La vie commence à 50 ans

Vous êtes femme, vous vivrez en moyenne cent ans. Un homme? un peu moins longtemps parait-il, disons 80 ans. Cela veut dire, Madame, qu'à cinquante ans révolus, vous n'aurez guère chié plus que la moitié de votre merde... ce n'est pas moi qui m'exprime ainsi mais Agnès Varda par la bouche d'une Sétoise dans La Pointe courte... Et que dire de son homme s'il se réfère à Daniel de Foe qui s'étonnait au lendemain de leur nuit de noce que son épouse chiât ? Mesdames! Messieurs! que vos premiers demi-siècles de vie d'adolescents ne soient que les préliminaires d'une délicieusement féconde seconde mi-temps!

31 mars 2009: J'ai demandé en juin 1944 à mon oncle Paul Magneron de m'offrir un manuel de géographie: je voulais connaître ce qu'était le monde au-delà de la lisière de la forêt de la Guerche-de-Bretagne bombardée par l'aviation anglaise où mes parents avaient loué une ferme, la Guérivais, pour nous protéger des conséquences de la débâcle allemande. On ne voyage jamais assez... jusqu'au jour où, retrouvant l'esprit de Joachim du Bellay, on se remet à préférer l'ardoise fine au marbre dur.Durant l'automne 2007, j'ai fait un tour du monde qui m'a conduit à Hong Kong, dans les New South Wales, Australia, et la Southern California, USA. Le but principal était de procéder à la traduction anglaise de mes Mémoires et de trouver un éditeur acceptant de les publier. L'autre raison était de comparer l'état du monde avec ceux que j'avais vécus durant les huit voyages identiques de 1980 à 2000. La France de 2009 est ce qu'étaient les USA en 2007.

4 avril 2009: Rien n'est plus exaltant pour un homme et une femme du nouveau millénaire que de se sentir citoyens du monde. Rien n'est plus angoissant que de le devenir en coupant définitivement ses racines.  Rien n'est plus consternant que de voir ses enfants confinés dans le désespoir de se sentir sans avenir quand on n'a pas encore 25 ans.  Savez-vous que ce qui doit guider l'éducation de nos enfants devrait se référer à la formule de Robert Debré, prononcée en 1973 lors de la remise à Jean Hamburger de son épée d'académicien  : "Nous avons besoin d'hommes virils, de femmes fécondes et de jeunes qui ne soient pas obsédés par la sécurité de l'emploi !"Pour cela, il ne faut pas avoir peur de visiter le monde ni de leur donner les moyens matériels et moraux d'y parvenir avec fruit et non pas seulement des pépins... Mais une fois qu'ils ont atteint l'âge de l'homo vir, ils et elles ne doivent plus dépendre de leurs parents et inversement. Je défends depuis des décennies le concept selon lequel le troisième âge doit créer sinon recréer sa propre économie en privilégiant la création d'entreprises dirigées par eux-mêmes et ne recrutant que des jeunes de moins de trente ans. Je ne vois pas de meilleurs moyens pour lutter contre les effets pervertissants de cette ânerie selon laquelle on n'a plus d'avenir après 40 ans et que ce sont nos enfants qui devront payer nos dettes en plus de nos retraites par répartition de la solidarité nationale fondées sur des salaires ridicules et des impositions imbéciles! Les "vieux", groupe humain auquel j'appartiens, ont une mission impérieuse: transmettre leur savoir à ceux qui ne peuvent se lancer dans une activité sans avoir intégré leurs acquis scientifiques, l'histoire de leur art et le maniement des techniques qu'ils ont su inventer et/ou perfectionner.

