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J'ai fait la connaissance du professeur agrégé Denys Pellerin, lorsqu'il était l'adjoint du professeur Marcel Fèvre, titulaire de la chaire de chirurgie pédiatrique à l'hôpital des Enfants Malades, où je commençai ma première année d'externat des Hôpitaux de Paris le 2 mai 1962. Il était impressionnant dans sa tenue blanche et parlait le visage masqué jusqu'à la racine du nez, sur un ton disons plutôt « libéral ». Dès la première minute, nous avions compris qu'avec lui, le lèche-bottisme serait inopérant voire calamiteux. Il appréciait particulièrement celle qui, Michèle Lucas, infirmière dans le secteur néo-natal, deviendra mon épouse deux ans plus tard ; il sera déçu lorsqu'elle deviendra la surveillante du service de pédiatrie médicale tenu par le professeur Seringe, alors qu'il l'aurait voulue pour diriger son service lorsqu'il succéda au professeur Fèvre.
Je rencontrai en décembre 1964, lorsque je vins lui annoncer que j'étais admissible à l'oral du Concours de l'Internat des Hôpitaux de Paris. Très fortement dans le ton, « vous faites partie de ceux que je soutiens », il me garantît son soutien auprès des membres du jury ; je fus nommé à l'avant-dernière place, malgré ma médiocre prestation, grâce à l'appui de mes deux patrons directs qui en faisaient partie : son ami, le professeur Bernard Pertuiset, « qui se souvenait très bien de moi » et le Dr Jean Bienaymé, l'autre adjoint de Mr Fèvre, qui travaillait quotidiennement avec ma très estimée jeune épouse.
Interne dans le service de radiologie pédiatrique du professeur Jacques Lefebvre et économe de la salle de garde, durant le semestre d'été 1968, en mai, je découvris Denys Pellerin en tant qu'homme politique de droite pure et dure, fondateur du Syndicat autonome des médecins des hôpitaux, vertement opposé aux étudiants révoltés. Certains de mes collègues y perdirent la tête, je passai à travers, grâce, je dois le dire, au sang-froid et à la clairvoyance de ma jeune épouse et de mon ami Patrick Segond.
Durand les trois décennies suivantes que je passai, d'abord en tant qu'adjoint puis de chef de service de radiologie des adultes dans les hôpitaux du CHU Necker, je n'eus que de très rares contacts avec Denys Pellerin. L'homme politique avait pris une envergure nationale avec son rôle de conseiller des ministres Poniatowski et Michèle Barzac ; je n'avais aucune raison de le solliciter. N'est notable qu'un coup de téléphone chaleureux, un matin d'octobre 1988, pour me recommander son fils Patrick qui devait se faire radiographier le jour même dans mon nouveau service de Necker.
Au début des années 2000, après une formation de programmation assistée par ordinateur, je m'investis à fond dans une activité de journaliste médical, notamment en collaboration avec la revue L'interne de Paris. En 2006, Denys Pellerin était devenu président de l'Académie Nationale de Médecine. Je l'interviewai dans le cadre d'un dossier consacré à l'épidémie de grippe aviaire. Le contact fut chaleureux et, de fil en aiguille, nos conversations, maintenant fréquentes, devenaient de moins en moins hiérarchiquement soumises. Denys Pellerin avait rédigé trois tomes de manuscrits qui pouvaient prétendre à être publiés sous forme de Mémoires. Je lui proposai d'en faire des exemplaires de qualité « professionnelle », grâce à la maîtrise du logiciel InDesign que j'avais perfectionné en mettant en page ma propre et abondante littérature. Ainsi fut confié les livres de Denys Pellerin à des éditeurs professionnels pour en tirer une version commerciale à succès. En janvier 2020, il vient de me donner l'autorisation de les mettre en téléchargement libre sur mon site www.jfma.fr, d'où la création de cette page d'introduction.
Au début de l'été 2010, alors président de l'Association des Amis du Musée de l'AP-HP (ADAMAP), j'eus à gérer les dramatiques conséquences de la fermeture sine die du Musée suite à la décision de mettre en vente l'Hôtel de Miramion où il était logé quai de la Tournelle. Le soutien actif que m'apporta derechef Denys Pellerin, entre autres académiciens, fut total et continu pendant les deux ans qui suivirent, que soit pour éviter la disparition désordonnée des inestimables réserves, ou pour obtenir l'inclusion d'un nouveau musée dans l'Hôtel-Dieu de Paris à l'époque du projet Fagon-Lombrail, malencontreusement sacrifié après une occupation sauvage de cet hôpital par des forces de gauche aveuglée. Patrick Pellerin fut également à mes côtés à cette époque.
La dernière occasion qui me fut offerte de rencontrer Denys Pellerin fut, en 2012, juste avant la cédation de l'Hôtel de Miramion à l'acheteur Xavier Niel, la cérémonie qu'il présida pour la remise au professeur Alain Laugier de la décoration au grade de Commandeur de la Légion d'Honneur. Le reportage que j'en tirai fut publié dans l'ultime numéro de La Lettre de l'Adamap édité par mes soins.
Depuis cette funeste date, les rapports réguliers que j'ai pu avoir avec Denys Pellerin furent quasiment exclusivement téléphoniques. J'appelle Denys, il répond à Jean-François. Perinde ac cadaver, telle pourrait être notre devise au nom de l'amitié indéfectible qui nous lie.