Le DYSLEXIQUE du CONNARD (ex-Des lyres doubles pour cervossages)
Cette rubrique dyslexique à vocation délirante vise à ouvrir la définition des mots du vocabulaire courant à une néo-modernité marquée par une crise décapante qui désarçonne les humains monovalents alors que tout n'est qu'ambivalence et ambiguité.
CAPITAL: ce nominatif et cet adjectif dérivent étymologiquement du latin caput,itis, signifiant Tête. Le mot a été adopté tel que dans la plupart des langages occidentaux. La têtedes mammifères est anatomiquement formée d'une boite crânienne osseuse chez les adultes protégant le cerveau, lui-même enveloppé par lesméninges. Le cerveau est l'organe régulateur de la vie et de la pensée. Quiconque en douterait peut le vérifier en se coupant la tête, il est invraisemblable qu'il en réchappe pour penser qu'il a eu tort de croire à la pertinence de la preuve par l'absurde; de ce fait on ne saurait trop lui conseiller d'avoir déposé de son vivant son testament chez notaire exprimant ce qu'il souhaite pour le devenir postume de soncapital. Moins destructrice, l'investigation historique rigoureuse confirme que la décapitationpar l'épée qu'adopta Queen Elizabeth I pour froidement envoyer sa pétulante rivale Mary Stuart au paradis des papistes, fut humanisée par le bon docteur Guillotin pour diriger les Conventionnels de la Terreur vers un repos éternel bien mérité chez l'Etre Suprême: « Le couteau tombe, la tête est tranchée à la vitesse du regard, l'homme n'est plus. À peine sent-il un rapide souffle d'air frais sur la nuque. » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Guillotine). Le mot capital a deux sens selon qu'il désigne un besoin vital organique ou un moteur de la pensée. Il est donc normal que le capitalismedésigne le moteur de l'économie des hommes, des abeilles et des fourmies; à ce titre, il n'est ni de gauche, ni de droite, il est intemporel et ubiquitaire; relisez donc Lao-Tzeu illustré par Hergé pour vous en convaincre. Il est inconvenant d'opposer le capital et le travail: essayez donc de faire travailler efficacement un anencéphale, essayez de persuader un banquier de capitaliser sans main pour signer les chèques et récupérer les intérêts du principal déposé chez "ma tante" à 20,15%... Il faudrait un germanophone pour préciser si Kaputt n'est utilisable que chez ceux qui sont morts en perdant la tête seulement. (11 avril 2009)
MEDIOCRITE : nom commun féminin dérivé du latin mediocris. L'adjectif médiocre, selon le Petit Larrousse 2000, qualifie ce qui tient le milieu. L'influence du milieu est confortée par l'étymologie de mediocre donnée par The American Heritage of the English Language : adjectif dérivé du vieux français qui fit du médiocre un enfant de medius, moyen, comme on dit medium d'une cuisson de steak à-point au delà du Channel. La médiocrité étant un état médiocre, l'Empire du Milieu était la patrie de référence de la médiocratie, système de gouvernement par le pouvoir des médiocresinspirés par leurs éducateurs mandarins émules de Confucius... jusqu'à la révolution culturelle du Grand Timonnier au rire jaune qui le poussa vers l'extrême rouge il y a un demi-siècle. Donc, un médiocre serait un état ou un individu qui se situeraient au milieu d'un milieu donné auquel il faudrait donner des moyens pour leur permettre de se qualifier au sein d'une moyenne. Medius,us (genre neutre en latin) a donc donné racine à moyen et à milieu comme en témoigne le substantif multilingue medium au sens courant de moyen de communication; notons que l'Anglo-Saxon, qui a évité de mettre un S à son pluriel media, est meilleur latiniste que le Français. Comme d'ailleurs dans toutes les langues d'expression latine, mediocreexiste dans la langue castillane, celle qui est la plus nuancée et la plus riche en synonymes de toutes. Dans le seul dictionnaire bilingue Larousse se trouve la nuance essentielle qui donne au médiocre une déviante réputation de minable étymologiquement injustifiée : le mediocre hispano-cicéronien est devenu un mediano. Nous avons dans nos lexiques franco-anglais les mots