BROUILLON DE L'ARTICLE INCLU DANS LE DOSSIER "RISQUE NUCLÉAIRE" PARU DANS LA REVUE DES AIHP /
Jean-François Moreau[1] :Maurice Tubiana, je vous interviewe au Centre Antoine Béclère[2], baptisé au nom du père de la radiologie clinique à tous et dont vous êtes le Président Honoraire. Électroradiologiste des hôpitaux de Paris, vous avez dirigé l'Institut Gustave Roussyde Villejuif en tant que radiothérapeute et un Espace y a été ouvert qui porte votre nom[3]. Parmi les titres de votre parcours glorieux, vous avez présidé l'Académie des Sciences et l'Académie Nationale de Médecine, en chevauchant par-dessus l'an 2000, ses espérances et ses déceptions. Nous avons eu la chance de travailler conjointement au succès du XVIe Congrès International de Radiologie de Paris en 1989. Nous avons présidé, vous l'International Society of Radiology de 1986 à 1993, moi sa Radiodiagnostic Section qui fut créée à Hawaï en 1985. Nous nous connaissons bien, ce qui va permettre d'approfondir, sans langue de bois ni a priori courtisan, votre rôle dans la création d'une politique médicale nationale ouverte sur la science de l'atome.
Nommé au concours de l'Internat des hôpitaux de Paris en 1946 et licencié ès-science physique, vous avez en effet occupé une place de pionnier international dans la création de la discipline de médecine nucléaire. Qu'a représenté pour l'enfant de l'avant-guerre la date de 1935 qui a vu le couronnement de Frédéric Joliot et d'Irène Joliot-Curie par un Prix Nobel pour leur découverte de la radioactivité artificielle l'année précédente ? Fut-ce la révélation initiatrice d'une vocation médicale axée sur l'exploitation des radiations ionisantes ? Vous connaissiez en effet le poids qu'avait déjà pris la radiologie fondée par la découverte de Roentgen en 1895 et la curiethérapie résultant de la découverte du radium par Marie Curie, la seule personne au monde ayant reçu deux Prix Nobel ; elle avait été associée à la découverte de la radioactivité naturelle par Henri Becquerel et son mari Pierre Curie pour le premier en date. Aviez-vous vibré à la victoire de la bataille de l'eau lourde[4] qui fut un des rares exploits nationaux à l'orée de la seconde guerre mondiale ?
Maurice Tubiana : J'avais quatorze ans lors de la découverte de la radioactivité artificielle dont j'ai pris connaissance avec intérêt, mais sans que cela m'ait produit l'éblouissement que vous espériez peut-être me voir décrire. J'ai été nommé au concours de l'externat des hôpitaux de Paris en 1938. Par la suite, ce fut la guerre, la fuite au plus loin du nazisme et du vychisme vers Algérie[5]par l'Espagne franquiste, le retour en France avec le corps expéditionnaire d'Italie du Général Alphonse Juin et la Résistance. En revanche, dès l'annonce de l'explosion des bombes atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki en 1945, j'ai compris qu'il fallait que j'allie la médecine que j'allais pratiquer pendant l'internat à l'exploration scientifique de cette nouvelle énergie fabuleusement puissante. Médecin et physicien, j'ai été recruté par Frédéric Joliot qui venait d'être nommé Haut-Commissaire à l'Énergie Atomique et j'ai pu me mettre à étudier quelques radio-isotopes produits par son cyclotron de Saclay, à dire vrai fort poussif. C'est le même Frédéric Joliot qui me conseilla de partir pour les USA où il savait que se développaient des recherches dont les fruits étaient déjà époustouflants. Par Louis Bugnard[6] qui était le Directeur de l'Institut National d'Hygiène, l'ancêtre de l'Inserm, j'ai obtenu une bourse qui m'a permis de passer un an à l'University of California at Berkeley de 1947 à 1948. Ce fut une année miraculeuse auprès du grand John H Lawrence[7]. J'y ai découvert une médecine moderne - evidence-based medicine - qui bannissait le ????, le psittacisme et l'empirisme. Il y avait foison de Prix Nobel, de cliniciens, de biologistes qui travaillaient ensemble dans la collégialité avec des physiciens. Les médecins cumulaient trois fonctions dans le même rôle : soins, recherche clinique et recherche sur l'animal de laboratoire et la paillasse. Ils disposaient du matériel nucléaire le plus moderne dérivé de l'industrie militaire. C'est à Berkeley que furent mis au point les cristaux à oscillation puis, en 1953, la gammacaméra à scintillation de Hal Anger. J'y ai appris l'existence de nouveaux isotopes applicables en médecine. À mon retour, je terminai mon internat tout en travaillant avec Frédéric Joliot. En 1950, grâce au soutien de Robert Debré et de Robert Coliez[8], j'ai pu ouvrir un petit laboratoire de radio-isotopes aux Enfants-Malades. J'y ai spécialement développé les applications de l'iode radioactif à des fins diagnostiques et thérapeutiques sur le corps thyroïde. Thérèse Planiol vous évoquera les travaux que nous y avons faits ensemble.
