19 juin 2011 à 12:18: j'ai écrit ces lignes en commentaire d'un article du blog de Mr Ugueu:
Grèce: la semaine de tous les dangers
Elles n'ont rien perdu de leur actualité, eu égard à la prolifération de la dette nationale liée à la pandémie de covid-19
L'excellent orchestre symphonique que constituent les pays
européens depuis l'explosion du bloc soviétique vagit et végète parce
qu'il n'a pas de chef d'orchestre inspiré. On se rend compte, avec la
crise grecque et celles qui la suivent ou la suivront, nul ne sait
vraiment pourquoi il faut soutenir la Grèce ou la renvoyer vivre seule
ses tristes calendes. Churchill disait que la démocratie
(parlementaire) est le pire régime politique à l'exclusion des autres.
L'humanité française contemporaine à l'heure de la démocratie
républicaine parlementaire en CDD a démontré tant son intelligence en
proposant la constitution européenne que sa bêtise en refusant d'y
adhérer en la votant. Nos monarques élus en CDD depuis Giscard ne
manquaient pas d'intelligence mais ils ont montré les limites
inacceptables de la faillibilité humaine. Mitterrand a cru qu'il avait
gagné alors que son discours politique affirmait l'inverse de la réalité
- le droit d'inventaire de Jospin n'a jamais été appliqué car
l'escroquerie mitterrandienne était aveuglante! - alors que c'est
Giscard qui a stupidement perdu une réélection sur table par la bêtise
de sa cour de faux-aristocrates. Quelle que soit l'intelligence, réelle,
des leaders de la gauche post-mitterrandienne, jamais ils n'ont pu
redresser la barre et je doute qu'ils y arrivent jamais en se référant à
cette monstruosité originelle inexpiable que généra leur idole.
Chirac, outre le fait qu'il est le prototype du traitre XXL de la
comédie italienne machiavélique du IIe millénaire - Mitterrand était la
forme L - , avait eu une bonne idée en demandant à notre politicien le
plus intelligent quand il n'est pas obsédé par sa généalogie, de
plancher sur une constitution européenne susceptible de donner un chef
d'orchestre à notre continent. Il a réussi ce massacre désastreux de
faire rejeter ce projet par son propre peuple en affirmant, sans
démissionner de ses fonctions pour autant, devant un panel de jeunes
gens réunis par sa fille, qu'il ne les comprenait pas. Il faut savoir
démissionner quand on est aux limites les plus reculées de ses moyens de
gouverner. Ni Mitterrand ni Chirac ne l'ont fait; ils ont même été
réélus par un peuple mi-sage mi fou, comme toujours quand il s'agit de
conclure un match nul.
Nous n'avons donc pas de chef d'orchestre. L'orchestre joue en jam
session permanente de la musique dissonante parfaitement déplaisante.
Qui va décider comment faire payer des impôts voire une taxe de
solidarité exceptionnelle par les richissimes armateurs grecs qui ,
parait-il, en sont exemptés quasiment constitutionnellement! Peut-on
abandonner un pays qui est fait de centaines de milliers de kilomètres
de frontières maritimes séparant l'Europe de l'Asie Mineure et de
l'Orient? Belle passoire pour l'espace de Schengen (un traité que je
n'aurais sûrement pas signé en son temps).
Par mes anciennes fonctions de trésorier de sociétés savantes
internationales, je sais ce qu'a apporté l'euro par rapport aux paniers
de devises indépendantes les unes de les autres, notamment après
l'explosion du bloc soviétique et de la Yougoslavie. J'aurais préféré
que l'on continua de promouvoir l'ECU, que les continentaux avait réussi
à imposer aux Britishs qui ont toujours adoré domicilier les
trésoreries dans la City.
Je suis allé en Grèce récemment. J'ai été heureux de payer en euros
comme j'ai été heureux de le faire en Allemagne et à Bruxelles cette
année; L'abandonner me semble impossible mais, comme impossible n'est
pas français, on peut tout imaginer!
Le monde politique n'a pas encore réussi à faire évoluer la philosophie
fondamentale de la monnaie moderne numérique, constituée d'une
demi-douzaine de devises indiscutées pour établir des comparaisons au
Stocks Exchanges. Nous en sommes au stade de la création illimité de
fausse monnaie, qui est le seul moyen rationnel de faire vivre
normalement les gens des plus riches aux plus pauvres sans les détruire
par excès d'opulence ou de détresse. Qu'on nous laisse créer nos projets
personnels de vraies et de fausses monnaies pour que nous puissions
participer à la cavalerie financière indispensable à l'alimentation des
fonds de pensions et de compensations.
Lehman Brothers, Maddox, la Grèce... ne sont-ils que les prodromes d'un cataclysme annoncé par Kontdratieff?
L'Europe aurait tout à gagner à décider de se donner le plus vite
possible d'un Président et d'un exécutif tous deux responsables devant
les peuples européens. J'ai eu avec les USA pendant 40 ans des relations
assez poussées pour que je dise aux quelques lecteurs qui liraient ce
billet jusqu'au bout que les Américains du Nord n'avaient et n'ont
toujours qu'une peur: que les Européens réussissent une bonne synthèse
politique. Aujourd'hui, il est clair que le rachat par la Chine de
toutes les dettes change la donne. Mais, tant que la France a une
politique nucléaire solide et exemplaire, tant civile que militaire,
elle n'a pas grand chose à craindre des ébranlements mondiaux de
populations bien encadrées par des émules de Guderian. On ne voit pas
les envahisseurs faire exploser toutes les centrales nucléaires de notre
territoire: plus d'électricité pour éclaire des millions de kilomètres
carrés stériles infestés par des tonnes de plutonium!
Pour conclure cette diarrhée verbale à l'heure du déjeuner dominical, je
suis partisan d'élire Giscard d'Estaing, président provisoire d'un
gouvernement européen, éventuellement fictif, capable de nous expliquer
clairement et HONNËTEMENT, comment s'organiser pour éviter un bain de
sang, autrement programmé à terme en CDI.
Jean-François Moreau, Paris 75014. http://www.lemonde.fr/moreau_jean_francois