J'ai découvert le Centre Antoine Béclère durant l'été 1967 à l'initiative de mon maître Guy Ledoux-Lebard chez qui je débutais mon internat à l'hôpital Cochin. J'y ai écrit mon premier article radiologique sur les calcifications pancréatiques. J'ai découvert la richesse du fichier bibliographique constitué depuis la Libération par une poignée de radiologues des hôpitaux réunis autour de la fille d'Antoine Béclère, Antoinette, qui venait de perdre son frère, Claude, et était secondée par Melle Vieillard-Baron. Tous deux, célibataires sans enfants, avaient créé une fondation sise dans l'appartement que louait Antoine Béclère, rue Péronnet, dans le 7e arrondissement de Paris. Je fus accueilli chaudement par ces deux demoiselles et, à partir de cette première expérience, je ferai toutes mes recherches bibliographiques au Centre Antoine Béclère. Elles vivaient dans le culte de leur ancêtre qui avait été le père fondateur de la radiologie française clinique. Antoinette se désolait de la médiocrité de l'esprit des radiologues français des années d'après-guerre du fait de leur absence d'intérêt envers les relations internationales qu'avait développées Antoine. Seul était en état de grâce mon second maître es-radiologie, Jean-René Michel, un bourreau de travail au profil de collectionneur impénitent. Les deux internes qui me suivirent chez Ledoux-Lebard, André Bonnin et François Eschwège,, qui avaient fondé l'association des internes en radiologie de Paris, particulièrement active durant les événements de mai 1968, devinrent les partenaires les plus actifs d'un Centre Antoine Béclère en voie de renouveau.La principale distinction honorifique française était la remise annuelle de la Médaille Antoine Béclère à d'éminentes personnalités de la radiologie internationale, la première datant de 1953.

Antoinette Béclère publia la biographie bilingue, français-anglais, consacrée à son père au début des années 1970. Elle fit la rencontre, lors du XIIIe Congrès international de Radiologie de Madrid en 1973, du nouveau secrétaire de la Société Internationale de Radiologie, le Suisse zurichois Walter Fuchs, à qui elle voua une adoration platonique. En 1975, alors que j'étais nommé MCA dans son service de Necker, Jean-René Michel devint le secrétaire général du Centre Antoine Béclère et je fus délégué à m'occuper du fichier qui avait été laissé en deshérance par l'équipe de Ledoux-Lebard. Pendant plusieurs mois, je rencontrai chaque semaine Antoinette Béclère qui m'accueillait avec une tasse de thé et des gâteaux secs pour classer les fiches bibliographiques dans les rubriques ad hoc d'un riche catalogue. Je reçus d'elle un héritage de l'histoire de la radiologie dont je tirerai les fruits une décennie plus tard. Je ne suis pas germanophone cependant que le Centre Antoine Béclère recevait des publications d'Europe que je ne savais ni traduire ni indexer. Je finis par déclarer forfait et Jean-René Michel, à sa grande déception, délégua pour me remplacer son dernier chef de clinique, le docteur Jean-Victor Raust, qui exerce toujours la fonction de secrétaire-général en 2020. Il fut pariculièrement présent au chevet d'Antoinette Béclère dans les derniers mois de sa vie marquée par la maladie. Ma défection eut comme conséquence directe le retour du duo Bonnin-Eschwège, lesquels instituèrent à la tête du Centre un président, Maurice Tubiana, et apparut également un administrateur pariculièrement féru d'histoire de la radiologie, Guy Pallardy, secondée par son épouse, une manipulatrice de radiologie d'origine belge. Si mes souvenirs sont exacts, c'est en 1979 qu'Antoinette Béclère réunit le corps constitué du nouveau Centre lors d'un dîner offert dans le restaurant italien qui ornait le coin de la rue des Saints-Pères et de la rue Péronnet. JK'y assistai accompagné de mon épouse et de mon jeune fils, Pierre-Arthur, envers qui elle eût des mots gentils.

En 1980, je rencontrai Antoinette Béclère pour la dernière fois, alors que je venais lui présenter mon livre sur les clés de l'interprétation de l'Urographie Intraveineuse paru chez Flammarion. Ce fut l'occasion fondamentale qui aboutira à mon projet de candidature de paris pour la tenue du XVIe congrès international de radiologie (ICR'89). Elle m'apprit qu'elle avait fait une importante donation financière à l'ISR qu'elle voulait "absolument soustraire à toute velléité française de s'y opposer". Cela sera essentiel pour guider ma conduite lorsque je deviendrai Trésorier de l'ISR, à Kuala Lumpur, en 1995. Si l'âme immortalisée d'Antoinette - j'y crois, contrairement à Maurice Tubiana - elle a dû se réjouir d'apprendre que j'ai contribué à pérenniser le nom de son père par la création de la Beclere Medal & Lecture, doublée de la Fuchs Lecture. J'y reviendrai plus tard. En 1980, Antoinette Béclère me confia qu'elle regrettait de trouver chez moi une fragilité mentale, ce que j'encaisserai sans protester mais non sans songer aux bonnes âmes qui lui avaient inspiré cette crainte.

Consulter:

1. L'histoire de la Radiologie à l'université Paris V

2. The Beclere Medal and Lecture of the ISR

3. Les Musées Radiologiques: le Centre Antoine Béclère

4. Lettre au président Gourtsoyannis (in English)

5. Lettre au Président Lluís Donoso Bach (in English)

6. Pourquoi devenir Président du Centre Antoine Béclère? (et échouer!)

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