Jean-François Moreau : Un médecin promis à appartenir à l'establishment pouvait-il s'entendre avec un savant aussi ouvertement marxiste que Frédéric Joliot ? Il était membre du Parti Communiste Français et il avait été le Président de l'Appel de Stockholm[9] de 1950 qui marqua une date pour les hommes de gauche hostiles aux programmes nucléaires occidentaux.
Maurice Tubiana : D'abord le savant avait une stature authentiquement respectable et très respectée. C'est en toute connaissance de cause que Charles de Gaulle lui confia la création et la direction du CEA en 1945. Les partis communistes marxistes-léninistes, en France comme dans les pays de l'Est, ont toujours été favorables au nucléaire. Mais Staline redoutait l'invasion de l'URSS par des Alliés à la force atomique surpuissante et vice-versa. Ce fut la guerre froide, le rideau de fer et l'équilibre par la terreur. Les marxistes proclamèrent l'appel de Stockholm pour obtenir l'arrêt de la recherche nucléaire à visée militaire. Joliot croyait qu'il était possible de dissocier la recherche civile, qu'il appuyait de tout son poids, de la recherche militaire qu'il redoutait. J'étais de ceux qui pensaient que c'était une utopie et je n'ai pas signé cet appel. La suite nous a donné raison. Mendès-France a lancé le programme militaire français en 1954. Jusqu'à ce jour, il y a toujours eu une majorité politique largement étalée de la droite à la gauche non-extrémiste pour que cette orientation soit maintenue durant toute la Ve République.
Jean-François Moreau : Vous êtes donc un membre du lobby du nucléaire depuis son origine et vous n'en rougissez pas ?
Maurice Tubiana : Oui, j'en fais indiscutablement partie. Non, je n'en éprouve nulle honte, mais comprenons nous bien. Du fait de la rareté des experts et mon implication précoce, j'ai été appelé dès 1953 à occuper le siège de la France à l'International Commission of Radiation Protection (ICRP) dont le siège est à Stockholm avec un bureau londonien. J'y trouvais des collègues qui traitaient les données provenant de l'énorme élan de recherches civiles et militaires sur les effets de la radioactivité artificielle sur la matière vivante. J'y apportais ma propre connaissance clinique et expérimentale des effets bénéfiques et nocifs des radiations ionisantes. Je suis donc devenu un expert fréquemment consulté par les pouvoirs politiques, des gaullistes aux socialistes, François Mitterrand inclus. Je suis entré au Conseil d'administration du CEA et de l'EDF, à titre bénévole sans aucune rémunération. Raymond Latarjet[10] et moi avons signé un rapport pour le gouvernement de ???? donnant un avis biomédical favorable à la création de centrales nucléaires. Aujourd'hui les trois-quarts de la production française de courant électrique vient du nucléaire ; ce chiffre parle pour moi.
