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La radiologie urinaire à l'hôpital Necker et l'école de JEAN-RENE MICHEL.

voir aussi: Jean-René Michel interviewé par Jean-François Moreau pour l'ADAMAP: sa jeunesse jusqu 'à sa nomination à Necker comme adjoint du Dr Dubost
voir aussi: L'histoire de la radiologie à Necker-Enfants Malades pour La Lettre des Anciens de l'AP

 

                   Même à Necker, les radiologues mirent du temps à s'imposer face aux urologues et aux radiophotographes. Il fallut que, d'une part, l'urographie intraveineuse fut rendue possible par des produits de contraste organo-iodés, ce qui n'advint qu'en 1929. Il fallut, d'autre part, que les radiologues réussissent à vaincre leur terreur des accidents de produits de contraste. La pratique hospitalière de ces examens à haut risque médicolégal développa l'UIV à Necker mais avec deux influences différentes sur la technique. Robert Coliez qui tint le service de radiothérapie[37], est le père de la compression urétérale lors de l'urographie intraveineuse, qu'il préconisa dès 1930[38]. Son rapport sur les syndromes de stase urétéro-rénale fut un grand évènement de l'année 1945. Hickel, adjoint de Jean Dubost avant de prendre le service de radiologie de la Salpêtrière, fut le premier radiologue membre de la Société Française d'Urologie. Coliez et Hickel eurent toutefois une conception trop stéréotypée de l'urographie intraveineuse. L'usage systématique de la compression urétérale précoce et très serrée, cheval de bataille de Jean Hickel, ne fit rien pour populariser l'examen, pas plus chez les malades que chez les médecins. Roger Couvelaire, avec l'aide du « Professeur Leroy », batailla pour bannir la compression urétérale. Il fallut attendre Jean-René Michel pour tirer la substantifique moelle de ce fabuleux examen que reste encore L'U.I.V.

                   Jusqu'aux dernières années 60, l'hôpital Necker était un hôpital général qui, depuis des lustres, était nationalement renommé pour la qualité de sa chirurgie urologique. Après les pionniers du début du siècle qui travaillèrent avec Guyon, Albarran et Legeu, Roger Couvelaire, qui succéda à Michon en 1958, doit être salué pour la pertinence de sa vista radiologique. Quand nombre de ses collègues prônaient encore l'endoscopie en urologie complétée par des cathétérismes à la sonde-bouchon de Chevassu[39] et les urétéro-pyélographies rétrograde, lesquels étaient inducteurs de septicémies et d'anuries mortelles, Roger Couvelaire proclama haut et fort la suprématie de l'urographie intraveineuse première pour le diagnostic des uropathies. Luttant notamment contre l'emploi abusif de la compression urétérale, Couvelaire fit faire ses UIV par un manipulateur dédié, avec une originalité particulière : il avait élaboré un processus de rationalisation de l'UIV avec une demi-douzaine de protocoles adaptés aux grandes uropathies qu'exécutera, jusqu'en 1968, le dernier vrai successeur de Contremoulins, Robert Leroy, aussi célèbre pour la tonitruance de ses incessants coups de gueule que pour l'intense fidélité de son action syndicale à la CGT. Formé à la radiologie urinaire, à Cochin chez Fey et son radiologue Truchot, la carrière de Leroy débuta réellement quand il se trouva manipulateur de radiologie chez Roger Couvelaire. La radiologie urinaire comportait des examens peu aimés des médecins, telle l'urétrographie rétrograde. Celle-ci devait être en principe réalisée par les externes, qui se défilaient le plus souvent. Leroy devient un « urétrographiste », au point que le médecin du travail songea à lui interdire de continuer la pratique de son métier quand son pouce menaça d'être radiologiquement nécrosé. Son autorité devint telle que l'on ne parlait que du « Professeur Leroy », ce qui n'alla pas sans poser quelques problèmes de subordination hiérarchique, notamment avec le service de radiologie de Jean Dubost. Constamment soutenu par Roger Couvelaire et ses assistants, notamment Jean Auvert, après des années de rébellion contre le « pouvoir médical », il changea totalement de comportement lorsqu'il finit sa carrière comme surveillant général de Jean-René Michel[40], de 1972 à 1983. Celui qui était entré dans la vie professionnelle comme garçon-boucher en 1939, fut décoré chevalier de l'Ordre National du Mérite par le cardiologue Jean di Matteo, remplaçant Jean Hamburger au pied-levé, en 1981.

