1
2Wilhelm
Conrad Röntgen est né le 27 mars 1845 à Lennep, en Allemagne
(Westphalie). Il a étudié à Zurich puis est devenu professeur de
physique à Strasbourg (1876-1879), à Giessen (1879-1888), Würzburg
(1888-1900) et à Genève (1900-1920). Il a reçu le premier prix Nobel de
physique en 1901 pour sa découverte des rayons X, faite fin 1895 alors
qu'il faisait fonctionner un tube de Crookes dans l'obscurité.
3Le 8
novembre 1895, Röntgen enveloppe d'un carton noir un tube de Crookes
alimenté par une bobine de Ruhmkorff, c'est à dire par un transformateur
élévateur excité par des impulsions électriques récurrentes. Il se se
produit donc, à chaque impulsion, une décharge électrique dans le gaz à
basse pression remplissant le tube. Ayant placé ce tube dans
l'obscurité, Röntgen observe une fluorescence sur un écran en papier
recouvert de platinocyanure de baryum. Ce corps présente la propriété
d'être fluorescent, c'est à dire d'émettre de la lumière lorsqu'il est
excité par des photons. Cette fluorescence apparaît lorsque le papier
est disposé à une distance inférieure à deux mètres du tube, et cela,
même lorsque ce papier est protégé par l'interposition d'un carton noir.
Röntgen en conclut qu'une radiation invisible de nature inconnue, qu'il
nomme rayonnement X, est produite par le tube et est la cause de la
fluorescence observée.
Le tube de Crookes
Sir William Crookes (1832-1919)
avait inventé un dispositif expérimental appelé aujourd'hui tube de
Crookes (ou tube à décharge, tube à gaz ou tube à cathode froide), afin
d'étudier la fluorescence de minéraux.
Ce tube est simplement une ampoule
de verre comportant deux électrodes à ses extrémités : une cathode
métallique, en aluminium, et une anode, qui sert de cible aux électrons.
On fait le vide dans le tube mais il reste une pression d'air
résiduelle de l'ordre de 100 Pa (environ un millième d'atmosphère).
Une bobine d'induction est utilisée
pour fournir une haute tension électrique entre anode et cathode. Il se
produit alors une ionisation de l'air résiduel contenu dans le tube.
Comme dans une pile, les ions positifs ainsi crées sont attirés par la
cathode, qu'ils heurtent en arrachant d'autres électrons au métal de la
cathode, eux-mêmes attirés par l'anode : avant la découverte de
l'électron, on appelait "rayons cathodiques" le flux d'électrons
arrivant sur l'anode ou sur la cible servant d'anode (comme la croix de
Malte ci-dessous).
Figure 1

Tube de Crookes
(alimenté par une bobine de Ruhmkorff, visible à droite).Grâce au vide
poussé au sein du tube, les électrons rencontrent peu de molécules sur
leur trajet et conservent la grande vitesse (de l'ordre de 0,1c) acquise
grâce au champ électrique. Certains dépassent l'anode et provoquent une
fluorescence du verre, accentuée lorsque le fond du tube est recouvert
d'un matériau fluorescent. La projection de l'ombre de la croix de Malte
amena Hittorf (1824-1914) à émettre l'hypothèse que quelque chose se
déplaçait de manière rectiligne au sein du tube, ce qui sera baptisé
« rayon cathodique ».
- 1 Röntgen, Mc. Clure Magazine, 6 avril 1896.
4En
1895, Röntgen a cinquante ans, c'est un savant chevronné, très fin
expérimentateur qui a déjà à son actif de nombreux travaux. Voici
comment il retrace sa découverte1 :
Je m'intéressais déjà depuis
longtemps aux rayons cathodiques, qui avaient été étudiés spécialement
par Hertz et Lenard. ... [Je] me proposais, dès que j'en aurais le
temps, de réaliser quelques travaux personnels... Je trouvais le temps
pour cela à la fin d'octobre 1895. ... Je travaillais [le
8 novembre 1895 au soir] avec un tube de Hittorf‑Crookes, lequel était
entièrement entouré de papier noir. Un morceau de papier au
platinocyanure de baryum se trouvait à côté sur la table. J'envoyais un
courant à travers le tube et remarquais, en travers du papier, une ligne
noire, particulière. Il était exclu que la lumière puisse venir du tube
car il était entièrement recouvert de papier, et ce dernier ne laissait
passer aucune lumière... Je pensais qu'il s'agissait... de quelque
chose de nouveau, mais encore inconnu.