11 avril 2009: Les "vieux", groupe humain auquel j'appartiens, ont une mission impérieuse: transmettre leur savoir à ceux qui ne peuvent se lancer dans une activité sans avoir intégré leurs acquis scientifiques, l'histoire de leur art et le maniement des techniques qu'ils ont su inventer et/ou perfectionner. Quand j'étais enfant à Martigné-Ferchaud, on entendait souvent dans leurs bouches édentées des femmes qui faisaient vieilles mais n'avaient guère plus de 40 ans d'âge s'exprimer devant nos présomptions de chenapans: "C'est jeune et ça ne seut [sait] point!". On ne sait pas quand on est jeune et c'est tant mieux, cela donne le goût d'apprendre et c'est l'honneur et le bonheur des vieux que de les initier aux réalités de la pratique d'un art, une technique, une science. Dans les deux sens, une horreur absolue: le jeune qui ne veut pas apprendre parce qu'il sait déjà tout et, à l'opposé, le vieux qui ne veut rien enseigner parce qu'il ne sait rien. Moindre mal car il y a un espoir de solution, le jeune qui ne veut pas apprendre parce qu'il n'en a pas envie, le vieux qui ne veut pas enseigner mais qui sait quelque chose: ils finiront dans un nombre important de cas par se rencontrer, c'est le miracle à l'origine d'innombrables scénarii puisés dans une littérature prolifique sur ce sujet. Les jeunes qui savent tout finissent à un moment X de leur vie par recevoir une raclée mémorable dont on leur souhaite de se remettre avec une nouvelle orientation réaliste de leur cervelle. Leur sort est à peine plus enviable que ces vieux qui ne savent plus rien faire... parce qu'ils se préparent à des jours sinistres faute d'avoir compris qu'à 50 ans pour une femme, à 40 ans pour un homme, ils et elles ont encore à accomplir un parcours d'une durée identique à celle qui s'achève avant d'expulser leurs dernier souffle. Quiconque croit qu'il ou elle est foutu(e) à 25 ans se prépare à des jours de sinistrose d'une durée de vie trois fois plus longue s'il ou elle vit jusqu'à cent ans. On ne peut que souhaiter à quiconque se croit une "caisse pourrie" à cinquante ans d'avoir tellement bouffé la vie par les quatre bouts de la luxure qu'il peut être expédié ad patres sans regret pour cause d'infarctus du myocarde ou de cancer pelvien à marche rapide. C'est - regrettablement? - l'hypothèse la plus rare. L'homo sapiens sapiens a la peau dure et l'imprévoyant individu qui n'a pas intégré la nécessité de se préparer à une seconde vie dès l'adolescence - sa fin était fixée à la trentième année chez les Romains, et cela me parait toujours valable - ne saura pas virer harmonieusement de l'état d'homo vir à celui de patriarche.

15 avril 2009: Ce matin sur France Inter s'exprime Sylviane Agacinski sur le thème épineux de la mère porteuse qu'elle combat avec force sinon hargne au nom d'arguments qui l'honorent mais se voient taxés d'obsolescence réactionnaire par des individus hostiles à sa thèse au nom d'arguments qui ne les déshonorent pas davantage. Dans mon article "De La Sex Ratio" introduisant le dossier Recherche en foeto-gynéco-obstétrique téléchargeables en pdf sur www.jfma.fr ou sur www.aaihp.fr, je pose deux questions au pouvoir médical à propos des dérives natologiques qui viennent de la "disruption" dans la métaphysique des années 40-50 quand la science se mit à autoriser l'homme savant savant à se substituer au pouvoir divin de la nature jusque-là (heureusement?) laissée à elle-même. Faut-il autoriser le pouvoir médical - car c'est de lui qu'il s'agit en matière de Deus ex machina - à rendre fertile une femme ménopausée à 50 ans par les moyens techniques en perpétuelle amélioration à des âges de plus en plus avancés, ceux où il est plus sage d'être grand-mère que mère? Ma réponse est très claire: "Sur la Planète Terre, certainement pas!". J'admets sans difficulté l'argumentation de la "moraliste" Sylviane A. qui n'hésite pas à affirmer qu'elle n'a plus les moyens conventionnels de procréer proprio motu, qu'elle sait ce que c'est que porter un enfant en elle et que le struggle for life ne doit pas conduire à marchander son corps, y compris pour procréer à la place d'une autre... Ce qu'elle refuse de se faire à elle-même, je le refuserais de la même façon à moi-même si j'étais une femme. Faut-il laisser le pouvoir médical libre d'expérimenter tous azimuts comment faire ou ne pas faire des enfants, à supposer qu'on ait les moyens de l'en empêcher, ce dont je doute? Ma réponse est indirecte: rien n'empêchera plus, ici et/ou là les laboratoires clandestins ou non, légaux ou illégaux, humanistes ou matérialistes, de préparer l'exploration spatiale de notre galaxie qui sera au IIIe Millénaire ce que fut la colonisation des Amériques au IIe. Les voyages seront longs, très longs, de moins en moins rarement avec espoir de retour. Qui seront les femmes composant les équipages de spationautes? Comment assureront-elles l'accomplissement de leurs fonctions physiologiques essentielles dont la procréation n'est pas la moindre, n'en déplaise à Simone de B.? La sociologie et l'anthropologie du XXIe siècle ont commencé à se nourrir d'expériences pionnières en matière de conception parthénogénétique, de clonage d'embryons humains, de procréation médicalement assistée, d'utérus manipulés... La vie commence à 50 ans pour les humains visionnaires de leur centenariat. Quelle longévité auront -ils/elles ou devront-ils/elles avoir quand leur destination sera l'alpha du Centaure?