similaires, medial et median, pour intituler les médiocres de qualité moyennedans leur milieu de référence. Que les traducteurs chinois fassent très attention au sens des mots quand ils lancent des textes à l'attention des populations barbares avec leurs logiciels made in Taiwan. Un médiocre n'est pas nécessairement un nul, tout dépend du milieu dans lequel le mot évolue. « In medio stat virtus ». Pendant quarante ans, je fus en charge de former, sélectionner et parfois recruter en les diplômant, les élites médicales au pays de l'Egalité inscrite au fronton de sa Ve République. Pour moi donc, je promeus l'idée d'un Indice de Médiocrité pour évaluer toue entreprise humaine. Mediocritas ne veut pas toujours dire hélas! (5 mai 2009). voir aussi De la Médiocrité
MORENGLISH: nom commun et adjectif neutre. Ce néologisme, né de la compaction d'un nom propre Moreau et d'un adjectif anglais, English, est une variante du Frenglish. Quiconque a voyagé autour du monde sait qu'il y a une infinie variété de patois de la langue anglo-saxonne communément dénommée Anglais. L'on connaît le schisme entre la langue britannique et la langue américainené de la victoire des Yankees sur les British en 1781, grâce ne l'oublions pas à notre vaillant Gilbert du Motier, marquis de la Fayette, héros de la bataille de Yorktown. Le Traité de Paris accordant l'indépendance aux Etats Unis d'Amérique, signé au 56 rue Jacob à Paris le 3 septembre 1783, fut rédigé en anglais oxonien. Toutefois, il est bien connu depuis que Charles de Gaulle l'étudia, l'américain n'est qu'un patois du français, ce que notre dictionnaire favori "The English Heritage of the American Language" démontre abondamment. Il est plus facile pour un Français de lire le Wall Street Journal que le Times. Il faudra toutefois une très longue immersion dans le Nouveau Monde du Nord pour comprendre les langages populaires parlés et écrits dans les cinquante Etats de l'Union. Et, si vous poursuivez vers les Antipodes du Pacifique et que vous débarquiez en Nouvelle-Zélande puis en Australie, le choc sera encore plus brutal puisque les indigènes du cru australasien parlent et écrivent une bouillie mi-british mi-on ne sait quoi. Les accents diffèrent autant que les nouveaux mots qui fleurissent pratiquement chaque jour, d'où le Wall Street English, le Silicon English... et le Morenglish que je suis jusqu'à présent le seul à parler et à écrire. J'ai eu la chance d'apprendre l'anglaisà Angers, sous la férule de Mr Antier, qui haïssait les Américains buveurs de Coca-Cola, mais avait eu l'immense mérite de nous apprendre dès la 6e les bases de la phonétique. Même si l'on a souvent l'impression désagréable de l'avoir oubliée, la mémoire de ce que l'on apprend à l'école est impérissable. Lycéen, j'avais déjà un "excellent" accent, adulte quadragénaire je ne l'avais pas perdu, non plus que quelques fundamentals de la grammaire anglaise qui place l'adjectif avant le nom et use du il est, n'est-il pas. L'américain est une langue romano-franco-germano-anglaise qui bénéficiera un jour de l'apport hispanisant des Latinos. Rien n'est plus plaisant à l'oreille d'un Français que le Norte-Americano parlant Spanglish en roulant bien les R. J'ai appris à parler américain en écoutant fidèlement les émissions les plus populaires que sont ou furent "The Young and the Restless, Dallas, Dynasty, The Price is right, The Jefferson, The CBS Evening News... du temps de Walter Cronkite. Je ne sache pas que je parle le français comme Maurice Chevalier, mais mon accent initial est probablement franchouillard. Très vite il devient morenglish, c'est-à-dire un baragouin. "I try to understand where your accent comes from, but???",m'a-t-on souvent demandé durant mes périples autour du monde, notamment quand ils me portaient vers les pays asiatiques... Enfin qu'on me demandait avant l'ère du your passport first, please... Résultat plutôt positif puisque mes amis concluaient que les Américains sont "amazed by my English but, they understand me!". D'où la labellisation de mon patois sous la forme de Morenglish.