5Il
s'aperçoit que, si l'on interpose la main entre le tube et l'écran, on
voit apparaître les os de la main. Le soir du 22 décembre 1895, il
appelle sa femme pour venir voir sa découverte extraordinaire, lui
demande d'interposer sa main et réalise la toute première radiographie X
qui nous soit parvenue.
Figure 2

Radiographie aux rayons X de la main du médecin anatomiste Kölliker (1896)
6Dès
le 28 décembre 1895, Röntgen fait sa première communication sur cette
découverte : « Sur une nouvelle sorte de rayons » (texte BibNum).
Il propose de les appeler "rayons X " : ces rayons étant d'origine
inconnue, il les désigne par le nom de l'inconnue en mathématiques,
X (note de bas de page 2) :
Afin d'être bref, j'utiliserai le terme 'rayons', et pour les distinguer d'autres du même nom, je les appellerai 'rayons X'
7Le
succès de la découverte est immédiat ; voici en quels termes Röntgen le
retrace à son ancien assistant et ami Zehnder : " [...] mon travail a
été reconnu partout. Boltzmann, Warburg, Kohlrausch et, (ce n'est pas le
moindre) Lord Kelvin, Stokes, Poincaré et d'autres m'ont exprimé leur
joie de cette découverte et leur considération [...] Je n'avais parlé de
mon travail à personne. J'expliquais seulement à ma femme que je
faisais quelque chose dont les gens diraient quand ils seraient au
courant "Röntgen est vraiment devenu fou !". Au premier janvier, j'ai
posté les tirés à part et, après cela, quelle sarabande ! La Wiener Presse a été la première à emboucher les trompettes de la renommée, puis d'autres ont suivi. "
- 2 Rudolph Albert von Kölliker (1817-1905) est un médecin suisse qui a montré le lien entre les fibres (...)
- 3 C'est lors de la séance du 2 mars 1896 que Becquerel présente une note intitulée : Sur les radiatio (...)
8Le
23 janvier 1896, devant la Société physico-médicale de Würzburg (pour
laquelle il avait écrit son texte du 28 décembre 1895), Röntgen fait une
conférence, la seule qu'il donnera sur le sujet, à laquelle assiste le
célèbre anatomiste Kölliker2.
Au cours de cette conférence, il réalise une radiographie de la main de
ce savant ; ce dernier propose alors d'appeler "rayons Röntgen" le
nouveau rayonnement. Les travaux sur les rayons X se multiplient alors à
une vitesse vertigineuse. Pour la seule Académie des sciences de Paris,
deux notes y sont consacrées lors de la séance du 3 février, quatre
pour celle du 10, six pour celle du 17, six également pour celle de 2
mars3.
Au total, ce sont plus de mille articles qui seront publiés sur le
sujet en 1896 dont cent huit à l'Académie des sciences française.
9Le 5 mars 1896, Röntgen publie un second article portant le même titre que le premier (Sur une nouvelle sorte de rayons)
qu'il présente ainsi : « Mon travail devant être interrompu pour
quelques semaines, je me permets de communiquer, dès maintenant,
quelques nouveaux résultats. [...] Mais j'ai attendu, pour publier mes
expériences, d'être à même de communiquer des résultats irréfutables. »
Il y relate de nombreuses expériences relatives à la décharge des corps
par les rayons X. Le 13 mai 1897, il fait paraître une troisième et
dernière publication sur sa découverte, elle est intitulée : Nouvelles observations sur les propriétés des rayons X.
Il confirme, entre autre, que les rayons X prennent naissance au point
du tube frappé par les rayons cathodiques et se répandent ensuite "dans
toutes les directions".
10Dans
l'article que nous avons traduit, Röntgen tire diverses conclusions
qu'il énumère dans des paragraphes numérotés 1 à 17. C'est une démarche
scientifique de caractérisation d'un phénomène qu'il est intéressant de
suivre :
11§1 : Description du phénomène observé : Fluorescence induite à distance par une décharge dans un tube de Crookes.
La fluorescence ainsi produite
étant indépendante du fait que la surface enduite du papier est dirigée
vers le tube à décharge. Cette fluorescence est visible même si l'écran
de papier est distant de deux mètres de l'appareil.
12§2 :
La fluorescence de l'écran distant est bien provoquée par un rayon
inconnu en provenance du tube, et non par la lumière solaire (visible ou
ultraviolette) voire artificielle (arc électrique) avec laquelle on
avait l'habitude d'observer jusqu'alors la fluorescence :
La propriété la plus étonnante
de ce phénomène est le fait qu'un agent actif passe dans cette
expérience au travers d'une enveloppe de carton noir, qui est opaque au
rayonnement visible ou ultraviolet du soleil ou de l'arc électrique ; un
agent qui a également la possibilité de produire une fluorescence
active.