Jean-François Moreau : La catastrophe de Tchernobyl a produit un effet révélateur des dangers des radiations ionisantes sur les populations du globe peut être plus fort que celui de la bombe A quarante ans auparavant. Comment la notion de radio-toxicité a-t'elle évolué au long du XXe siècle alors qu'on ne cesse de les utiliser en médecine de façon exponentiellement croissante ?
Maurice Tubiana : La notion de cancer radio-induit date de 1903. En 1910, des expériences sur des lapins confirmèrent cette nuisance. Les pionniers de la radiologie ont été les premières victimes de leur art. Une stèle rend hommage aux quatre cents médecins et physiciens victimes mortelles des « rayons » répertoriées dans le monde. Les radiologues d'avant 1940 développaient dix fois plus de leucémies myéloïdes que leurs confrères non-pratiquants. Pierre et Marie Curie comme leur fille Irène Joliot-Curie moururent de leucémies radio-induites.
Jean-François Moreau : Puisque vous évoquez les Curie[11], ne trouvez vous pas surprenant qu'on n'ait pas étudié les conséquences de la contamination directe de leurs deux enfants, Irène et Eve, à partir du corps de Marie qui était truffé de radium (fig 1) ? Elle dut bien leur manifester quelque tendresse à expression charnelle directe!
Maurice Tubiana : Marie Curie ne fut pas uniquement la victime de la manipulation du radium. Elle avait créé durant la première guerre mondiale les ambulances Curie munies de tubes à rayons X et elle pratiqua elle-même des radioscopies sur les blessés hautement irradiantes pour elle. C'est l'occasion de rappeler que les doses d'irradiation sont cumulatives. Si Irène mourut d'une leucémie, sa fille cadette, Eve, bientôt centenaire, vit toujours en parfaite santé en Amérique et visite la France régulièrement. Ses petits-enfants, Hélène Langevin et Pierre Joliot-Curie, que je sache, n'ont développé aucun symptôme de lésion radique[12]. Dans la première moitié du XXe siècle, comme dans tous les autres corps de métiers dangereux, les médecins abordaient la notion de risque professionnel avec un autolibéralisme dont les jeunes générations actuelles ne réalisent pas la constance. Le risque infectieux, notamment de tuberculose, était quotidien et ne rebutait nul médecin clinicien. Le risque de cancer et de leucémie était accepté volontairementcar il était connu et reconnu inhérent à la fonction de radiologue.
Un virage a été pris à la Libération lorsque les résultats des études des effets des bombes atomiques ont mis l'accent sur plusieurs syndromes cliniques radio-induits. Les effets des doses fortes, de l'ordre du gray, sont bien connus. Ils sont utilisés en thérapeutique pour tuer les cellules cancéreuses par nécrose. L'irradiation totale du corps par des doses de l'ordre d'une centaine de gray ou plus, comme à Hiroshima ou au cœur de Tchernobyl, tue à coup sûr par libération massive de radicaux libres dans l'organisme, sidération des défenses, destructions des tissus hématopoïétiques... L'effet de doses non-létales est plus difficile à cerner. Il appartenait aux Japonais d'étudier les cent cinquante mille survivants des deux bombes atomiques de 1945 ; ils ont recensé avec certitude cinq cents cas de cancers à comparer avec les quatre cents victimes médicales déjà citées. La révolte des Japonais provient de ce qu'ils subirent les dommages corporels à leur insu.
Jean-François Moreau : Indignation partagée par de très nombreux sympathisants dans le monde, rappelons nous l'impact du film d'Alain Resnais « Hiroshima, mon amour [13]», sorti en 1957. La radiophobie relève donc de mécanismes complexes dont il convient d'analyser en profondeur les racines si l'on veut qu'elle ne soit pas réductrice à l'extrême dans toutes les activités humaines qui dépendent des radiations ionisantes, dont la médecine. La radio-nuisance s'exprime-t'elle de la même façon chez les humains et les animaux, chez certaines catégories d'individus par apport à leurs congénères ?