2 mai 2009: La sociologie et l'anthropologie du XXIe siècle ont commencé à se nourrir d'expériences pionnières en matière de conception parthénogénétique, de clonage d'embryons humains, de procréation médicalement assistée, d'utérus manipulés... La vie commence à 50 ans pour les humains visionnaires de leur centenariat. Quelle longévité auront ou devront-ils et -elles avoir quand leur destination sera l'alpha du Centaure? En attendant, nous sommes confinés sur une terre qui continue à philosopher comme si la durée moyenne de vie s'était stabilisée à 60 ans tous sexes confondus ad vitam eternam. Ils ont passé leur bac et ils n'ont pas de travail sinon précaire après leur premier CDD ? Consternant d'entendre les ratiocinations diffusées ce matin sur ce thème à France Inter. Tant qu'à faire, pourquoi ne pas fixer la date limite d'admission de la jeunesse à la sénescence à la première rupture suivant le premier rapport sexuel ! Leurs petit(e)s  ami(e)s les ont plaqué(e)s après trois mois de lit commun dans leurs chambres ? Ils/elles n'en trouveront plus d'autres et sont à vie condamné(e)s à l'amour vénal dans une sex-shop sociale ou à la passion zen dans un couvent spartiate sans jamais trouver pacsables ou mariables à leurs pieds ni faire des enfants par les voies naturelles, celles qui conduisent ad augusta per angusta. Jeunes gens, jeunes filles, la speakerine de France Inter qui sévit ce samedi vers 8:45 a.m. n'est pas allée jusqu'au bout de son questionnement philosophique sur la débilitation par le travail qui vous est ou ne vous est pas proposé quand vous avez 25 ans : vos avenirs sont-ils d'être purement et simplement de la chair à bombe à neutron dans le quinquennat qui vient ? Et, si vous survivez - mais dans quel état ? -, d'être les esclaves de futurs despotes qui auraient le mauvais goût de ne pas être des caucasiens pur jus éduqués au respect bourgeois des droits de l'homme? C'est le sort qui vous est pourtant promis si on fait tout pour que vos vraies vies d'adultes ne commencent pas à cinquante ans. C'est ce qui arrivera si le futur G20 - l'équivalent de Locarno en 1925 - décide que la « crise de civilisation d'aujourd'hui »  n'a son salut que dans la guerre militaire à la Jules César dont le futur gagnant sera celui qui, comme le disait Confucius, ne la déclarera pas mais subira les premiers assauts. C'est le non-dit du discours philosophique matinal argumenté podcastable sur http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/septneuf_sam/index.php?id=79158

13 mai 2009: Femmes de 1938.  Né natif du Taureau le 27 avril 1938, j'ai fêté la révolution de mes 71 années chez Lipp après les cérémonies du centenaire de la naissance du Professeur Jean Hamburger dans l'amphithéâtre de la Sorbonne. Golden 38, cette année qui vit naître cinq fleurs superbes qui ne furent jamais aussi belles que lorsqu'elles eurent 50 ans : Claudia Cardinale, Mireille Darc, Bernadette Laffont, Pascale Robert, Marina Vlady... Toutes eurent des vies pleines auparavant mais revivraient-elles leurs vingt ans pareillement ? J'ai pour Marina Vlady une pensée particulière parce que je la connais depuis «Avant le Déluge», le film de Cayatte qui, avec «Le Blé en herbe» de Claude Autant-Lara, m'ouvrit à la sexualité des adolescents. Elle avait quatorze ans comme moi mais je resterai encore longtemps enfant quand elle était déjà une jeune femme épanouie. Nous eûmes vingt ans en 1958 quand je découvris la guerre en Algérie et qu'elle s'apprêtait à tourner «Toi, le venin» avec son époux Robert Hossein et sa regrettée sœur qui sortit alors que nous devenions majeurs au regard de la loi. Ai-je vu tous ses films ? Certainement pas. Ai-je fait attention à tous ses bonheurs et ses malheurs pendant les quarante années suivantes ? Certainement pas, jusqu'à ce que j'apprenne le décès de Léon Schwartzenberg et que je lise ses Mémoires après l'avoir vue chez Frogiel, toujours belle mais décomposée par la douleur du désespoir, et que je découvre qu'elle est aussi une grande plume de la littérature française, comme l'était Ninon de Lenclos. D'où vient que je m'intéresse depuis une vingtaine d'années au personnage mythique de Ninon de Lenclos ? Peut-être depuis que je découvris l'univers féminin en lançant à Necker l'échographie des seins qui m'amené à écouter les femmes inquiètes au sujet des attributs les plus importants de leur sexualité, les voir, les ressentir, les comprendre. Sûrement depuis que je décidai, il y a une quinzaine d'années, de promouvoir le concept d'imagerie médicale de la femme dans le cadre d'un hôpital Necker «Père-mère-enfant». Le côté hétaïre de Ninon ne m'intéresse que dans la mesure où elle fut en son temps, c'est-à-dire il y a trois siècle, l'archétype prémonitoire de la femme d'aujourd'hui qui intègre dans un même concept un esprit cultivé dans un corps épanoui qui tous deux se maintiennent en toute liberté à son service dans une société qu'elle anime jusqu'à un âge dont l'avancée glorieuse fait reculer le stade de l'impotence sénile. Je vois Marina Vlady exceller dans ce rôle...               

A RAVENSBRÜCK

LA PHARMACIE DE MARGUERITTE CHABIRON
A VERDELAIS ETAIT DANS CET IMMEUBLE

LES RESISTANTES S'ENFUIRENT PAR LE JARDIN A PIC