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Docteur Jean-François Moreau, AIHP, Hy FACR

Professeur honoraire à l'Université Paris Descartes

Electroradiologiste honoraire de l'hôpital Necker

 

220 rue Carnot

59155 Faches Thumesnil

 

Tel : 06 79 11 04 77

Mel :jf@jfma.fr

Web :www.jfma.fr

https://www.whoswho.fr/bio/jean-francois-moreau_67349

https://www.librinova.com/auteur/jean-francois-moreau

 

 

Lettre ouverte aux « hyper-riches » de la francophonie (18 janvier 2020)

Objet : Musée de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris

Et le projet de rénovation de l'Hôtel-Dieu de Paris

 

Faches Thumesnil, le 18 janvier 2020

 

            Monsieur, Madame,

 

            C'est en tant qu'ancien Président de l'Association des Amis du Musée de l'AP-HP (ADAMAP 2009-2012) que je me permets de vous écrire pour vous demander de porter un regard bienveillant sur la requête que je vais vous exposer en toute humilité, mais hardiment. Je n'ignore pas que vous êtes sursollicité par une infinité de demandes de fonds qu'autorise votre solide réputation de mécène fortuné. Je vous prie donc de me pardonner à l'avance de me joindre à cette foule pour vous sensibiliser à la cause, actuellement misérable, du Musée de l'AP-HP. Ma position est totalement désintéressée et je ne désespère pas de vous convaincre de rejoindre ceux et celles qui se battent dans l'ombre pour le sauver d'une lente asphyxie dans les sous-sols de l'hôpital de Bicêtre où il a été déporté, plus ou moins démembré, depuis quelques années, pour un futur indéfini.

 

            J'étais président actif de l'Adamap, lorsque, au début de l'été de l'année 2010, la Direction Générale de l'AP-HP a pris la piteuse décision de fermer son Musée quand elle a mis en vente l'Hôtel de Miramion en catimini. Averti par la Conservatrice en poste à l'époque, mon bureau et moi avons sur le champ réagi par une intensive et percutante campagne pour déclencher une puissante force de réaction populaire à un projet de fermeture aussi insensé qu'assassin. Grâce au site Internet que j'avais créé à l'époque, une pétition internationale trilingue a été lancée en urgence qui a été signée par plus de 5500 personnes de tous horizons, en provenance des cinq continents de la planète. L'on y notait la sympathie de personnalités aussi marquantes que le prix Nobel de médecine/physiologie, Roger Guillemin, du Salk Institute de La Jolla, qui fut le dernier visiteur du Musée avant sa fermeture sous ma conduite, et du Secrétaire Perpétuel de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, le regretté Jean Leclant. La Direction de l'AP-HP fut impressionnée de recevoir des protestations provenant d'une société savante espagnole qui demandait des explications ! Bref, à la rentrée de septembre, le Musée était sauvé de la fermeture sauvage et de la dispersion de ce trésor inestimable qui fait la richesse du patrimoine national et donne à l'AP-HP un fondement historique d'ancienneté millénaire puisque le premier Hôtel-Dieu parisien a été construit au VIIe siècle par Saint-Landry avant d'être hébergé dans l'île de la Cité, à côté de la cathédrale Notre Dame de Paris, dans le courant des années 1160 du IIe Millénaire.

 

            Le musée de l'AP-HP fut fondé entre les deux guerres mondiales lorsque l'illustre hôpital de la Charité, localisé à Saint-Germain des Prés, fut détruit pour être reconstruit dans le nouvel hôpital Beaujon à Clichy. Il héritait ainsi d'un trésor à la fois séculier et sacré qui illustrait l'histoire de la Santé physique, mentale et sociale de la population francilienne. Aucune autre institution n'en possède l'équivalent dans le monde car ce patrimoine a été constamment enrichi d'objets de provenances multiples. Il était remarquablement exposé aux derniers étages de l'Hôtel de Miramion qui logeait l'AP-HP et sa direction depuis sa fondation sous la IIe République ; une partie de cet immeuble sis en face de l'île Saint-Louis était classé à l'inventaire des monuments historiques. Finalement, avec un certain retard, l'Hôtel de Miramion fut vendu à Xavier Niel. Les collections ont été dispersées dans différents endroits selon leurs valeurs et leurs fragilités respectives, j'y reviendrai plus loin.

 

            L'Adamap avait obtenu des professeurs Fagon et Lombrail l'inclusion d'un nouveau musée dans le projet de transformation de l'Hôtel-Dieu de Paris présentée par la Directrice-Générale, madame Mireille Faugère. Vous n'êtes pas sans savoir que son mandat a été révoqué et ce projet annulé en 2014, à la suite de l'occupation de l'hôpital par une partie du personnel en colère. Son successeur, monsieur Martin Hirsch, n'a pas repris l'idée de l'Adamap à son compte, mais il a fait en sorte que les réserves soient stockées en sécurité à Bicêtre, sous la garde d'une petite équipe de conservatrices que voisine le nouveau bureau de l'Adamap dans une excellente ambiance. Néanmoins, le public naguère nombreux, notamment scolaire et universitaire, ne peut plus admirer les collections. Le Musée n'existe plus qu'en forme virtuelle sur le site Internet de l'AP-HP https://www.aphp.fr/musee.