Maurice Tubiana : L'histoire des conséquences délétères de certaines formes d'irradiation médicale a conduit plus ou moins rapidement à partir des années 50 à tirer des leçons de radioprotection pour l'homme. D'abord la qualité de la survie des malades traités par la radiothérapie se révéla obérée d'un risque de cancer plus élevé, trois à cinq pour cent de plus que dans la population non irradiée. On imagine difficilement aujourd'hui la popularité des radiothérapies de jadis pour des affections bénignes, telles arthroses, panaris, verrue plantaire, myomes utérins[14]... Ces indications sont logiquement interdites car seule la gravité de la maladie cancéreuse justifie l'emploi de radiations ionisantes à titre thérapeutique. Deux autres leçons furent tirées de certaines pratiques abusives du radiodiagnostic chez les fillettes et les jeunes femmes qui développèrent à long terme des cancers du sein avec une fréquence trop élevée. L'une relevait du suivi radiologique des tuberculoses pulmonaires chroniques quand elles étaient des maladies de toute une vie avant l'antibio-chimiothérapie spécifique qui mit un terme aux traitements chirurgicaux plus ou moins mutilants. L'on mit quelques décennies pour obtenir le démantèlement des appareils de radioscopie et l'arrêt de sa pratique hors des services d'imagerie médicale, c'est fait aujourd'hui. L'autre, aujourd'hui inimaginable, relevait d'une pratique régulière à un rythme effréné de clichés du rachis pour vérifier l'évolutivité des scolioses congénitales.
Jean-François Moreau : Vous avez participé à un rapport de l'Académie Nationale de Médecine et de l'Académie des Sciences sur la nuisance des faibles doses de radiations ionisantes[15]. Sur quels arguments fondez-vous votre thèse prétendant qu'il n'est pas scientifique d'extrapoler leurs effets par rapport à ceux des fortes doses à l'aide d'une simple équation linéaire droite ?Vous êtes en contradiction avec des savants américains de l'envergure de John W Gofman[16], émule de Robert Oppenheimer, que vous avez peut-être connu à Berkeley.
Maurice Tubiana : André Aurengo et moi accordons une très grande importance aux constatations épidémiologiques sur la prévalence du cancer dans les populations indigènes des régions du globe où la radioactivité naturelle est dix fois supérieure à celle de la moyenne des autres pays (50 à 100mSv/an contre 1 à 6mSv/an). C'est le cas du Kerala et de quelques provinces chinoises et brésiliennes. La fréquence générale du cancer n'y est pas statistiquement plus élevée.
(merci de développer)
Jean-François Moreau : Et pourtant Marie Curie isola le polonium puis le radium du minerai de pechblende extrait de mines de Bohème où l'on connaît depuis des siècles un mal pernicieux, en fait des cancers du poumon. Est-ce la faute de ce fameux radon que la terre entière exhale naturellement ?
Maurice Tubiana :
(merci de développer)
Jean-François Moreau : C'est en France qu'ont été découvertes les deux radioactivités, naturelle et artificielle. Est-il arrogant de penser que cette ancienneté lui donne une aura positive dans le domaine de la prévision des risques et de leur prévention ? Comme Fermi qui s'enfuit d'Italie à Londres à l'occasion de la remise de son Prix Nobel à Stockholm, Joliot démontra devant la guerre un sens aigu de ses responsabilités, notamment en soustrayant un stock d'eau lourde à la convoitise nazie. Ses successeurs pourraient-il peu ou prou appartenir à la race des savants type docteur Folamour[17] ?
Maurice Tubiana :
(merci de développer)
Jean-François Moreau : Vous revenez d'un symposium tenu à Budapest pour tirer les conséquences de Tchernobyl, vingt ans après l'explosion du réacteur et la dissémination du nuage finalement sur toute l'Europe continentale. Vous connaissez le regain actuel d'animosité contre la façon dont le SCPRI a traité la carte de la radioactivité lors du passage du nuage sur le territoire français[18]. D'où la mise en examen de Pierre Pellerin et le doute s'étend jusqu'à la véracité des données d'un rapport récent de l'Académie des Sciences, elle-même mise sur écoutes téléphoniques[19]. Rappelons que Jacques Chanteur, son adjoint d'alors, avait été l'un des orateurs de notre symposium d'ICR'89, trois ans après la catastrophe. J'ai le souvenir d'un débat objectif, sérieux, documenté, nullement polémique et bien orienté vers les conséquences prévisibles du sinistre sur la santé des populations.
