Lire Thèse, Thésard et Miocrobulles

 

EXTRAIT DU LIVRE NUMÉRIQUE : Jean-François Moreau, De l'Ulcère Cérébral, Librinova.com, 2015 (DOI : http://www.librinova.com/shop/jean-francois-moreau/de-l-ulcere-cerebral)

« La deuxième phase de mon voyage était une halte à BOTHELL, où la startup SONUS PHARMACEUTICALS[1]avait accueilli mon élève Jean-Michel Corréas, cinq ans auparavant (1992), pour qu'il y prépare une thèse ès-sciences de la vie[2] lui conférant le titre très recherché de Ph.D., qui veut dire docteur en philosophie dans le monde anglo-saxon et non pas docteur en physique comme on le croit en France. Le succès de ce travail était tel que nous étions sollicités de partout pour réaliser des protocoles expérimentaux testant les nouvelles préparations de microbulles pour l'échographie de contraste. Cotonneux à souhait, je parvins néanmoins à mener une négociation difficile avec la firme ATL[3], sise également à Bothell, fabricant mondialement connu d'échographes réputés pour la qualité de leurs modules doppler. Ils étaient désireux d'établir avec nous un protocole d'imagerie organo-fonctionnelle original promouvant à la fois les produits de contraste ultrasonographiques encore immatures et leurs logiciels informatiques de traitement mathématique de l'image: par ce biais, on espérait pouvoir qualifier et quantifier le flux sanguin dans les vaisseaux d'un organe comme le rein, le foie ou le cerveau, dans des conditions très proches de la physiologie humaine normale. Ce ne pouvait se réaliser que sur des échographes prototypes du très haut de gamme. Il n'était pas question de financer ce projet avec notre propre budget de recherche, ridiculement insuffisant. Obtenir d'une firme américaine le prêt de longue durée d'un appareil de cette valeur était un exploit en lui-même qui valait bien que je sacrifie l'une de mes oreilles qui, à l'évidence, évoluait vers l'otite suppurée.

J'obtins là un succès total que Jean-Michel concrétiserait sûrement l'année suivante lors de sa soutenance de thèse, mais rien ne serait gagné tant que je n'aurais pas auparavant levé une hypothèque qui pesait sur lui à Toronto, Ontario, Canada.

« Mon périple n'était donc pas terminé. Il fallait que je quitte Seattle dès potron-minet, pour déjeuner le mardi midi, à TORONTO, avec Peter Burns, un ingénieur spécialiste mondialement réputé de la bio-ultrasonographie. Je lui avais confié Jean-Michel Corréas[4], l'année précédente en semestre sabbatique, pour qu'il puisse se bonifier dans l'abord scientifique et technique de plus en plus exigeant de nos protocoles. Mes compétences personnelles étaient depuis longtemps dépassées. J'avais à voir clair sur les aptitudes de mon poulain à se hisser au plus haut niveau de l'expertise, dont dépendait sa nomination au professorat. L'on nous regardait tous les deux de plus en plus souvent d'un œil suspicieux, reflet de l'envie et de la jalousie que nous suscitions par nos succès de plus en plus affirmés, sans céder un pouce de notre indépendance face aux divers lobbies médicaux et industriels. La rumeur de la calomnie, comme celle qui démarrait alors, est une arme efficace sinon estimable, pour déstabiliser et dévaluer un chercheur trop chanceux, encore dépendant, lui, de précieux crédits de recherche et autres facilités pour une titularisation universitaire toujours remise en cause. Je fis comprendre à mon  interlocuteur qu'il fallait qu'il m'éclairât avec une franchise sans défaut et qu'il me soutînt, S'IL Y CROYAIT VRAIMENT, dans la promotion à l'agrégation de mon élève, en confirmant publiquement à toutes occasions ses compétences d'investigateur principal irréprochable. Ce qu'il fit sur le champ, sans hésitations ni murmures : Jean-Michel était un type bien, no doubt about that ! (...)

http://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/video/emissions/au-rayon-x/2015/10/20/nodule-hepatique-un-diagnostic-sans-biopsie-_775211?ecmp=Emailing_rayon_x-4_20151020#utm_source=qdm&utm_medium=emailing&utm_term=&utm_content=4_nodule_hepatique&utm_campaign=rayon_x

