfants. Jusqu'à l'âge de 18 mois au mieux, le nourrisson sait en exprimer toutes les variantes, y compris celles qui permettent de s'exprime en cantonais sans risquer la confusion par insulte interposée.

 

Une langue d'abord se parle. J'ai toujours eu l'oreille musicale sans prétendre l'avoir eue absolue. Je rends constamment hommage à mon professeur d'anglais, Mr Antier, qui passa des mois à nous enseigner la phonétique anglaise - très influencée par la grecque - par des exercices quotidiens tirés d'un manuel "Fluent English" modestement broché, bien plus intelligent que les conventionnels et cartonnés Carpentier et Fialip, obsédés par l'héritage germanique de l'anglais dont l'américain d'aujourd'hui fait peu de cas. J'eus Pierre-Maurice Richard en terminale, auteur d'un livre à succès national écris avec Wendy Hall et illustré par le merveilleux dessinateur-peintre, James Guittet, à qui je dois d'avoir appris l'art de schématiser sans gribouiller. 

 

J'ai parlé l'anglais qui est le mien dans le monde entier et je me suis forgé mon style et mon propre accent qui étonne mais que l'on comprend partout. Mais je n'ai commencé ma carrière anglophone qu'à l'âge de 36 ans. Avant, faute d'avoir de girl-friend sans aucun doute, je parlais mieux - ou plutôt un peu moins mal -, plus souvent et plus agréablement l'espagnol que l'anglais, tous deux scolairement. Je dois à l'influence positive mais culturellement "disruptive" de mes collègues et amis chefs de clinique du professeur Jean Hamburger de Necker, plus précisément le maintenant célèbre Professeur Jean-Pierre Grünfeld et le Dr Michel Leski, professeur lui aussi mais banni à Genève pour cause de mai 68. Pour eux et quelques rares autres, tout ce qui était scientifiquement en avance devait être écrit et publié en anglais d'abord, dans l'élite des revues américaines et britanniques selon affinité. J'avais opté pour la radiologie hospitalo-universitaire, spécialité alors méprisée et encore souvent méprisable par la médiocrité cultivée pendant les décennies d'après-guerre, je voulais être professeur, c'est-à-dire être une référence pour la qualité de ses actes médicaux, mais aussi et avant tout, briller par la qualité de mon enseignement et de ma contribution à la recherche scientifique, dans la meilleure tradition hippocratico-galénique. 

 

Je n'eus pas de difficulté - parce que j'étais bien préparé et au prix d'un travail intelligemment acharné - pour obtenir cette consécration "académique" en français. En 1973, se tint à Madrid le XIIIe Congrès International de Radiologie. Je m'étais inscrit pour une communication en français - langue officielle avec l'anglais, l'allemand et l'espagnol de la Société Internationale de Radiologie/International Society of Radiology de droit suisse bernois. C'était sur un sujet très pointu - la néphrose osmotique des produits de contraste iodés radiologiques - qui m'occupera pendant les trente années suivantes. Le papier se trouva programmé dans une session confidentielle quasiment exclusivement anglophone mais dont l'importance se révéla fondamentale car en même temps un Suédois présenta son invention révolutionnaire pour toute la radiologie, notamment celle des neurosciences: la molécule metrizamide; elle passa quasiment inaperçue comme lors passa inaperçue la communication des Anglais sur le scanner de Hounsfield. Autre leçon apprise lors de ce congrès: l'humiliation d'un orateur japonais au sabir angloïde totalement incompréhensible, au une qui resta stoïquement muet pendant les dix minutes où aurait dû se dérouler la bande magnétique de la "voix de son maître" malencontreusement bloquée dans son magnétophone

 