(merci de valider ces propos ou de les modifier s'ils ne correspondent pas à vos opinions, la question restant posée en ces termes)
Maurice Tubiana : Pierre Pellerin pensait depuis longtemps que l'angoisse devant le risque nucléaire fait plus de victimes que la radioactivité elle-même. Très vite en mai 1986, l'illusion selon laquelle le nuage se serait arrêté pile sur la rive droite du Rhin, grâce à un anticyclone des Açores complaisant, s'était dissipée. À Budapest, j'ai pu mesurer, en écoutant les rescapés de tous endroits de la région d'Europe Centrale, les dégâts psychologiques catastrophiques provoqués par les réactions d'angoisse puis de panique provoquées par l'attitude des autorités soviétiques[20]. Cloîtrés sur place ou déportés dans des camps à longue distance, des milliers de rescapés ukrainiens, biélorusses et russes, réellement ou supposés contaminés, sont encore aujourd'hui considérés comme des parias. Ajoutées à la famine et à la dénutrition, dépressions mentales, suicides, avortements provoqués... se comptent par milliers. Dans les pays d'outre-Rhin très marqués par la vague écologiste, une forte pression anxiogène a été mise par les medias sur les populations et il en résulta les mêmes syndromes psychosomatiques et un nombre considérable d'avortements « prophylactiques ». En France, par contre, il faut se féliciter que les autorités gouvernementales comme les experts scientifiques aient, non pas nié l'existence d'une augmentation de la radioactivité consécutive au passage du nuage, mais mis en valeur la faiblesse des doses en becquerels retombées sur le territoire avec les pluies. Notre côté du Rhin n'a pas eu à souffrir d'une morbidité par angoisse similaire, et il faut s'en réjouir. De toute façon, le silence soviétique, en imposant un délai d'une semaine aux Européens de l'Ouest pour agir efficacement, les a rendus involontairement impuissants, par exemple pour prescrire en temps utile une préparation iodée saturant préventivement la thyroïde. Les controverses actuelles sont fortement biaisées par des considérations philosophiques, morales et politiques, sous-tendues elles-mêmes par une situation économique internationale remettant en cause les sources d'énergie nucléaire. La justice jugera le cas Pellerin.
Jean-François Moreau : Tout le monde s'accorde à dire que la façon de communiquer fait voir la radio-nuisance en blanc, gris ou noir, selon la thèse que l'on veut privilégier. Vous avez professé un enseignement universitaire pendant toute votre vie académique dont le contenu fut cohérent avec ce que vous venez d'exprimer, ici comme dans vos livres[21]. Révérence gardée, ceux qui vous connaissent savent que vous êtes un anxieux constitutionnel mais parfaitement maître de lui-même quand vous êtes en représentation. Comment voyez vous évoluer la radiophobie d'une humanité angoissée en permanence par l'expansion du modernisme technoscientifique, avec l'option « retour à l'âge de pierre » comme principale sinon unique alternative, redoutée par Albert Einstein lui-même ? À l'orée du XXIe siècle, comme voyez vous se profiler le langage scientifique à l'usage des masses et des individus de toutes qualifications ? En d'autres termes, qui gagnera l'Oscar de la sagesse? L'or du silence ou l'argent de la parole ?
Maurice Tubiana : (merci de conclure selon vos inspirations)
[1] - Interview réalisée le 19 juin 2006 - validée le ????????????