                   Jean Hamburger, en créant la néphrologie et la transplantation, accentua la vocation de l'hôpital Necker à s'occuper du rein. Chichement installé dans des locaux peu salubres du Carré Necker, il s'inspira des Américains pour développer ses activités de néphrologue et de réanimateur. Roger Couvelaire aida Jean Hamburger à réaliser son rêve visionnaire sous la forme d'un grand bâtiment, un « Palais » spécialisé dans les maladies de l'appareil urinaire, où tout serait disponible, pour la prise en charge des soins, de l'enseignement et de la recherche. Hamburger est donc, pour le radiologue, l'homme qui offrit à l'uroradiologie le service indépendant et polyvalent dont elle avait besoin pour mettre fin à celle, dépassée, de l'urologue et son manipulateur. Le néphrologue savait l'importance de l'imagerie dans sa discipline, quand se développait à Harvard, chez John P. Merrill et Herbert Abrams, et à l'UCLA, chez Morton H. Maxwell, le concept d'hypertension artérielle réno-vasculaire. Encore fallait-il trouver le radiologue pour cette aventure. Vers 1962, Jean Hamburger fut appelé à être membre d'un jury de Bureau Central en radiologie auquel se présentait Jean-René Michel, un jeune collaborateur de Jacques Lefebvre, déjà réputé pour son ardeur au travail, sa rigueur et sa force de caractère. Ils lui suggérèrent de prendre des fonctions d'adjoint dans le service de radiologie centrale de Necker. Michel accepta d'autant plus volontiers qu'il avait conservé de son externat chez RenéKüss un excellent souvenir de l'urologie. Succédant à Jean Hickel, parti à la Salpêtrière, il devint l'adjoint de Jean Dubost, jusqu'en 1965. Sa première élève fut Marie-Christine Plainfossé, née Lorin[41], une cardiologue convertie à la radiologie qui y commença son clinicat en 1964[42]. A cette époque, la loi du Syndicat des Electro-Radiologistes des Hôpitaux était drastique : on devait choisir à l'ancienneté le premier poste vacant sinon on passait en queue. Pour être certain de pouvoir ouvrir le nouveau service en construction dans le « Palais du Rein » qu'aurait pu guigner Hickel passé à Laennec, Jean René Michel dut s'exiler à la Salpêtrière pendant trois ans. Il ne s'y plut guère mais il y écrivit, avec ses amis Guy Lemaître de Lille et Jean Tavernier de Bordeaux, le tome uroradiologique, vite épuisé, du Traité de Radiodiagnostic en quinze volumes, édité par Henri Fishgold chez Masson ; avec Guy Pallardy, il publia également une monographie sur l'urographie intraveineuse du haut-appareil urinaire. Michel parraina de ce fait les débuts de carrière de Roger Benecerraf, qui devint radiologue, en 1967, durant son clinicat après un internat pédiatrique.

                   En octobre 1968, J-R Michel s'installa dans son service flambant neuf de la Clinique du Rein que l'on surnommera vite Palais du Rein. Il se lança alors dans une aventure titanesque dont naquit l'école française de la radiologie urinaire moderne. Jacques Masselot[43] fut intimement associé à ce lancement, jusqu'à son départ, en 1970, à Villejuif puis Nantes. Peut-on imaginer ce que fut l'impact de l'ouverture d'un service de huit salles de radiodiagnostic, dont une d'angiographie, intégralement dédié à la radiologie urinaire, fonctionnant à plein temps pour desservir deux énormes centres universitaires, l'un de néphrologie à l'est, l'autre d'urologie à l'ouest ? Seule et encore, la Mayo Clinic aurait pu lui être comparée en matière de production et de débit. On y faisait quotidiennement une cinquantaine d'urographies intraveineuse, une vingtaine d'urétro-cystographies et jusqu'à une demi-douzaine d'angiographies rénales que seuls le patron et ses chefs de clinique avaient le droit d'interpréter. On voyait en un an à Necker ce que l'on ne voyait pas en dix à U.C San Diego ou San Francisco.