Nul ne comprit donc ma communication présentée pourtant en double projection français-anglais mais elle eut un effet "tilt" sur quelques VIPs qui sentirent qu'elles passaient à côté de quelque chose d'important. Elle fut connue, l'année suivante, par sa publication dans la prestigieuse revue américaine "Radiology". Mais c'est par une autre publication antérieure à son édition française sous une autre forme : bilingue - une première! - dans le Journal de Radiologie. Les Current Contents prenaient le relais des Index Medicus et autres Year Books pour faire connaître les sommaires des revues scientifiques indexées dans des bases de données jusque-là faites de fiches manuscrites. Durant toute la décennie 1970, j'accumulai un nombre important de travaux très en pointe tant en Europe que dans le monde. Je publiais beaucoup en français oralement et par écrit mais je ne rencontrais que des collègues "de langues latines" qui appréciaient mes travaux mais n'avaient pas de compétences suffisantes pour me permettre de me tester et de m'améliorer. Pour des raisons de pertinence scientifiques, le lieu des confrontations n'était pas le Royaume-Uni, ni même la Scandinavie voire l'Allemagne, mais les USA.

 

Grâce à l'édition bilingue de l'article sur les nécroses corticales rénales paru dans le Journal de Radiologie, je pus me faire inviter en dernière minute par l'organisateur d'un symposium ultrapointu (40 personnes, dont trois français + moi) sur les produits de contraste radiologiques au bord d'une mutation fondamentale qui agitait l'industrie internationale, dont le laboratoire français Guerbet qui avait du mal à être pris au sérieux. Je me rendis donc en 1979 pour la première fois aux USA, plus précisément à Colorado Springs. Je présentai, écrit durant le weekend précédent dans un anglais certainement très frenglish mais clair avec des diapositives très bien faites par une pro - et l'indispensable "joke" -, le meilleur papier du symposium et le seul qui ne pouvait être taxé de conflit d'intérêt avec les firmes dont j'avais étudié leurs produits sans aucune subvention corruptrices. Je fus immédiatement fêté et coopté dans ce groupe qui deviendra ma famille spirituelle internationale. 

 

Francophone exclusif et intégriste, comme nombre des mes collègues d'alors, parfois aussi bons sinon meilleurs que moi dans leurs catégories, jamais je n'aurais pu agir avec autant d'efficacité et en si peu de temps. Ceci dit, je me rendis compte lors de la discussion de mon papier, que je ne comprenais pas les questions qui m'étaient posées et que je manquais de vocabulaire pour improviser une réponse intelligible. Je fus invité à visiter deux Américains et je me rendis dans la foulée à San Francisco puis à San Diego où je passai un weekend chez un homme qui sera mon mentor en Amérique du Nord pendant quarante ans, le Professeur John Amberg. Le professeur Lee Talner qui avait lu mon article bilingue et moi, uroradiologues tous les deux, devinrent des frères; je l'invitai à Paris; nous mîmes au point un programme de Visiting Professor que j'effectuerais durant l'automne 1980 et qui se conclurait par une conférence sur la néphrotoxicité des produits de contraste lors du congrès de la Society of UroRadiology dont j'allais devenir le premier membre francophone au début janvier 1981. Joie de recevoir la brochure et l'affiche où mon nom figurait à côté de stars jusque-là inaccessibles.

 

J'emmenai ma femme - hélas francophone exclusive malgré tous ses efforts! - et mon fils passer les vacances de Noël 1979 au Club Med de la Réunion. Nous y rencontrâmes quatre Australiens pendant le réveillon; j'appris que l'un d'eux était radiologue et il m'invita immédiatement à participer au Congrès de Radiologie qu'il organisait à Perth. Avec le dollar de l'époque, la vie internationale n'était pas chère pour et je fabriquai un billet d'avion tour du monde Paris-Londres-Perth-Sydney-Hongkong-Tokyo-Los Angeles-Paris étal du 1er octobre 1980 au 15 janvier 1981. Je partis seul car je ne voulais parler qu'anglais en immersion totale du matin au soir. Je fis bien car au bout de six semaines je pensais en anglais, deux mois plus tard je fis mon premier rêve en anglais et, le 20 décembre j'aurais maudit ma femme et mon fils d'exister quand j'allai les accueillir à l'aéroport de Los Angeles: je n'avais plus qu'une envie, devenir américain et ne plus jamais rentrer en France où je savais que je ne pourrais plus jamais vivre une vie cohérente et paisible. Ce fut le cas, mais tout survécut de ce qui m'importait moralement: fonder une vraie école de radiologie devenant imagerie médicale d'envergure mondiale d'essence hippocratique dédiée au "Patient first" et conduire mon fils vers une position de français citoyen du monde où il s'épanouirait dans une activité qu'il aurait créé sinon ex nihilo, en tout cas hors de l'héritage médical oppressant. 