[2]http://www.centre-antoine-beclere.org/
Le Centre Antoine Béclère, association sans but lucratif, a été créé par Claude et Antoinette Béclère en mémoire de leur père Antoine Béclère (1856- 1939) pour maintenir le rayonnement international imprimé à la Radiologie. Dès 1929 Antoine Béclère avait été l'animateur du Congrès International de Radiologie tenu à Paris. Maurice Tubiana, président de l'International Society of Radiology (ISR), choisit le Centre A. Béclère pour siège des réunions préparatoires au Congrès International de Radiologie (Paris, juillet 1989). Il est le siège et le lieu de réunions de nombreuses sociétés savantes de radiologie, radiothérapie de médecine nucléaire et de radioprotection. Son siège est localisé à l'UFR Bio-Médicale des Saints Pères (Université René Descartes Paris 5), 45, rue des Saints Pères 75270 Paris Cedex 06. Lire : Antoinette Béclère, La vie et l'œuvre du docteur Antoine Béclère.JB Baillière, Paris, 1973. L'ISR a créé en 1996 une Béclère Lecture et une Béclère Medalbiennalement attribuées lors des ICR, en remerciement de la généreuse donation que lui fit Antoinette Béclère lors d'ICR'73, Madrid.
[3] http://www.igr.fr/php/index.php?ids_path=1.182.160
[4] Le film « La Bataille de l'eau lourde » de Jean Dreville avec Hans von Halban, Frédéric Joliot, Lew Kowarski et Raoul Dautry qui jouent leur propre rôle, date de 1948. http://www.fondationresistance.com/actualites/nousavonslu19.htm
[5] Maurice Tubiana naquit à Constantine en Algérie en 1920.
[6] http://picardp1.ivry.cnrs.fr/INHINS.html
[7] John H Lawrence (1904-1991), fondateur de la médecine nucléaire américaine et Prix Fermi, est le frère cadet d'Ernest O Lawrence (1901-1958), Prix Nobel de Physique. Tous deux physiciens nucléaires à l'UC Berkeley, ils donnèrent leur nom au Lawrence Radiation Laboratory. (http://www.lbl.gov/)(http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?cmd=Retrieve&db=PubMed&list_uids=395286&dopt=AbstractJohn)
[8]Chef du service de radiothérapie de l'hôpital Necker de 1928 à 1958.
[9] http://fr.wikipedia.org/wiki/Appel_de_Stockholm
L'appel de Stockholm est une pétition contre l'armement nucléairelancée par le Mouvement mondial des partisans de la paix, d'inspiration communiste et Frédéric Joliot-Curie le 18 mars1950. Il fut signé notamment par Frédéric Joliot-Curie (premier signataire), Jacques Chirac,Yves Montand, Simone Signoret, Gérard Philipe,Maurice Chevalier, Pierre Renoir,Marcel Carné,Jacques Prévert, Marc Chagall,Armand Salacrou, Henri Wallon, Louis Aragon, Pablo Picasso (son dessin de la colombe de la paix fut l'emblème de l'appel)... En réponse à l'Appel de Stockholm, Jean-Paul David, maire de Manteset député radical de Seine-et-Oise, créa dès 1950 l'organisation "Paix et Liberté" (1950-1955), à laquelle il alloua un but : répondre à la propagande diffusée par le PCFauprès des Français. L'organisation obtient le soutien de René Pleven, président du Conseil de l'époque, ainsi que de nombreux hommes politiques de l'époque. Avec la fuite à Moscou de Klaus Fuchs et Bruno Pontecorvo en 1953, l'Occident fut choqué par la découverte que des savants espions avaient très tôt transmis les secrets atomiques américains à l'URSS (http://www.tribunes.com/tribune/alliage/22/esco.htm). L'expérience s'arrêta en 1955, par suite du dégel des relations internationales après la mort de Staline, annoncé par le livre d'Ilia Ehrenbourg « Le Dégel » paru en 1954, favorisé par Malenkov (http://www.russie.net/litterature/ehrenbourg.htm). Celui-ci vite remplacé par Boulganine et Khrouchtchev, la troisième guerre mondiale fut évitée de justesse en 1962 et le « téléphone rouge » fut installé entre Khroutchev et Kennedy en 1963.