C'est avec une émotion violente que j'ai pris connaissance de cette vidéo. Jean-Michel Correas fut mon interne et mon chef de clinique lorsque j'étais chef de service PU-PH à Necker. Un as parmi les as de mon équipe dont le parcours fut depuis 1989, soit un bon quart de siècle aujourd'hui, un mélange de joies et de peines qui font de sa vie une réalité plus romanesque que la fiction. Je lui consacre une place importante dans mes Mémoires en cours de publication et je cite son aventure qui fut aussi la mienne dans un chapitre de:

Notes:

1. Steven C Quay, PhD, Dr Sc, surdoué de Stanford University imprégné de l'esprit de la Silicon Valley, est un pharmacien chimiste génial qui, pendant une vingtaine d'années, axa ses recherches en direction des produits de contraste en imagerie médicale de pointe. Je l'avais invité à participer à un symposium international resté mythique dans les mémoires concernées, Contrast Media'87, au Château d'Artigny de Montbazon. Il y avait présenté un dimère non ionique paramagnétique à base de manganèse pour l'Imagerie Résonance Magnétique qu'il vendit fort cher à une société norvégienne. Au début de l'année 1992, je reçus une lettre circulaire de Quay m'annonçant la création d'une nouvelle start-up, Sonus Pharmaceuticals, destinée à exploiter sa nouvelle molécule de produit de contraste ultrasonore, une préparation de microbulles gazeuses injectable par voie intraveineuse, brevetée sous le nom d'EchoGen. Il avait besoin d'un chercheur pour coordonner les protocoles indispensables à l'obtention de la reconnaissance (approval) de la terrifiante FOOD AND DRUGS ADMINISTRATION. La commercialisation en dépendait. Mon sang ne fit qu'un tour et je proposai le poste à mon interne Jean-Michel Correas, qui avait accepté que je le conduise jusqu'à la titularisation hospitalo-universitaire. Il lui fallait un projet scientifique de plomb que je ne pouvais lui assurer en France. Il y avait là une opportunité qui ne se représenterait jamais plus et il le comprit non moins vite. J'envoyai ma proposition par courrier express à Quay qui le recruta sur le champ. Il partit pour une période de plus de deux ans en Californie d'abord puis à Bothell. Il soutint sa thèse de sciences mémorable à Tours chez Léandre Pourcelot. Actuellement MCU-PH à Necker, il finira un jour ou l'autre à être consacré PU-PH, après plus de quinze ans de «galère» où nul ne lui fit de cadeau, mais nanti de credentials quasiment uniques en France sinon dans le Monde.

2. Il devenait clair que l'échographie était une spécialisation exigeant à plus ou moins long terme une formation infiniment plus extensive des praticiens, maintenant fragilisés par l'opérateur-dépendance face à la connaissance anatomo-clinique d'une région du corps humain accessible au faisceau d'ondes ultrasonores. Restait à se positionner dans cette branche ingrate des produits de contraste ultrasonographiques ! 

 3. ATL appartient depuis peu à GEMS. Les innombrable compagnies indépendantes spécialisées du début de l'échographie ont presque toutes été rachetées par les majors de l'industrie de l'imagerie mondiale (principalement GEMS, Philips, Siemens et Toshiba).

4. Le plan directeur de Necker favorisait l'implantation de services en provenance d'autres hôpitaux de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris. Le vieil hôpital Laennec étant maintenant condamné, il fallait disperser ses services. Necker en récupéra essentiellement et avec à-propos l'hépatologie de Pierre Berthelot en 1993, implantée dans une partie du Carré.  (...) Le service de radiologie dut s'adapter à une demande d'examens supplémentaires, donc d'ouvrir une troisième salle d'échographie et acquérir des compétences nouvelles. (...) L'hépatologie est consommatrice de beaucoup d'examens d'imagerie. Je chargeai Xavier Belin, puis Jean-Michel Corréas, à son retour de Bothell, de la mission de coordonner ce secteur, notamment l'échographie et la scanographie du foie et du pancréas. Ils se chargèrent également de la réalisation des examens vasculaires, à commencer par l'exploration des veines des systèmes porte et cave inférieur. Le succès de mon équipe fut immédiat, total et durable.


A RAVENSBRÜCK

LA PHARMACIE DE MARGUERITTE CHABIRON
A VERDELAIS ETAIT DANS CET IMMEUBLE

LES RESISTANTES S'ENFUIRENT PAR LE JARDIN A PIC