13§2 : C'est aussi dans ce paragraphe que Röntgen nomme cet effet :
Afin d'être bref, j'utiliserai
le terme 'rayon' [pour désigner 'l'agent' responsable des phénomènes
observés] et pour les distinguer d'autres du même nom je les appellerai
'rayons X'.
14§2 : Ces rayons X passent à des degrés divers à travers la matière :
Le papier est très transparent :
derrière un livre relié d'environ 1000 pages j'observe un écran
brillant (...) une plaque d'aluminium de quinze millimètres d'épaisseur,
bien qu'affaiblissant sérieusement l'action, ne fit pas disparaître
totalement la fluorescence (...) Si la main est interposée entre le tube à
décharge et l'écran, l'ombre plus sombre des os est vue dans l'ombre
légèrement marquée de la main elle-même.
15§3 :
L'absorption des rayons par les matériaux traversés est fonction de la
densité de ces matériaux, mais à densité égale des différences
existent.
16§4 : L'absorption des rayons X par la matière croît avec l'épaisseur du matériau interposé.
17§5 : Les métaux possèdent des transparences aux rayons X qui ne sont pas égales.
Les différents métaux possèdent
des transparences qui ne sont pas égales, même lorsque le produit de
leur épaisseur par leur densité est le même.
18§6 : Les rayons X ne sont pas visibles par l'œil. Ils impressionnent les plaques photographiques.
Les images photographiques
peuvent être obtenues dans une pièce non obscure à l'aide de plaques
photographiques dans leurs supports ou enveloppées de papier (...). Même
si l'œil est approché près du tube à décharge, il n'observe rien.
19§7 :
Les rayons X, à la différence des rayons lumineux, ne sont pas déviés
par des prismes de différents matériaux, ni concentrés par des
lentilles.
Des expériences (...) dans un
prisme en mica (...) ne montrèrent aucune déviation ni sur l'écran
fluorescent ni sur des plaques photographiques.
20§8 : Aucune réflexion régulière des rayons X n'est détectable.
La réflexion régulière n'a pas
lieu, mais divers corps se comportent vis à vis des rayons X comme les
milieux troubles vis à vis de la lumière.
21§9 : Il est possible que la structure interne d'un matériau influe sur sa transparence aux rayons X.
22§10 :
L'intensité des rayons X détectés varie avec l'inverse du carré de la
distance à l'anode du tube émetteur ; les rayons X sont peu atténués par
l'air, alors que les rayons cathodiques le sont.
J'ai trouvé à partir de trois
expériences, qui concordent très bien entre elles, que les intensités
varient inversement avec le carré de la distance.
Il s'ensuit que l'air absorbe
une bien plus faible fraction des rayons X que des rayons cathodiques.
Ce résultat est en complet accord avec l'observation mentionnée plus
haut (NB : §1), qu'il est encore possible de détecter une fluorescence à
une distance de deux mètres du tube.
23§11 : Les rayons X ne sont pas défléchis par un champ magnétique, alors que les rayons cathodiques le sont.
La possibilité de déflexion par
un aimant a, jusqu'à présent, été la caractéristique des rayons
cathodiques (...) Je n'ai pas réussi à obtenir une déflexion des rayons X
par un aimant, même dans un champ intense.
24§12 : Les rayons X sont produits par les rayons cathodiques sur la paroi de verre du tube à décharge.
- 4 Röntgen parle ici de la fluorescence provoquée par les rayons cathodiques sur la paroi du tube de C (...)
L'endroit dont la fluorescence est la plus élevée sur la paroi du tube à décharge4 peut être considéré comme le centre principal à partir duquel les
rayons X rayonnent dans toutes les directions (...) Si les rayons
cathodiques sont défléchis par un aimant à l'intérieur du tube, les
rayons X proviennent alors d'un autre endroit, nouveau terminus des
rayons cathodiques.
25§13 : Une tube en aluminium - et non en verre - produit aussi des rayons X.
26§14 : Le terme "rayon" est justifié par une propagation rectilinéaire.
Appeler « rayons » l'agent qui
provient de la fenêtre d'un tube à décharge est justifié par le fait
qu'une ombre peut être vue lorsque des corps plus ou moins transparents
sont placés entre le tube et l'écran fluorescent.
27§15 : Des expériences d'interférences se sont révélées négatives.
28§16 : Des expériences de déflexion par un champ électrique ne sont pas encore achevées.