 

Maintenant et pour conclure: l'espagnol et l'allemand. Me gusta mucho hablar español. ¿Pero eso es útil o fútil?  Ich spreche kein Deutsch!  

 

A partir de 1965, avec la réforme Debré, la radiologie des années 80 se promettait d'être une des meilleures du monde. Volontiers velléitaire, encore insuffisante en écoles structurées sur tout le territoire, elle ne s'en rendait pas compte, manquait d'ambitions et surtout gagnait de l'argent trop facilement, aidée qu'elle était par une industrie devenue vulnérable et desservie par des liaisons laxistes qui coûteront chers sinon la détruiront. Il fallait que la radiologie française s'investisse dans un projet gigantesque qui la dépasse en la tirant vers le haut: obtenir que le congrès international de 1989 se tienne à Paris alors que le favori était l'Inde, le challenger, le Royaume-Uni, et l'inconnu, la Thaïlande. Je fus longtemps le seul à savoir que c'était jouable pour être gagné car j'étais revenu de mon tour du monde certain que la France ne pouvait pas ne pas gagner un vote de sociétés savantes opulentes réunies dans une ISR hétéroclite où tout le monde se jalousait et/ou s'ignorait. Pour une raison simple: 1989, ce serait l'année du Bicentenaire de la Révolution Française et nous présenterions au Congrès de 1985 à Honolulu un dossier professionnel en béton soutenu par une présence scientifique nationale massive. La Société Française de Radiologie se rallia à ma proposition en 1984 et un quatuor se mit à travailler d'arrache-pied. 

 

J'étais connu en Allemagne, puissant pays peu suspect d'américanophilie, où prospèrent Siemens et Schering. Ich spreche kein Deutsch! Mon regretté collègue, Guy Delorme de Bordeaux, germanophone et germanophile consacré, se chargea d'obtenir le soutien des Allemands au cours d'un meeting mémorable à Munich où le délégué anglais comprit que les frocs allaient lui donner du fil à retordre; je m'y étais exprimé en anglais après que Delorme eut chauffé la salle en allemand. Les Britanniques surfaient sur une vague puissamment hostile à la candidature indienne menée par les pays industrialisés qui redoutaient de s'enliser dans un congrès coûteux et fangeux. D'où la candidature de Bangkok, comme nous l'apprit un radiologue singapourien - anglophone, indeed - invité à passer à Paris le weekend de Pâques: Indiens et Chinois se détestent et se méprisent, Asians et Oceanians ne s'entendront jamais pour soutenir l'Inde et l'Australie votera pour les Anglais; la solidarité asiatique à laquelle nous croyions jusqu'alors était une plus-que-parfaite et naïve illusion. La conclusion était évidente, la France ne pouvait gagner qu'avec les dix voix hispanophones d'Amérique Latine.

 

