24/05/2005 MEMOIRES LINEAIRES - vol 1.1 - JF MOREAU - pages 249-265 (extrait pour l'éloge de Maurice Tubiana)

 

30-31 août 1986 : ISR EXCOM, CHÂTEAU DE SAINT-SENOCH, Varennes, INDRE&LOIRE.

(...) Sans tapage intempestif, j'informai le secrétaire-général Walter Fuchs et le président Maurice Tubiana des promesses de Joseph Marasco, chairman of the Board of Chencellors de l'American College of Radiology, offertes lors de mon voyage mouvementé à Pittsburgh en juin. J'obtins - non sans mal, l'ego des grands hommes étant ce qu'il est - que nous nous rencontrions durant l'été pour mettre au point un dossier stratégique plaidable à la rentrée pour régler à notre avantage le conflit avec les Américains mal géré par les deux radiothérapeutes Luther Brady et Maurice Tubiana. Il fallait un endroit neutre, au cadre accueillant et reposant, accessible en voiture, où nous serions certains de n'être pas dérangés, où il n'y aurait aucune possibilité de retards impromptus, de mystérieux contretemps, de fuites intempestives qui semblaient être le pain quotidien des grands politiques. Thérèse Planiol accepta de nous recevoir dans son magnifique château de Saint-Senoch, situé à Varennes, près de Loches.

Je savais qu'elle m'aiderait à faire venir Maurice Tubiana avec qui elle était très amie et qui ne saurait pas résister à une pareille invitation. C'était aussi l'occasion d'honorer Fuchs, sans pour autant se prosterner devant ce francophobe, tout en lui montrant en Touraine un autre visage de la France. Je ne connaissais ni Madame Tubiana, ni Madame Fuchs; ce serait l'occasion de s'en faire peut-être des alliées.

Je commençais à m'inquiéter de l'absence de courrier de l'ACR; le mûrissement de ma proposition devait être malmené en sous-main; j'avais besoin d'avoir la confirmation d'une date précise, car mon programme de septembre devenait de moins en moins gérable, tant étaient maintenant pesantes les exigences d'un emploi du temps qui devait cumuler le traitement d'urgence de quantités de dossiers hospitalo-universitaires, aussi importants pour mon avenir et ceux de mon équipe que les développements de ma vie internationale. À quelques jours du crucial week-end d'août en Touraine, je finis par téléphoner à la secrétaire de John Curry. «Oui... elle était au courant... elle avait tapé une lettre d'invitation... comment? Je ne l'avais pas reçue! Bizarre... Bizarre... enfin... elle vérifierait!» Je finirai par la recevoir, cette lettre, postée au tarif « bateau », qui me libérait d'un furieux handicap et m'octroyait à Baltimore une présentation de vingt minutes devant le Board of Chancellors ainsi qu'une invitation à la garden-party réservée aux VIPs.

(...)

Le week-end tourangeau apporta les fruits attendus. Walter Fuchs, quelque peu grincheux mais flatté, avait pourtant commis l'erreur de laisser sa Porsche au garage et décidé de venir avec une Golf flambant neuve marchant au carburant vert, alors pratiquement inconnu dans les stations-service françaises; il n'avait une autonomie que de six cents kilomètres, suffisante pour arriver mais pas assez pour assurer un retour à Zurich; la sympathie de sa femme me parût acquise; madame Tubiana était beaucoup plus difficilement sondable et beaucoup plus influente sur le destin de son mari. Ma force comme ma faiblesse viendront toujours de ma légitimité à l'origine de tout ce qui se développait depuis que j'avais eu l'aval de Nahum et de la SFR pour lancer la candidature de Paris. J'avais vu, je voyais et je verrai toujours arriver, tels qu'ils étaient et tels qu'ils voulaient paraître, tous les protagonistes d'un spectacle galactique de comédie humaine conçu et développé longtemps par moi seul, aidé de François Contenay, pour fortifier la radiologie française et non pas statufier ma gloire personnelle non plus que celle d'un autre. (...) J'étais le seul des trois diagnosticiens d'ICR'89 à m'exprimer en anglais, qui puisse exciper de cette légitimité christique face à une radiothérapie internationale rodée à la politique, mais opportuniste, et un Suisse allemand dépouillé de son autorité.

Nous repartirons dans nos foyers respectifs avec les grandes lignes d'une politique de l'International Society of Radiology; j'avais été éclairé sur ses mystérieuses commissions ICRP et ICRU, soi-disant rendues exsangues par le refus des Américains de payer les droits de leur désastreux ICR'85, et le non moins mystérieux Centre de formation que l'ISR et l'OMS avaient coproduit à Nairobi, Kenya. À l'évidence, il y avait une coquette capital reserve, mais Fuchs gérait les fonds avec une avarice helvétique surmultipliée; bref, l'autocrate bernois nommé à la prestigieuse chaire de radiologie de Zurich, était un immobiliste qui avait au moins la décence de ne pas gonfler ses poches au détriment du trésor hérité d'Antoinette Béclère dont il avait la charge. J'avais gagné son estime et son respect. Je lui rendais sa dignité, il me fera confiance jusqu'au bout et ne se mettra jamais en barrage à mes actions.

 

5-8 SEPTEMBRE 1986 : BALTIMORE, MARYLAND, USA.

Mon arrivée à Baltimore ne posait pas de problème, sauf imprévu, le décalage horaire marchant en ma faveur. Le retour par contre était épineux car je devais être impérativement le mardi 9 après-midi à Tours où se déroulait le Congrès de la Sfaumb dont j'étais l'un des invités d'honneur. Prendre un vol régulier serait suicidaire, tous quittant la Côte Est le soir et atterrissant le lendemain après-midi à Roissy; Air France n'hésita pas un instant à m'offrir le supplément sur Concorde au départ de Washington. (...)

A RAVENSBRÜCK

LA PHARMACIE DE MARGUERITTE CHABIRON
A VERDELAIS ETAIT DANS CET IMMEUBLE

LES RESISTANTES S'ENFUIRENT PAR LE JARDIN A PIC