 

            En décembre dernier, j'ai reçu l'information suivante : « Si les cinq premières fortunes de France, selon Forbes, représentent à elles seules 193,6 milliards de dollars, 18 milliardaires français ont vu leur fortune augmenter en 2019 par rapport au classement Forbes 2018 des milliardaires mondiaux. La grande majorité d'entre eux résident d'ailleurs en France. ». J'ai immédiatement réagi en pensant qu'il serait fabuleux que les sept « ultra-riches » décrits dans cette annonce, que l'on imagine volontiers concurrents, s'unissent pour alimenter substantiellement un fond destiné à financer l'installation de ce nouveau musée dans l'Hôtel-Dieu que de nombreuses personnes, plus ou moins muettes, souhaitent voir aboutir en même temps que se répare la Cathédrale Notre-Dame de Paris incendiée au printemps dernier.

 

            Ma vie professionnelle active fut riche en aboutissements fructueux de projets nationaux ou internationaux novateurs issus de réflexions donquichottesques dont la crédibilité paraissait illusoire à mes pairs. Si j'appartenais à ce groupuscule privilégié que vous sept constituez, je brûlerais d'enthousiasme à l'idée de participer à la réalisation de ce transfert du Musée de l'AP-HP devenu celui de la Santé Publique. Avec les relativement modestes revenus dont je dispose, je cotiserais comme, j'en suis persuadé, d'innombrables donateurs français et étrangers suivraient votre exemple au sommet. Seul réel obstacle à la concrétisation d'un tel projet, c'est bien entendu son financement, pour tant son équipement que son fonctionnement. L'équipement, c'est votre groupe qui l'initie. Le fonctionnement, je le vois prospérer dans l'auto-suffisance, grâce à la séduction grand-public d'un programme socio-culturel offert aux populations avides de conserver une bonne santé ou de savoir comment on peut traiter préventivement ou curativement la pathologie humaine. « Bonne année, bonne santé », se souhaite-t-on au 1er janvier. « Le plus important, c'est la santé », proclame-t-on aussi. Nourrir cette attente doit fertiliser l'imagination de tous les scientifiques et les artistes pour élaborer des programmes d'expositions permanentes et temporaires de haute qualité sensorielle, audio-visuelle notamment.

 

J'ai eu l'honneur d'exposer ma conception d'un Musée moderne de la Santé et de la Culture au grand architecte de l'hôpital Georges Pompidou, Aymeric Zublena, lors d'un déjeuner auquel il m'avait invité alors qu'il était président de l'Institut de France, en 2015. Au départ, j'imaginais situer l'ambiance préludant à un travail conceptuel inspirant et hardi, fondé sur la rencontre virtuelle de deux femmes de grande envergure mais que tout oppose, contemporaines du règne de Louis XIV, couple improbable réuni sur le parvis de Notre-Dame et discutant Santé vers 1695: madame de Miramion, femme violée dans sa jeunesse par un libertin et fondatrice du jardin des Simples, ancêtre de l'Assistance publique à Paris créée par Louis-Napoléon Bonaparte en 1849, et la très cultivée Ninon de Lenclos, archétype de la courtisane éclairée qui sut échapper aux ravages des maladies vénériennes malgré une vie amoureuse intense prolongée jusqu'à la septantaine. Je soumis l'idée d'un scénario au distingué metteur-en-scène cinéaste, Bertrand Tavernier, bel auteur de « Que la fête commence » ; l'idée lui plaisait mais son agenda était surbooké. La France des Lumières, aujourd'hui encore féconde, possède tous les talents pour donner corps à cet ensemble culturel, scientifique et artistique qui doit se vouloir lucratif, tant intellectuellement que financièrement. Mr Zublena, lui, m'avait écouté avec sympathie mais resterait impuissant tant que le financement serait absent.

 

Si ma prose a été assez inspirante pour vous inciter à déférer à mon invitation pour lancer ce projet muséologique qui serait unique au monde, je vous propose de nous réunir en assemblée constituante, sous l'ombrelle de l'Adamap, pour élaborer les statuts d'une fondation idoine, élire un bureau et un conseil d'administration, lancer un appel d'offre et une pétition sur I'Internet et dans la presse généraliste, comme cela a été fait pour reconstruire Notre-Dame incendiée. La date et le lieu de cette rencontre devraient être fixés au plus tard au début du printemps. J'attends donc, avec confiance et raisonnable patience, votre réponse que j'espère favorable, jointe qu'elle pourrait être accompagnée de critiques et de suggestions pertinentes. Je vous en remercie à l'avance.

 

Avec mes meilleurs vœux pour la nouvelle année, je vous prie d'accepter, Monsieur, Madame, l'expression de ma plus cordialement respectueuse considération,

 

Jean-François Moreau

 

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