J'étais le seul membre du quatuor à parler anglais et espagnol. J'avais des conférences présentables dans ces deux langues pour que mon voyage diplomatique en Amérique du Sud, monté en un mois, soit placé au plus haut sommet scientifique et non pas celui d'un paquet "Versailles, la Tour d'Argent et les Folies-Bergères". Les Américains voulaient imposer leur RSNA de Chicago comme le rendez-vous annuel, monopolistique et incontournable, de la radiologie mondiale, scientifique, industrielle et commerciale. Un chiffre d'affaire atteignant alors un milliard de dollars en une semaine quand l'Illinois bénéficie de l'été... indien. Justement le congrès d'Honolulu avait été élu en 1981 pour torpiller la candidature de New Delhi; il était organisé en 1985 en juillet à mi-chemin entre le Japon et l'Amérique du Nord par la société américaine concurrente de la RSNA. Je m'envolai d'abord pour le Brésil où je dus parler le langage des signes avec un remarquable radiologue de Salvador de Bahia qui ne parlait ni français, ni anglais, ni espagnol, mais fut sensible à ma visite et à la qualité du dossier de candidature que je lui présentai. Je visitai ensuite les Brésiliens de Sao Paolo qui m'apprirent en anglais et en français que les Sud-Américains se divisaient en deux blocs: les américanophiles qui se regroupaient dans un Colegio interamericano et les américophobes qui étaient nationalistes et ne croyaient plus en l'Europe et encore moins à la France. Les premiers étaient les clients de la General Electric, les seconds des Japonais.  Ces propos me seront serin durant tout mon voyage en pays hispanophones. Ce seront successivement Montevideo, Asunción, Buenos-Aires, Santiago du Chili, Lima, Guayaquil, Bogota et Caracas.  A ce moment je m'exprimais aussi bien en espagnol qu'en anglais et je pouvais passer d'une langue à l'autre sans traduction française interposée. 

Je donnais ma dernière conférence à Panama, là où on parle aussi bien espagnol qu'anglais. J'emportai un triomphe parce que je choisis l'espagnol. Je volai sur Varig de Panama à Los Angeles où m'attendait le vol pour Honolulu. Lors du vote que la France remporta au premier tour à une écrasante majorité, le Brésilien de Salvador de Bahia me tomba dans les bras en me disant qu'il avait voté pour Paris parce qu'il m'avait vu dans le vol Varig qu'il avait lui-même emprunté.

 

Arrivederchi, amici. Ninon de Lenclos parlait couramment l'espagnol et l'italien. "Chance smiles to well-prepared brains", cet aphorisme de Pasteur, je l'ai appris en lisant un magazine américain sur un vol Eastern Airlines Durham-San Francisco. Dans mes nombreux voyages en Asie-Océanie, je n'aurais fait que du tourisme insipide si je n'avais parlé qu'en français. Comment résister à vous conter ma première approche d'un radiologue de Tokyo en 1980 pour qui seul comptait un radiologue américain de la Mayo Clinic de Rochester, Minnesota? Pour me montrer l'importance de cette relation et ne sachant comment se débarrasser de moi, il m'emmena regarder un panneau où étaient affiché son diplôme de la Mayo Clinic... et l'affiche du congrès de la SUR de San Diego où mon nom figurait quasiment à côté du sien! Lui qui me regardait jusque-là avec méfiance aurait voulu me garder avec lui pendant la journée entière et plus puisqu'il y avait affinité.

 

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage...

Attention pourtant, parler de beaux langages

Peut vous faire perdre et usage et raison

Et compliquer le retour serein à la maison...

 

Jean-François Moreau

jf@jfma.fr

 

Le 25 mai 2014 à 10:53, Jean-François Moreau a écrit :

 

J'attendrais volontiers des mathématiciens qu'ils m'informent de la facilité avec laquelle leurs ancêtres médiévaux sont passés de la numérotation latine à la numérotation indo-arabe au premier millénaire, je suppose d'abord à Bagdad plutôt qu'à Damas ou à Cordoue, mais je peux me tromper. L'alphabet latin n'avait pas remplacé l'alphabet grec pour écrire le grec et la situation perdure dans la Grèce contemporaine. J'ai vécu dans ma lointaine enfance les derniers feux de l'utopie magnifique de l'espéranto. Le monde de l'intelligence naturelle des humains voulant "savoir", "faire savoir", "partager son savoir" voire "imposer son savoir" ou "voler le savoir des autres" doit composer à chaque instant avec les rapports de force métaphysique qui résultent d'innombrables facteurs pouvant se résumer en deux camps antagonistes : vie et mort; éros vs thanatos; paix et guerre; blanc et noir et aujourd'hui 1 et 0. La langue du vainqueur (la vie) domine celle des vaincus (la mort) avec des transitions comme Frédéric II de Prusse parlant français avec Voltaire, et la cour des Tsars parlant français jusqu'à la révolution d'octobre.

