Cher BB,


JFM à Harvard, la veille du Thanks Giving Day 1980

... Je pénétrais, comme on dit à Douarnenez, raide-dur dans le penn-à-dréon du sanctuaire américain, Harvard University. Les néphrologues connaissent bien le Brigham & Women's Hospital, l'équivalent bostonien de l'hôpital Necker revu par Jean Hamburger. Norman K Hollenberg, un néphrologue également rédacteur en chef adjoint du New England Journal of Medicine, avait inspiré la plupart des travaux d'hémodynamique rénale auxquels Jean-Pierre Grünfeld et Joseph Sabto m'avaient associé. « You're one Jean-Pierre's friend ? Come NOW !». Une demi-heure plus tard, je me retrouvai devant un homme cassé en deux par une hernie discale et qui n'attendait que la fin de l'entretien pour s'en retourner immédiatement chez lui. Je lui exposai mes travaux sur l'artériographie des reins transplantés et de l'embarras que j'éprouvais à comprendre certains résultats qui ne collaient pas avec ce que je savais de la pharmacologie de la dopamine associée au furosémide. Je n'avais pas emporté mes résultats avec moi, mais ce que je lui dis l'intéressa profondément et nous discutâmes pendant près d'une heure. Il en aurait presque oublié sa lombosciatique.

5.4.18. SUR MEETING, DEL CORONADO, SAN DIEGO, CALIFORNIA

                         Le congrès de la Society of Uroradiology était la dernière étape médicale de mon parcours américain. Il ouvrit au moment où commençait la saison pluvieuse en Californie du Sud. Passaient devant le Scripps Institute, à distance de jumelles, les baleines migrant d'Alaska vers les eaux chaudes de la Baja California où elle se reproduiraient. Le Congrès se tenait dans le très bel hôtel Del Coronado, un palace de style espagnol. Tous les membres de la Society étaient là. Je revis Geoff Benness comme chez lui à San Diego, Glen Hartman, Alan Davidson, Milos Sovak, Bruce Hillman. Je fis connaissance avec Joshua Becker qui m'attendait à Brooklyn au printemps suivant. Le redoutable Hodson était là aussi, qui m'offrit un Campari-Soda et déglutit quelques phrases au contenu hermétique ; je lui annonçai ma visite à Yale en mai. Enfin je déjeunai avec LA Française dont on m'avait rebattu les oreilles pendant des semaines, Laure (prononcez Laouriii) Mazzara était une ancienne étudiante de Necker qui avait émigré au Canada après mai 68 avec son futur mari. Élève de l'université McGill, elle avait choisi de se spécialiser en radiologie avec Catherine Cole-Beuglet pour mentor, l'homme optant pour la chirurgie. Le couple ne s'était pas plu à Atlanta et ils s'étaient engagés dans l'US Navy, d'où leur présence à San Diego, le port militaire du Pacifique. D'où aussi sa tenue splendide de médecin-capitaine qui valorisait sa longue silhouette élégante. Les médecins militaires ne sont pas autorisés à assister en tenue civile à des manifestations publiques.

            Ma lecture sur la néphrotoxicité des produits de contraste fut un grand succès. « Good paper », me félicita Elliott Lasser, en me tapant sur l'épaule. Ma communication sur les modifications vasculaires rénales étudiées par l'artériographie avant et après perfusion de dopamine-furosémide stupéfia d'autant plus l'auditoire que les uroradiologues américains, sauf exception, étaient handicapés, dans leurs activités quotidiennes, par une limitation drastique de leur accès à l'angiographie. Seuls les Scandinaves, Sven Dorph de Copenhague et le suédois Leif Ekelund, réagirent avec intelligence. Je ne saurai toujours pas pourquoi l'effet vasodilatateur fonctionnait spectaculairement avec le Telebrix'38, mais pas avec l'Hexabrix.

Jean-François Moreau


A RAVENSBRÜCK

LA PHARMACIE DE MARGUERITTE CHABIRON
A VERDELAIS ETAIT DANS CET IMMEUBLE

LES RESISTANTES S'ENFUIRENT PAR LE JARDIN A PIC