PIB : Acronyme. Je laisse aux économistes le soin de définir le très technocratique Produit Intérieur Brut,
une entité financière qui, non seulement manque de poésie mais, plus
encore, est le prototype de ces concepts rébarbatifs que savent très
bien truquer les comptables opportunistes des prébandiers
cauchemardesques et ultraminces à la solde des politiques
obsessionnellement myopes à moins que ce ne soit l'inverse. J'entends à
l'instant sur France Inter que ce type de PIB est passé de mode et
qu'il devrait lui être substitué le PID avec un "d" pour doux; et
l'orateur de l'insérer dans son idée personnelle de "santé sociale" sur
laquelle je reviendrai un jour prochain tant elle est différente de la
mienne au point que je ne l'ai pas encore comprise. Je donne à
l'acronyme une autre définition : Produit Intellectuel Brut. (25 avril 2009)
RATIO: nom commun dérivé étymologiquement du latin ratio qui veut dire soit raison, soit calcul, comme le souligne pertinemment l'excellent dictionnaire "The American Heritage of the English Language", langage duquel chacun sait qu'il n'est qu'un patois du français d'avant la guerre de 7 ans. "Le Petit Larousse illustré 2000", ma référence pour la langue française, réduit ratio à la basse notion sémantique de calcul économique et financier. Contrairement à l'usage que j'en fais dans l'éditorial "De la Sex Ratio", ratio, laroussiquement parlant, est du genre masculin. Depuis Descartes et ses successeurs spinozistes et kantiens, la raison est à la mathématique ce que le père est à la mère dans la procréation d'un enfant réel ou virtuel. Est-ce bien raisonnable de calculer rationnellement au masculin un quotient de répartition? Certainement pour un rédacteur et un imprimeur: l'économie est palpable puisque, selon le genre, le ratio de signes du/de la est de 2/4. Mais l'est-ce toujours quand il s'agit des sexes dans la branche bissexuée du règne animal ? Il ne s'git bien sûr pas de cygnes, comme dans les suites de la fornication de Zeus avec Leda. En matière de sex ratio, ma ci-devant consœur, le/la Dr Roseline Péluchon, pigiste numérique de la virtuelle lettre de la JIM du 15/04/2009, fait de ratio un terme neutre et invariable: elle y analyse avec talent le contenu du récent article d'un certain Dr Zhu WX et al. : "China's excess males, sex selective abortion, and one child policy : analysis of date from 2005 national intercensus survey. BMJ 9 avril 2009 ; 338 : 211". Moitié moins de signes quand ratio est masculin, moitié moins de filles quand le sex ratio est chinois. Comme l'exprime lumineusement la très raisonnable Sylviane Agacinski dans le Monde.fr | 19.11.07 | 16h23 • Mis à jour le 07.04.09 | 08h17, « Les possibilités de choix de genre, qui sont multiples, ne changent rien à l'interdépendance des sexes - ne sortons pas ce propos de son contexte en le tronquant - en matière de procréation ». Il serait irrationnel de mélanger les sens respectifs de ce latinisme à l'origine du Price Earning Ratio du commerce boursier et celui du sex ratio que vient modifier le commerce des mères porteuses contre lequel se dresse sans ratiociner notre Sylviane nationale. (18 avril 2009). Voir aussi JIM
UNIVERSITÉ: comme l'affirme The American Heritage of the English Language, c'est un nom commun dérivé du latin, universitas, le tout, qui est le contraire de unus, un. Au singulier, depuis le XIIIe siècle après JC, c'est donc une institution physique et/ou morale où l'étudiant peut tout apprendre et chercher sur tout grâce à un corps professoral connaissant tout ou cherchant à tout connaître. La référence est Pic de la Mirandole qui savait tout, le régulateur est le sieur de Montaigne qui voulait des têtes bien faites plutôt que bien pleine; l'hérétique est François Rabelais qui voulait que tu fis ce que voudras à l'abbaye de Thélème; le voyou est François Villon qui regretta de n'avoir davantage estudié du temps de sa jeunesse folle pour mieux prévenir les effets de la loi de la chute des corps à