 

Je préfère de loin le français à l'anglais pour écrire l'histoire des arts et sciences, en tout cas celle que je connais au point de vouloir publier mes recherches sur Internet en français et en anglais voire l'espagnol. Notre langue est effectivement précise et nuancée si l'on peut éviter les fautes de syntaxe et les contresens et non sans retourner souvent au dictionnaire.  

 

A ce titre, je constate que l'espagnol castillan (pas celui de Buenos Aires qui est du patois napolitain) est au moins aussi efficace sinon plus que le français car son vocabulaire est plus riche que le nôtre[1] et sa grammaire est très exigeante. Pour les anglo-saxons que je fréquente, la référence littéraire française est Maupassant, pas Proust, ni Flaubert. L'anglais est beaucoup moins élégant et précis que le français, d'où en anglais la répétition de mots et de locutions identiques, la brièveté des textes et des phrases, l'usage du point-et-virgule, l'abandon des latinismes aux significations divergentes... On peut faire comprendre en français qu'un chat est un chat avec de longues phrases (sentences) alambiquées, pas à l'anglais, notamment quand il s'agit de sciences. A ce titre, la lecture de la littérature anglaise oxfordienne est plus sécurisante que celles des américains et des français pour éviter les contresens lors de la version. Lors du thème français-anglais soumis à la révision de l'editor-in-chief, il est exceptionnel que le verdict ne soit pas négatif à la première lecture pour des raisons de style frenglish avec au mieux, quand il n'a pas été expédié directement à la poubelle, "un américain/anglais ne s'exprime pas comme ça".

 

Cela a deux conséquences négatives pour la francophonie scientifique qui n'a pas, comme les mathématiciens, à faire abstraction des considérations techniques, industrielles, commerciales, politiques, culturelles... dans un monde où, depuis l'habeas corpus et la révolution industrielle du XIXe siècle, la langue a été l'un des missiles des colonisateurs et de la prospérité du monde occidental fondée sur le rationalisme cartésien et le positivisme comtien, mâtinés de Kant et de Marx. Au XXIe siècle, nous sommes dans le monde virtuel du village global où les élites se sont multipliées en se diversifiant, le plus souvent en simplifiant leurs langues vernaculaires en la raccordant à l'anglo-américain. L'Internet est fait pour les polyglottes obligatoirement anglophones d'abord. Il faut s'entrainer comme un sportif pour bien parler une langue. A ce titre, je ne suis pas choqué par la pratique de réunions anglophones en France.

 

1). Les langues faites d'une double racine réussissent mieux que les langues monoblocs quand il s'agit de créer incessamment des mots nouveaux. Les Américains sont devenus meilleurs que les Anglais et surtout plus universels pour imposer leur langue parce qu'ils utilisent leurs racines latines pour créer des mots génériques conceptuels et leurs racines anglo-saxonnes pour le langage courant d'application, sans aucun état d'âme comme il y en a en Europe, y compris des deux côtés du Channel. Ainsi le "burn-out" est-il une pathologie des "neurosciences". Les Français ne créent plus de mots nouveaux simples et j'attends encore de pouvoir traduire hopefully par un seul adverbe contraire de désespérément.

 

2). Le vainqueur écrit l'histoire comme il l'entend et le vaincu a de plus en plus de mal à rectifier simplifications et impasses parfois inacceptables au plan de la vérité historique. Actuellement les Anglo-Saxons deviennent de fait - qu'ils en aient l'ambition ou non - les historiographes officiels de l'histoire universelle. Dans mes domaines de compétences scientifiques et techniques où je sais que la France et certains autres Européens ont été brillants, j'ai pu constater des pans entiers de scotomisation (zapping, disent les initiés) parfaitement injustes sinon intolérables. Certes, l'historien peut être malhonnête, ignorant, paresseux, chauvin, mais j'ai souvent constaté que lesdits ignorés n'avaient rien fait pour faire connaître leurs travaux autrement qu'en français.  Cachés, ils ont peut-être vécu heureux, mais j'en connais certains qui s'estiment encore lésés.