                   J-R Michel fut le premier radiologue français à choisir le plein temps hospitalo-universitaire dès que la réforme Debré fut appliquée. On ne rencontre qu'exceptionnellement un homme à la puissance de travail aussi réellement phénoménale. Debout avant l'aube, couché quand il n'y avait plus rien à faire, donc tard dans la nuit, il fut au four et au moulin de son service, sans défaillir, de 1968 à 1988. Il n'est que de voir la liste de ses élèves pour comprendre l'importance du passage « chez Michel » durant un parcours d'internat. Limougeot d'origine, ancien pilier de rugby, grand voyageur devant l'éternel, invulnérable à la maladie, collectionneur de papillons, photographe et cinéaste, rien ne lui échappait. Il savait tout faire dans son service, mieux que n'importe lequel de ses collaborateurs, y compris ses manipulatrices dont il dirigea l'école pendant une vingtaine d'années. Tempétueux en permanence mais sans méchanceté au fond de son tempérament sanguin, il menait ses gens comme un équipage de galériens mais on ne venait pas chez Michel pour le farniente ; il était renommé pour tenir ce qu'il promettait ; il était un excellent médecin formé par un internat des hôpitaux de Paris plus clinique que radiologique ; il était très proche de ses malades. Il fut un grand enseignant, aussi talentueux qu'infatigable, et le « staff » du mercredi après-midi avait une réputation nationale. Le « staff » du samedi matin était plutôt réservé aux étudiants. Cela représentait huit heures d'enseignement socratique par semaine auquel s'ajoutaient l'enseignement ex-cathedra à la Faculté et les EPUs officiels ou privés. 

                   La postérité doit retenir plusieurs des actions pionnières de Jean-René Michel dont certaines furent inspirées par le maître suédois de Malmö, Olle Olsson[44], et accessoirement l'urologue barcelonais, Antoni Puigvert[45]. D'abord, une lutte incessante pour que toute urographie intraveineuse soit pensée comme une œuvre artisanale unique, adaptée non pas à un schéma rigide à la Couvelaire, mais à chaque cas clinique. Il fut le premier à voir l'appareil urinaire comme un tout, incluant le bas appareil génito-urinaire. Son savoir encyclopédique sur la radiologue de l'urètre était inégalé dans le monde et son dernier livre[46] restera longtemps une référence incontournable. On faisait, parait-il, trop de clichés chez Michel, mais on n'avait jamais à les refaire. Il fut le premier radiologue à vraiment maitriser l'emploi des produits de contraste iodés, en en démystifiant les dangers réels et fantasmés, et en leur offrant une prévention efficace. Faut-il rappeler l'antienne de nos questions d'externat ? « L'UIV, faite après dosage de l'urée sanguine et test à l'iode ». Cette redoutablement efficace politique de traitement préventif et curatif de la soi-disant « allergie à l'iode » n'aurait jamais pu être menée à bien sans l'aide inestimable du regretté Christian Debras[47], adjoint de Maurice Cara à Necker avant de rejoindre le CHU Henri Mondor, et son équipe d'anesthésistes-réanimateurs dont Michel Louville et Jean-Bernard Cazalaa. Michel contribua à imposer les produits de contraste de faible osmolarité, préfigurent les discussions du rapport coût/risque/efficacité des explorations radiologiques dans le courant des années 90. A l'époque où il n'y avait rien d'autre que l'UIV pour affirmer une uropathie, combien de malades récusés par les pleutres de l'époque n'ont-ils pu être examinés sans complications, grâce à la foi de Jean-René Michel dans la prémédication « corticoïde-acideepsilon-aminocaproïque », dont il avait découvert les vertus à la suite d'un accident hématologique de la phlébographie cave occlusive décrit avec Gillot et Sotty. Ses leçons en matière de radiologie urinaire conventionnelle n'ont pas été oubliées et nombre de ses techniques restent pratiquées telles qu'ils les a codifiées[48]. Premier à exprimer clairement l'anatomophysiologie radiologique de l'appareil urinaire dans le temps et dans l'espace, il bannit la symptomatologie descriptive botanique des pionniers, poétique mais pédagogiquement inopérante. Ses archives, riches de plus de cent mille dossiers, personnellement répertoriés, photographiés et indexés à la main, ont servi une bonne centaine de travaux scientifiques et sauvé nombre de situations désespérées, dont les conséquences de l'incendie des archives de la Clinique Urologique en 1980. Il y avait du bénédictin chez lui.

                   Jean-René Michel favorisa le développement de l'échographie ultrasonore à Necker[49], à partir de 1978. Exemplaire par sa méthodologie, l'implantation de la technologie numérique à l'Assistance Publique, fut à l'origine de publications de protocoles d'expertise réglée du matériel d'imagerie[50]. L'AP-HP, l'une des administrations hospitalières les plus réfractaires au monde au progrès technologique, mais parfois capable de sursauts stupéfiants, fit faire, pour une fois à temps, à l'échographie ultrasonore le bond en avant dans la qualité supérieure qui lui assure encore aujourd'hui une place internationale enviable et enviée.                  