29§17 :
Röntgen ignore la nature des rayons X mais propose l'hypothèse selon
laquelle ils seraient des "vibrations longitudinales de l'éther."
Pourquoi, donc, les nouveaux rayons ne pourraient-ils pas être liés aux vibrations longitudinales de l'éther ?
- 5 Friedrich W, Knipping P, von Laue M. Interferenz-Erscheinungen bei Röntgenstrahlen. Sitzungsbericht (...)
- 6 Von Laue Max, Geschichtedes physik. Bonn, 1946
30 On
l'a dit, Röntgen était avant tout un expérimentateur. Il ne participera
pas à la caractérisation des rayons X en général, hors leur génération
dans un tube de Crookes. Il cesse ses publications sur le sujet dès
1897, et ne cherche plus avant la nature des rayons qu'il a découverts.
On peut se demander quelle est la raison de cette attitude. Max von
Laue, qui montra en 1912 que les rayons X étaient des rayonnements
électromagnétiques5, a écrit à ce sujet6 :
" On m'a fréquemment demandé les raisons qui avaient pu amener cet
homme à se retirer à un tel point après sa découverte. [...] A mon avis,
il avait été tellement écrasé par l'impression produite par la
découverte qu'il fit, alors qu'il était âgé de cinquante ans, qu'il ne
s'en est plus relevé."
31 On sait aujourd'hui que les électrons accélérés par la différence de potentiel provoquent l'émission de rayons X par effet bremsstrahlung c'est-à-dire par freinage lors de leur passage dans le champ des noyaux atomiques du matériau cible rencontré.
Le rayonnement de freinage, source d'apparition des rayons X dans le tube de Crookes
Le rayonnement de freinage, de l'allemand Bremsstrahlung, est un rayonnement électromagnétique à large spectre créé par le ralentissement de charges électriques.
Lorsque l'on bombarde une cible
avec un faisceau d'électrons, ceux-ci sont freinés et déviés par le
champ électrique des noyaux de cette cible. Selon les équations de
Maxwell-Lorentz, toute charge électrique dont la vitesse varie, en
grandeur ou en direction, émet un rayonnement électromagnétique.
Figure 3

Rayonnement de
freinage. Les électrons passant à proximité des noyaux des atomes de la
cible (à charge positive) sont déviés. Ils perdent de l'énergie et la
différence d'énergie, pour un électron particulier, correspond à celle
du photon X émis.
- 7 Les rayons X sont produits dans le matériau bombardé par les électrons de deux manières : 1) par le (...)
Comme la décélération des
électrons n'est pas quantifiée, le rayonnement de freinage créé est un
flux de photons dont le spectre en énergie est continu7. L'énergie émise sous forme de photons X est prélevée sur l'énergie cinétique Ec de l'électron de charge e qui poursuit sa trajectoire avec une énergie cinétique plus faible E'c telle que :
({{E}_{c}}'={{E}_{c}}-hnu )
Si l'électron a été accéléré sous
une différence de potentiel U et si toute l'énergie de l'électron
incident est transformée en rayonnement, on obtient :
(eU=h{{nu }_{max.}}=frac{hc}{{{lambda }_{min}}})
et, pour la longueur d'onde minimale du spectre : ({{lambda }_{min}}=frac{hc}{eU}).
Figure 4

C. T. Ulrey (Phys.
Rev, 12, 47) a décrit en 1918 les spectres obtenus par bombardement du
tungstène avec des électrons d'énergies comprises entre 20 et 50 keV. On
vérifie que plus U augmente, plus la longueur d'onde λmin diminue (U = 20kV, λmin = 0,6Å ; U = 40 kV, λmin =
0,3Å). On vérifie aussi que la majeure partie du spectre correspond à
une longueur d'onde entre 0,3 et 1Å, donc une fréquence C/ λ comprise
entre 3.1018 Hz et 1019 Hz, dans la gamme des rayons X.
32Alors
que Röntgen n'est pas allé lui-même plus avant, les rayons X ont fait
l'objet de recherches très nombreuses et approfondies, directement
récompensées par six prix Nobel. Ils sont également à l'origine d'autres
découvertes dont la plus retentissante est celle, en 1896, de la
radioactivité.
- 8 Barkla C. G. Secondary radiation from gases subject to X rays. Phil. Mag. 5, pp.685-98, 1903.