 

L'arrogance française prétextant l'exception culturelle monolingue nourrit le french-bashing et donnent des verges pour se faire battre dans les négociations internationales, pour ne pas parler de l'Eurovision'2014. Ainsi ai-je appris récemment qu'une société internationale d'histoire de la médecine fondée par des Français vient de "virer" purement et simplement le français comme langue officielle parce qu'il n'y a plus que deux Français qui viennent communiquer et personne dans l'auditoire pour les comprendre. Ça s'est passé au Danemark mais c'eût pu être à Anvers, Bruges ou Gand.

 

Qui mieux qu'un Canadien du Québec pour faire sentir ce qu'inspirent des deux côtés du Channel et du Labrador le frenglish et le globish, et pourquoi pas à Algésiras et Gibraltar, le spanglish de Miami?

 

Le français de l'Académie française est une référence officielle comme l'oxonien pour l'anglais. Mais, qui parcourt le monde en polyglotte sait qu'il existe d'innombrables patois dont l'américain, lui-même subdivisé en patois régionaux, pour ne pas parler du joual et du castellano argentin. Le  latin de Cicéron n'est pas celui de Quinte-Curce, le grec d'Eschyle pas le démotique du crétois Odysséas Elytis (prix Nobel de littérature, 1979). A l'heure de l'Internet et du tweet, c'est le peuple qui décide de la langue du quotidien et elle devient de plus en plus phonétique voire acronymique. J'ai mis du temps à comprendre que U pouvait vouloir dire You.

 

La télévision est devenue le lieu d'élaboration des langages populaires de la Planète et le journal de 20 heures des chaines généralistes du monde entier est le régulateur du politiquement correct des langues nationales officielles. Qu'est-ce que le globish? L'américain de CNN? Pour France 24, l'anglais de la BBC? Je rejoins ceux qui critiquent le français comme langue ayant de grandes difficultés à créer des mots nouveaux, notamment en technologie. J'ai démontré un jour par un exemple reproductible à un très estimable francophonissime combien nuisible à la valorisation internationale de la recherche française avait été l'obsession de créer des mots nouveaux "français" intraduisibles en anglais, allemand, russe etc.... pour désigner des découvertes et des inventions étrangères baptisées par leurs géniteurs de noms génériques parfaitement justifiés et clairement compris.

 

Bien entendu, politiquement, sans doute fallait-il contrer l'impérialisme anglo-saxon par des faits et gestes de même nature et non pas des postures ridicules aux conséquences contraires. Je m'explique. En anglo-américain "scanner" est (aujourd'hui) un appareil dynamique qui parcourt une surface ou un volume pour en faire un produit numérisablę en langage informatique binaire. Il a besoin d'être identifié par un préfixe ou un suffixe précisant qu'elle est la source physique utilisée: CT-scanner, Pet-scanner, Sono-scanner...

En France, le substantif "scanner" - officiellement non reconnu - signifie en langage vulgaire un appareil à rayons X numérique découpant le corps en tranches ou un télécopieur; s'il s'agit d'un verbe, c'est l'acte réalisé par l'un de ces deux instruments.  Le monde entier sait ce que signifie CT-scan, abréviation de CT-scanner. Il y a vingt ans encore, la plaisanterie courait (en anglais et en français) : "Les Américains ont plein de "scanners" et un seul terme pour le définir, "Computed Tomography = CT"; les Français n'ont pas de scanner mais une douzaine de noms". Vous en souvenez-vous? Tomographie axiale computérisée/computée (traduction de Computed assisted tomography), Tomodensitométrie... scanographie... etc.... J'ai fait taper par mon interlocuteur sur la base de données Pub Med des NIH les mots tomodensitométrie/tomodensitometry et il a sorti quatre titres de publications françaises et aucunes en anglais (avec un y); il y en avait des centaines avec Computed tomography dont plusieurs françaises. Le résultat aurait été similaire avec le mot remnographie, supposé identifier en français l'imagerie par résonance magnétique (IRM) acronymée MRI (Magnetic Resonance Imaging) par les Britanniques qui l'ont inventée comme ils ont inventé les premiers scanners (Hounsfield & McCormack) et échographes (Ian Donald). Les Américains disent maintenant MR, plus simplement!... comme les USA sont devenus les US! Les Américains ne télécopient plus, ils fax(ent) comme ils mettent leurs frites congelées dans le "frigę" (prononcer "fridge".