Les radiologues des Hôpitaux, avant la généralisation du passage par l'internat, avaient tous la même obligation de franchir des étapes régies par des concours : attachât, assistanat, radiologicat. Ce parcours-là imposait de connaitre la théorie mais aussi la pratique des gestes techniques. Ce fut à ce prix que le monopole de la radiologie médicale put s'affirmer. Toutefois, pas plus que son maître Lefebvre, Jean-René Michel ne cultiva la lutte des classes. La collaboration étroite entre médecins et manipulateurs était obligatoirement pour assurer la qualité des soins aux malades, et sans concession à la théorie des photographes. Contremoulins n'avait pas réussi à faire créer une école de radiologie à Necker, l'Assistance Publique en ouvrit une à la Salpêtrière, avec Jean-Pierre May. Jean-René Michel la dirigea de 1968 à 1988 et incita tous ses collaborateurs à y enseigner[51]. Jusqu'à la disparition du Certificat d'Etudes Spéciales de radiologie, le fameux CES, l'épreuve de manipulation fut imposée aux postulants radiologues. Il fut un des meilleurs instructeurs dans ce domaine. Le passage des « pratiques » à Necker fut un rituel pour une vingtaine de promotions de manipulateurs et de tous les étudiants du tronc commun. Mieux valait ne pas oublier de recentrer le tube sur le potter[52], systématiquement décalés !

Sur une idée de Micheline Metzger, Jean René Michel et Gabriel Vallée fondèrent les « Feuillets d'Electroradiologie » dans les années 60, édités chez Maloine ; au début, le contenu était fait des questions des deux auteurs pour la préparation de l'attachât, avant de devenir la plus populaire des revues de formation continue de la discipline. L'école de Michel a conservé à la pédagogie de style latin et son enseignement ex-cathedra une place d'égale importance à celle de l'enseignement socratique. Elle s'ouvre, à l'ère du multimédia, à la cassette vidéo, au CD Rom et à la télémédecine.

ROBERT LEROY, dernier successeur de Gaston Contremoulins

Jusqu'aux dernières années 60, l'hôpital Necker était un hôpital général qui, depuis des lustres, était nationalement renommé pour la qualité de sa chirurgie urologique. Après les pionniers du début du siècle qui travaillèrent avec Guyon, Albarran et Legueu, Roger Couvelaire, qui succéda à Michon en 1958, doit être salué pour la pertinence de sa vista radiologique. Quand nombre de ses collègues prônaient encore l'endoscopie en urologie complétée par des cathétérismes à la sonde-bouchon de Chevassu et les urétéro-pyélographies rétrogrades inductrices de septicémies et d'anuries mortelles, Roger Couvelaire proclama haut et fort la suprémacie de l'urographie intra-veineuse première pour le diagnostic des uropathies. Luttant notamment contre l'emploi abusif de la compression urétérale, Couvelaire fit faire ses UIV par un manipulateur dédié, avec une originalité particulière : il avait élaboré un processus de rationalisation de l'UIV avec une demi-douzaine de protocoles adaptés aux grandes uropathies qu'exécutera, jusqu'en 1968, le dernier vrai successeur de Contremoulins, Bernard Leroy, aussi célèbre pour la tonitruance de ses incessants coups de gueule que pour l'intense fidélité de son action syndicale à la CGT. Formé à la radiologie urinaire, à Cochin chez Fey et son radiologue Truchot, la carrière du "Professeur Leroy" débuta réellement quand il se trouva manipulateur de radiologie chez Roger Couvelaire. La radiologie urinaire comportait des examens peu aimés des médecins, telle l'urétrographie rétrograde. Celle-ci devait être en principe réalisée par les externes, qui se défilaient le plus souvent. Leroy devint un « urétrographe », au point que le médecin du travail songea à lui interdire de continuer la pratique de son métier quand son pouce menaça d'être radio-nécrosé. Son autorité devint telle que l'on ne parlait que du "Professeur" Leroy, ce qui n'alla pas sans poser quelques problèmes de subordination hiérarchique, notamment avec le service de radiologie de Jean Dubost. Constamment soutenu par Roger Couvelaire et ses assistants, notamment Jean Auvert, après des années de rébellion contre le « pouvoir médical », Leroy changea totalement de comportement lorsqu'il finit sa carrière comme surveillant général de Jean-René Michel, de 1972 à 1983. Celui qui était entré dans la vie comme garçon-boucher en 1939, fut décoré chevalier de l'Ordre National du Mérite, par Jean di Matteo, remplaçant Jean Hamburger, souffrant, en 1981.