pendre; le déviant est François Ier qui créa le Collège de France pour s'extraire de l'influence de la scolastique sorbonnarde; le gauchiste est Philippe Clay qui apprit sur le tas à l'université du peuple manutentionnaire; le dichotomisateur fut le recteur Roche qui saucissonna Paris en - chiffre funeste - treize universités dont quatre Sorbonnes en 1970. Valérie Pécresse, fille parthénogénétique de l'ENA et de HEC mais sa ci-devante ministre de tutelle, sera-t-elle la fossoyeuse d'une Université française transformée en supermarché par la Fondation Auchant? Le citoyen moyen ne comprend ce qu'est une université que lorsqu'il va y prendre sa première inscription après la validation de ses humanités. Il devient alors étudiant et c'est lui qui, parce qu'il est le seul à pouvoir évaluer ce que l'université lui enseigne, alimente l'opinion selon laquelle Untel et Unetelle sont ou ne sont pas de bons profs'. Et là que le bât blesse le corps professoral et ses esprits qui se scinde en deux parties rarement sympathisant entre elles. Les chercheurs-enseignants et les enseignants-chercheurs ne sont pas générés par les mêmes couvées et leurs hybrides sont regrettablement plus rares que les races pures. Les enseignants-enseignants et chercheurs-chercheurs ne sont pas de bons professeurs des Universités, mais les étudiants préfèrent généralement les premiers aux seconds. Par contre les CNU préfèrent les chercheurs-chercheurs qui ont appris, mais très lentement, que seule la reconnaissance internationale, c'est-à-dire par les Anglo-Saxons, les consacre à condition qu'ils soient de la sous-classe des «trouveurs» avérés ou potentiels sur la voie de l'achievement. S'ils ne le sont pas, ils n'ont aucune envie de se faire évaluer ailleurs et autrement que dans leur groupuscule national. Ils ont leur part de responsabilité dans la genèse de la crise actuelle qui n'a rien à voir avec mai 68, je le sais, j'y étais. Ils ne sont pas les seuls à porter la lourde responsabilité des difficultés politiques à régler l'addition de la crise actuelle. Vous savez traduire thrill en frémissement conduisant au tremblement. Il est produit en hydraulique quand on fait communiquer un courant puissamment alimenté avec une conduite rétrécie. Les thrillermen politico-universitaires sont ceux qui ont cru qu'ils devaient se débarrasser de la masse des enfants à éduquer dans les lycées et collèges en les expédiant à l'étage au dessus jusqu'à ce que l'entonnoir ne puisse plus se dilater sans se rompre et faire éclater la rogne devenue rage depuis un an. Le dilemme est donc le suivant. Une université publique doit-elle être d'abord au service des étudiants voulant tout apprendre pour tout savoir? Ou, au contraire, à celui des corps universitaires constitués qui devraient tout savoir mais, comme c'est impossible, doivent chercher à augmenter leurs connaissances en cherchant? Sorbonne ou Collège de France? Peu importe, le temps détruit tout ce qui frime quand l'espérance de vie des individus veut franchir le siècle. La France a fait accroître sa population d'un tiers en moins d'un demi-siècle. Elle n'a pas su maîtriser l'éducation des enfants en raison du mépris des élites pour les médiocres et de l'absence de définition d'indices de médiocratie supportables en période paix civile par tous les individus à la recherche d'un compromis vitalisant entre l'impossible égalité collective des chances qui est un non-sens biologique et la nécessaire adaptation pacifique à un espace de vie sociale. Quand on se réfère au TOUT, on ne peut que promouvoir l'esprit de liberté dans une Université. Quand une autorité supérieure veut promouvoir une ère nouvelle de coexistence pacifique dans le monde universitaire, elle ferait bien de donner sa place à l'auto-évaluation d'abord. Qui suis-je? Que sais-je? Réinventer Montaigne est une urgence. Mon université à moi, ex-Paris V à laquelle j'appartiens depuis sa création, s'appelle maintenant Paris Descartes. Penserait-elle pour s'affirmer être?