[10]http://www.curie.u-psud.fr/Hommage/latarjet.html
[11]http://www.curie.fr/fondation/musee/irene-frederic-joliot-curie.cfm/lang/_fr.htm
[12] Rappelons la guérison de l'aplasie médullaire totale des physiciens nucléaires yougoslaves irradiés traités par Georges Mathé, en 1959, par une greffe de moelle osseuse, première mondiale. Ce succès ouvrit la porte aux premières tentatives de greffe rénale après irradiation corporelle totale. Il partagea le Prix Medawar 2002, attribué pour cette recherche, avec l'urologue René Küss récemment décédé.
[13]http://www.cndp.fr/Tice/teledoc/dossiers/dossier_hiroshima.htm
[14] Jean-René Michel racontait à ses internes comment un distingué radiologiste des hôpitaux de Paris se faisait remettre en forme par une séance d'irradiation matinale du corps de 5r prodiguée par sa surveillante, ce qui ne l'empêcha de vivre bien au-delà de sa retraite jusqu'à un âge très supérieur à la moyenne des Français de sa génération.
[15] Rapport adopté par l'Académie de Médecine le 5 octobre 2004 et le 22 février 2005 par l'Académie des Sciences. La relation dose-effet et l'estimation des effets cancérogènes des faibles doses de rayonnements ionisants. (Maurice Tubiana et André Aurengo au nom d'un groupe de travail). http://www.academie-medecine.fr/recherche/recherche.cfm/
[16] http://www.ratical.org/radiation/CNR/JWGcv.html,http://www.ratical.org/radiation/inetSeries/nwJWG.html
Lire le chapitre « Les « contres » inconditionnels ». In G Charpak, RL Garwin, V Journé. De Tchernobyl en tchernobyls. Odile Jacob, Paris, 2005, pp124-127.
[17] Film de Stanley Kubrick(UK,1964) : Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb, avec Peter Sellers. http://fr.wikipedia.org/wiki/Docteur_Folamour
[18] http://www.dissident-media.org/stop_nogent/107_retour_tcherno.html
[19]http://www.lemonde.fr/cgibin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=952587
Hervé Morin et Cécile Prieur. Tchernobyl : la manipulation de M. Pellerin. Le Monde, 13 Juillet 2006. Extrait : « Des écoutes téléphoniques le montrent : le professeur Pierre Pellerin, ancien directeur du Service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI), serait le véritable auteur de la « mise au point historique » sur l'affaire du nuage de Tchernobyl publiée en 2003 dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences. Cet article concluait qu '« en France, les retombées ont été très inférieures à celles qui auraient pu justifier des contre-mesures [sanitaires] préventives », dédouanant ainsi... le professeur Pellerin, responsable en 1986 du contrôle des retombées du nuage. »
Cécile Prieur : Nuage de Tchernobyl : une première mise en examen devrait être prononcée. Le Monde, 01 Juin 2006. Extrait : « Le professeur Pierre Pellerin, soupçonné d'avoir minimisé, en 1986, les risques de contamination radioactive, est convoqué chez la juge. La justice tire aujourd'hui les premières conséquences de la gestion par les pouvoirs publics des retombées du nuage de Tchernobyl. Ancien directeur du Service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI), le professeur Pierre Pellerin, 82 ans, a été convoqué aux fins de mise en examen pour « tromperie aggravée », mercredi 31 mai, par la juge d'instruction parisienne Marie-Odile Bertella-Geffroy. Chargée d'un dossier réunissant 500 plaignants, pour la plupart atteints de cancers de la thyroïde, la magistrate reproche à M. »
[20] Grigory Medvedev. La vérité sur Tchernobyl, VAAP, Moscou, 1989. (traduction française chez Albin Michel, 1990).
[21] Maurice Tubiana : Actualités en radiologie et radioprotection. NUCLEON, Paris, 2003.
Jeannine Lallemand, Maurice Tubiana : Radiobiologie et radioprotection. PUF, Paris, 2002.
Maurice Tubiana : Le cancer. 5e édition, PUF, Paris, 2003.
Robert Dautray, Maurice Tubiana : La radioactivité et ses applications. Que sais-je? PUF, Paris,1997.