Proposé comme commentaire sur le blog de Françoise Fressoz du 25 août 2014 sur lemonde.fr
« Lies and bribes », mensonges et concussion, c'est ainsi que
s'exprimaient mes amis américains quand, il y a quarante ans,
j'envisageais sérieusement de m'engager en politique. Je crois possible
de faire de la politique proprement sans outrager la vertu bien-pensante
nourrie de machiavélisme technocratique. L'ère numérique de
l'information l'impose de toute façon car tout est diffusé en
nanoseconde sur l'Internet et archivé dans des bases de données
ubiquitaires. François Hollande, en n'ayant connu que Mitterrand et
Chirac dont il ne s'est pas rendu compte qu'ils sont des avatars périmés
du pléistocène, ne recueille que ce qu'il mérite puisque son discours
électoral releva soit de l'escroquerie intellectuelle alambiquée, soit
de l'incompétence structurelle des politiciens hexagonissimes d'appareil
formés lors du dernier quart du XXe siècle.
Elu par défaut et doté d'une chambre introuvable, il ne tient sa
légitimité qu'à l'incapacité des Français à comprendre et accepter
l'évolution d'un monde en totale et clastique recomposition physique et
morale dans lequel évolue une France aussi informe que pitoyable est son
logo de Mr Blot rincé à côté d'un Major Thompson revitalisé au RedBull.
Il l'a voulu, ce pouvoir qui ne peut que lui glisser entre les doigts,
comme il glisserait entre ceux de quiconque voudrait lui prendre
prématurément sa place. Qu'il le garde s'il le peut, mais qu'il ose
l'honorer d'abord.
N'aurait-il rien à perdre, croit-il? Si, l'honneur, car son élection a
déshonoré définitivement une certaine forme de démocratie élective. Le
reste, il l'a eu, l'héritage familial, les prébendes et la garantie de
l'emploi depuis sa sortie des grandes écoles et je ne les lui envie pas,
pas plus que je ne jalouse ses bonnes fortunes dont l'esthétique
classieuse mérite d'être soulignée. Plus que le livre de l'ineffable
Duflot, le feuilleton du Figaro a été la littérature la plus cruelle,
car la plus finement satirique, de l'été 2014.
Faut-il espérer que Valls parviendra à être assez crédible pour éviter
la dissolution de l'Assemblée Nationale qui, pour être efficace,
c'est-à-dire amener un gouvernement d'union type De Gaulle en fin de IVe
République, eut dû avoir lieu en 2013 pour éviter la ruée du Front
National, le pire fléau qui puisse atteindre, non pas notre pays, mais
notre peuple, car la guerre civile serait inévitable éventuellement par
contamination?
La démission du Président? Après tout, Bérégovoy s'était bien suicidé et
Chirac jospinisé! Le Président trucidé? C'est passé de mode depuis un
siècle, heureusement et même De Gaulle y avait échappé. Pour avoir qui?
Un National Socialiste? Si je vois mal Mélanchon dans un autre rôle
qu'un Kerenski plutôt qu'un Hitler trotzkyste, comment ne pas craindre
de voir un petit Mussolini percer sous un grand Montebourg prolétarisé? A
ce seul titre, je félicite Valls d'avoir dit « Caramba! Basta! » à la condition qu'il oublie que Français ne veut pas dire Franco.