 

En 1970 et toujours dans le même amphithéâtre de la CMI, Jacques Lefebvre fut le Président-Fondateur du Cercle des Enseignants de Radiologie de France (CERF). L'importance de cette organisation fut d'emblée considérable, pour la défense et l'organisation de l'enseignement et de la recherche en radiologie. Elle reste unique en Europe et n'a d'homologue qu'aux USA. Francis Brunelle en fut secrétaire général, Denis Lallemand et moi furent présidents de la commission de pédagogie. Philippe Rouleau, l'actuel Président en exercice, fut chef de clinique-assistant chez J-R Michel, en 1975, avant d'être nommé professeur à Tours.

Les radiologues ont toujours attaché une très grande importance à l'enseignement et à la pédagogie. La réforme de la radiologie, jointe à la création de la Faculté de Médecine Necker-Enfants Malades, parallèlement en 1968, donna à la discipline un champs immense, ouvert aux plus jeunes étudiants en médecine comme aux plus anciens. Jacques Lefebvre avait obtenu quatre salles de travaux pratiques dédiés à la radiologie avec ses tables-négatoscope individuelles. Un certificat optionnel de radiologie, très suivi, fut offert aux étudiants du CHU de 1972 à 1981. Les élèves de Lefebvre, Bismuth et Sauvegrain notamment, insérèrent la formation médicale continue dans le programme des Journées Françaises de Radiologie, il y a plus de vingt ans. L'école radiopédiatrique, très influencée par leurs collègues nord-américains, promut des formules d'enseignement socratique intensif, faisant une très large place à l'auto-enseignement sur une masse impressionnante de dossiers sélectionnés et codés selon la classification de l'American College of Radiology, accessibles dans une bibliothèque largement ouverte à tous, rêve achevé en 1970. Denis Lallemand rapporta de son séjour chez Benjamin Felson, à Cincinnati, une compréhension anatomo-pathologique de la radiologie thoracique qu'il formalisa, avec José Rémy, par l'invention d'un programme d'enseignement interactif sur machine, introduit à la Faculté Necker en 1976; il fut par ailleurs à la tête de la commission de pédagogie de la Faculté, sous le décanat de Jean Rey. Sur une idée de Micheline Metzger, Jean-René Michel et Gabriel Vallée fondèrent les « Feuillets de Radiologie » en ???; publication au début faite des questions des deux auteurs pour la préparation de leurs concours, cette revue s'appuya sur le programme du CES de radiologie avant de devenir la plus populaire des revues de formation continue de la discipline. L'école de Michel a conservé à la pédagogie de style latin et son enseignement ex-cathedra une place d'égale importance à celle de l'enseignement socratique. Elle s'ouvre, à l'ère du multimédia, au CD-Rom et à la télémédecine.

Lire aussi: Une victoire de la radiologie hospitalo-universitaire à plein temps: la recherche à Necker

Jacques Lefebvre évoqua, dans sa leçon inaugurale, la place de la recherche en radiologie. Il y séparait la recherche fondamentale, principalement axée sur la connaissance de l'anatomie radiologique, de la recherche appliquée plus technologique. Il n'eut pas l'instrument de ses ambitions suffisamment tôt pour avoir dans la recherche la place qu'il tint en clinique, en pédagogie et en politique. Nombre de travaux de recherche clinique en radiopédiatrie furent réalisés par les premiers collaborateurs de J. Lefebvre, notamment Clément Fauré, soit aux Enfants Malades, soit dans leurs propres fiefs, quand ils furent appelés à devenir chef de service. Les « marotteauses » n'auraient pu être décrites sans les radiopédiatres. On ne saurait oublier le lancement de la radiologie vasculaire pédiatrique ni les travaux de neuroradiologie de Gérard Debrun et de Max Hassan. Jacques Lefebvre est à l'origine de la fondation des « Annales de Radiologie. », première revue radiologique fonctionnant sur le mode du "peer-review". La recherche radiologique aux Enfants Malades prit une nouvelle ampleur, vers 1979, sous l'impulsion de Laurent Garel, avant son départ pour le Canada en 1983, notamment par ses travaux sur l'échographie pédiatrique. Francis Brunelle, adjoint de Denis Lallemand quand il succéda à Jacques Sauvegrain en 1985, tira le plus grand profit de l'implantation du nouveau complexe d'imagerie multi-modalités et de son orientation neuroradiologique. Spécialiste réputé de l'angiographie et de l'embolisation vasculaire et chef de service depuis 1997, il diversifie actuellement ses champs d'action vers l'imagerie fonctionnelle en IRM et la fœtologie. Guy Sebag fut formé chez eux avant de devenir l'adjoint de Max Hassan, à l'hôpital Robert Debré.