 

Ah! Je n'ai qu'un regret, ne pas avoir compris plutôt comment et pourquoi il faut être polyglotte dès la prime enfance. Mais je suis d'accord, il faut une langue-tronc et la mienne, c'est le français! De plus en plus d'étrangers le parlent de par le monde et, comme c'est une langue difficile hormis le basic french du tourisme lambda, ceux et celles qui le parlent et l'écrivent sont souvent meilleurs que nous, français. Mais, le combat du français comme langue internationale dominante est perdu, par la faute des Français eux-mêmes. Depuis que je fréquente la Scandinavie et les Scandinaves, je suis devenu définitivement convaincu de l'importance vitale de l'école bilingue pour l'avenir du français comme de notre importance dans "le concert des nations" sous quelques formes et lieux où les partitions se jouent. A ce titre, je suis stupéfait par l'intelligence internationale des Marocains.  

 

Ceci est mon dernier courrier sur la langue distribué sur NNNN. Je réponds toujours aux courriers personnalisés.

 

Je vous souhaite un excellent dernier tiers de printemps and a wonderful summertime con sol pan y vino.

 

Jean-François Moreau

jf@jfma.fr

 

 

Le 25 mai 2014 à 14:29, Jean-François Moreau a écrit :

 

Comparez les hispanophones entre eux, pas avec les francophones. Borges écrit-il/parle-t-il dans le même espagnol que Vargas Llosa et Garcia Marquez, Octavio Paz, Sepulveda, Alejo Carpentier ou Unamuno et Garcia Lorca? Sabato et Gabriela Mistral ou Uribe ou Pablo Neruda?  Je n'en suis pas spécialiste car j'ai lu leurs textes traduits en français et je suis loin de les avoir tous lus et tout lu d'eux/elles, en incluant Mafalda et le chat dont j'ai le nom sur le bout de la langue. J'ai noté la différence entre le castillan ibérique et le castellano argentin dans le langage parlé au cours de mes voyages en Amérique latine, spécialement nombreux en Argentine et au Pérou. Je considère l'espagnol comme étant la plus belle langue au monde que je puisse élire mais je ne les connais pas toutes bien entendu. Ce ne peuvent être ni le catalan, ni le joual, ni le basque. J'espère que le spanglish deviendra l'anglo-américain universel - le globisho - dans le cours du siècle pour aider le frenglish à se faire mieux accepter.  

¡Hasta luego y cuidado si coges sin condom, even though you're allergic to the preservatives! 

Con cariño

 

Dr. Jean-François Moreau, AIHP
Profesor emérito de Radiología, Université Paris Descartes
& PRES Sorbonne Paris Cité
Radiólogo honorario del hospital Necker de Paris

http://www.jfma.fr/

<jf@jfma.fr>

Who's Who (Francia)

 

 

 

 


[1] En français l'expression « prendre une femme » ne peut être interprétée que dans son contexte et/ou complétée de circonlocutions. Dans de nombreux endroits hispanophones, dont l'Argentine, il faut faire très attention au choix entre « tomar » et « coger ». Quant à baiser avec ou sans préservatif, tous les potaches savent-ils/elles traduire cela ? Et leurs parents ? Is this dangerous to kiss a mouth full of jam since I'm allergic to chemical condoms ? I'd like you to fuck me with a preservative?

A RAVENSBRÜCK

LA PHARMACIE DE MARGUERITTE CHABIRON
A VERDELAIS ETAIT DANS CET IMMEUBLE

LES RESISTANTES S'ENFUIRENT PAR LE JARDIN A PIC