33À
la mort de Röntgen en 1923, la connaissance des rayons X s'est
considérablement accrue grâce à la contribution d'un grand nombre de
physiciens. L'anglais C.G. Barkla (1877-1944, prix Nobel 1917), étudiant
la diffusion des rayons X, a montré8 que le rayonnement diffusé est caractéristique du matériau constituant
la cible. Max von Laue (1879-1960, prix Nobel 1914) établit en 1912 la
nature ondulatoire des rayons X grâce à l'observation de la diffraction
par un cristal (cette technique est une méthode de mesure des longueurs
d'onde des rayons X, qui consiste à recueillir par un monocristal fixe
le cliché de diffraction d'un faisceau de rayons X, dont le spectre est
continu)
34Moseley (1887-1915) précise en 1914 que l'intensité des raies X est fonction de Z2,
Z étant le numéro atomique de l'élément considéré. Maurice de Broglie
(1875-1960) conduit en France à partir de 1913 des travaux précurseurs,
et développe en particulier la méthode du cristal tournant utile pour
mesurer les distributions angulaires. Sir William Henry Bragg
(1862-1942) et son fils, Sir William Lawrence Bragg (1890-1971), tous
deux prix Nobel 1915, étudient, à partir de 1912, les cristaux à l'aide
des rayons X et établissent la loi donnant la direction de leur
diffraction entre les plans réticulaires : lorsque l'on bombarde un
cristal avec un rayonnement dont la longueur d'onde est de l'ordre de la
distance inter-atomique, il se produit un phénomène de diffraction, la
loi de Bragg régissant cette diffraction en fonction de l'angle
d'incidence. En 1922, Arthur Compton (1892-1962, prix Nobel 1927) étudie
la diffusion des rayons X sur le graphite et découvre l'effet qui porte
son nom.
L'effet Compton
- 9 A Quantum Theory of the Scattering of X-Rays by Light Elements, Phys. Rev. 21, pp. 483-502, 1923.
Arthur Compton a été le premier à
étudier la diffusion de photons X par les électrons d'une cible.
Lorsque le photon cède une partie de son énergie à un électron qui est
éjecté, le photon diffusé voit sa fréquence diminuer selon la relation
de Planck liant l'énergie à la fréquence. Compton montra que le
changement de fréquence ne dépend que de l'angle de diffusion pour une
particule cible donnée9.
L'expérience de Compton décrite
dans son mémoire de 1923, utilise la raie X dite Kα du molybdène pour
bombarder une cible en carbone. Un spectromètre de Bragg permet la
comparaison des spectres des rayons X primaires et des X diffusés.
Formule de la diffusion Compton
Considérons un photon d'impulsion ({{vec{p}}_{i}}) et d'énergie ({{E}_{i}}={{vec{p}}_{i}}c) se dirigeant vers un électron au repos d'énergie initiale mec².
Le photon est diffusé par l'électron dans une direction faisant un
angle θ par rapport à la direction d'origine. L'électron prenant une
direction Ф, l'impulsion du photon après diffusion sera ({{vec{p}}_{f}}) et celle de l'électron ({{vec{p}}_{e}}).
Figure 5

Schéma de la diffusion Compton
La conservation de l'impulsion et
celle de l'énergie donnent l'équation de la diffusion Compton entre la
longueur d'onde du photon incident et celle du photon diffusé :
({{lambda }_{f}}-{{lambda }_{i}}=frac{h}{{{m}_{e}}c}(1-costheta ))
35Signalons
aussi que Röntgen a donné son nom à deux unités. Lorsqu'un rayonnement
pénètre la matière, il interagit avec elle et lui transfère de
l'énergie. La dose absorbée par la matière caractérise ce transfert
d'énergie : le röntgen (symbole R) est la dose de radiation ionisante
qui produit une unité CGS électrostatique d'électricité dans un
centimètre cube d'air sec à 0 °C sous une pression d'une atmosphère.
D'autre part, le rem est l'abréviation de "Röntgen Equivalent Man" : c'est une ancienne unité de dose de radiation dans les tissus humains, à présent remplacée par le Sievert.
36La
découverte des rayons X a valu à Röntgen la Médaille Rumford en 1896
puis le premier prix Nobel de physique en 1901. Elle a été primordiale
dans l'amélioration des connaissances en physique et est à l'origine, de
nos jours, d'un nombre incalculable d'applications dans tous les
domaines de la connaissance. Cette découverte était inévitable, à la fin
du dix-neuvième siècle car l'expérimentation sur les "rayons
cathodiques" était alors systématique dans tous les laboratoires.
37Röntgen est mort le 10 février 1923, à Munich.
L'auteur remercie vivement Alexandre Moatti pour sa participation à la rédaction de la présente analyse.