A Necker, le rôle joué par J-A Sicard et J Jacques Forestier ne fait que sortir de l'oubli. Oubliée aussi la performance de Chappuis et Chauvel, plus ancienne mais aussi exemplaire. Leur exemple ne semble donc n'avoir inspiré aucun des radiologues de la génération du plein-temps hospitalo-universitaire, y compris l'auteur de ces lignes.

Jean-René Michel fut un pionnier de l'angiographie rénale, notamment chez le transplanté rénal, où elle remplaça une médecine nucléaire inexistante. De même s'attacha-t'il à de grands travaux pour identifier les tumeurs rénales par l'artériographie, utilisant notamment l'angiotensine. L'école de Michel développa son programme de recherche dés l'ouverture du service de la Clinique du Rein en 1968. Tout s'y prêtait, tant la richesse des thèmes que la proximité de tuteurs néphrologues et urologues de classe exceptionnelle. Jean-Pierre Grünfeld rapporta de son séjour à Boston, chez JP Merrill et NK Hollemberg, une somme de projets qui impliquaient un fort investissement des radiologues. Avec lui et, entre autres, Dieter Kleinknecht, Joseph Sabto, Henri Kreis, Claude Barbanel, Dominique Ganeval, furent explorés les insuffisances rénales aigues et les hypertensions artérielles des reins greffés ou natifs, par des cathétérismes supersélectifs des vaisseaux rénaux, des artériographies, des épreuves pharmacodynamiques complexes. Avec de tels maîtres, le radiologue apprit la rigueur expérimentale, l'honnêteté intellectuelle, le calcul statistique et l'anglais médical. La néphrotoxicité des produits de contraste fut de tout temps un handicap au développement de la radiologie chez les insuffisants rénaux : on s'attela à en déchiffrer les mécanismes avec D. Kleinknecht, Nicole Hinglais, P. Jungers, Dominique Ganeval, Dominique Droz et Laure-Hélène Noël.

A partir de la thèse de Philippe Grenier, s'échafauda un grand travail de démembrement des atrophies rénales segmentaires, auquel s'associèrent pendant plusieurs années, Jean-Pierre Grünfeld, Jacob Cukier et Renée Habib; la méticulosité des recherches radiologiques et endoscopiques des reflux vésico-rénaux, chez J-R Michel, fit mettre à leurs vraies places les relations entre les hypoplasies segmentaires d'Ask-Upmark, les lésions du reflux selon C-J Hodson, les infections urinaires et certaines hypertensions artérielles de l'enfant et de l'adulte.

L'introduction de l'échographie numérique de haute définition, en 1979, avec le prototype Sonia de la CGR, permit de remarquables percées dans le diagnostic des maladies de l'appareil uro-génital. Elle fut aussi à l'origine de l'échographie du corps thyroïde avec Gabriel Vallée. Dès que cette dernière fut au point, s'ensuivit celle des parathyroïdes avec Tilman Dr Druëcke et Claude Dubost. L'échographie du sein démarra simultanément, avec Nicole Sterkers et Pierre Mauvais-Jarvis.

Une longue parenthèse fut imposée, à partir de 1980, quand l'AP décida de ne pas implanter les nouvelles technologies d'imagerie médicale sur le site, à la grande consternation de J Sauvegrain, J-R Michel et de leurs collaborateurs. La recherche radiopédiatrique se relança avec le complexe installé en 1985 et l'arrivée de Francis Brunelle. Michel eut le mérite de s'attacher au groupe multidisciplinaire qui lança la lithotritie extracorporelle par l'onde de choc et repérage radiologique, première mondiale permise par l'installation du prototype "baignoire" de chez Dornier, offert généreusement par un mécène à Jacob Cukier qui le mit à la disposition de l'AP-HP.

A RAVENSBRÜCK

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