Lettre personnelle à :

Madame Roselyne Bachelot
Ministre de la Culture

182, rue Saint-Honoré

75001 Paris

 

Le 13 juillet 2020

 

« Pour un Musée de l'AP-HP dans l'Hôtel-Dieu de Paris :

une Muse de la Santé et de la Culture ? »

 

Madame la Ministre de la Culture,

 

Je ne peux que me réjouir de savoir qu'après avoir eu de nombreuses responsabilités gouvernementales, la pharmacienne, ancienne Ministre de la Santé, est devenue la Ministre de la Culture du gouvernement Castex. Je vous ai entendue sur France Inter inciter les Français à visiter de nouveau les Musées qui ont souffert de la crise du covid-19 et du confinement. Je vous remercie pour cette volonté affichée de défendre l'un des archétypes les plus anciens de vecteurs matériels de l'histoire culturelle d'une civilisation humaniste.

 

Signataire de ce courrier, permettez-moi de me présenter:

 

JEAN-FRANÇOIS MOREAU, professeur honoraire de radiologie et imagerie médicale à l'université Paris Descartes et électroradiologiste honoraire de l'hôpital Necker, président honoraire de L'ASSOCIATION DES AMIS DU MUSEE DE L'ASSISTANCE PUBLIQUE - HOPITAUX DE PARIS (ADAMAP), est aujourd'hui le président-fondateur de L'ACADEMIE DES SCIENCES, ARTS ET TECHNOLOGIES DE L'IMAGERIE MEDICALE (ACSATIM).

 

Depuis sa fondation au début du XXIème siècle et c'est sa seule mission statutaire, l'ADAMAP défend et illustre le Musée de l'AP-HP avec constance et acharnement, en étroite collaboration avec son officiel conservatoire, mais sans soumission hiérarchique à la Direction Générale de l'AP-HP.

 

Alors que vous étiez Ministre de la Santé et des Sports en 2010, la décision abrupte de vendre l'Hôtel de Miramion a été prise par Mr Benoît Leclercq, DG de l'AP-HP pour encore quelques semaines. Une telle décision, qu'à titre personnel et privé je désapprouvais, car une vénérable institution comme l'AP-HP vend son âme quand elle coupe ses racines pluriséculaires, impliquait le fermeture à très court terme du Musée de l'AP-HP que l'immeuble abritait. Favorable, semble-t-il, à cette nouvelle philosophie budgétaire qui veut faire table rase du passé, vous aviez interdit à monsieur Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture, d'inclure la station qu'il comptait faire quai de la Tournelle à l'occasion de l'immédiate Nuit des Musées.

 

Comme c'était son devoir, l'ADAMAP s'insurgea contre une fermeture brutale et irrémédiable du Musée de l'AP-HP. Réincarnation de David face à un nouveau Goliath, elle monta en urgence une machine de guerre impressionnante avec une mobilisation des sympathies sur les Cinq Continents de la Planète. En septembre, l'AP-HP renonça provisoirement sinon définitivement à la fermeture du Musée. Le bureau de l'ADAMAP, malgré son désaccord avec la Direction Générale, n'avait pas pour objectif le refus de vente de l'Hôtel de Miramion. Il avait déduit de son étude de l'état-de-l'art que le Musée était trop à l'étroit dans cet immeuble. L'attestait le fait que l'ancienneté du patrimoine matériel qu'il conservait, héritier de l'hôpital de la Charité fermé en 1934, s'arrêtait au tout début du XXème siècle. Manquait cruellement l'inventaire et l'exhibition de l'histoire hospitalière moderne. Or, le public des écoles professionnelles métropolitaines qui constituait un vaste compartiment des visiteurs voulait principalement savoir ce qu'ils/elles étaient trente ans auparavant.

 

A la fin du mois de décembre 2010, l'Assemblée Générale de l'ADAMAP, réunie à l'Académie Nationale de Médecine, vota à l'unanimité une motion réclamant le transfert du Musée dans l'Hôtel-Dieu. Sous la Direction Générale de madame Mireille Faugère, il fut acquis que l'insertion d'un nouveau Musée agrandi serait partie intégrante du projet global d'Hôpital Universitaire de Santé Publique (HUSP) élaboré sous l'ombrelle des professeurs Lombrail et Fagon à développer dans le nouvel Hôtel-Dieu. D'ici-là, le Musée resterait ouvert dans l'Hôtel de Miramion. En fait, la vente de ce dernier à Xavier Niel en juin 2012 puis l'occupation de l'Hôtel-Dieu mirent fin à la carrière hospitalière de Mme Faugère et à l'abandon le projet d'HUSP. Après le chant du cygne que fut l'intronisation du professeur Alain Laugier au grade de commandeur de la Légion d'Honneur à l'origine d'une somptueuse cérémonie, l'Hôtel fut fermé au public et les collections du Musées furent entreposées dans différents locaux, principalement les sous-sols de l'hôpital de Bicêtre où il est en ce jour en état de mort apparente.

 

En collaboration ou séparément, l'ADAMAP et l'ACSATIM ont approfondi ce que devrait être un nouveau projet de Musée tenant compte de l'historique de l'évolution contemporaine du concept de Santé Physique, Mentale et Sociale spécialement mis aujourd'hui à l'épreuve par le développement de pandémies à répétitions et des prévisions plus ou moins apocalyptiques de désastres écologiques à l'échelle de la Planète. Très clairement, le monde terrestre n'était pas préparé à affronter pragmatiquement, sereinement et efficacement l'irruption intempestive du coronavirus covid-19. Nul ne sait quand ni comment l'économie planétaire repartira, dans une perspective prospère ou dans un contexte guerrier. Après l'UNESCO, c'est l'OMS qui est mise à mal par la politique de Donald Trump. Depuis quelques mois, la grande presse se fait l'écho de sollicitations de personnalités telles Stéphane Bern, Didier Rykner et Jean Deleuze pour que soit sérieusement étudiée l'incorporation d'un musée dans l'Hôtel-Dieu à intégrer dans le contexte culturel de la Cathédrale Notre-Dame de Paris dévastée par un incendie imprévisible. Durant des siècles, les hôpitaux ont dû être reconstruits du fait d'incendies ou de guerres. Toujours, l'architecture des nouveaux bâtiments a bénéficié de la prise en compte de l'amélioration des connaissances du passé récent en matière de médecine et d'hygiène mais aussi du contexte sociologique de l'époque.

 

L'Hôtel-Dieu actuel est une très belle construction haussmannienne qui doit être conservée mais qui n'est pas classée à l'inventaire des Monuments Historiques ni inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. Ses 55000 mètres carrés ne sont plus adaptés à la pratique de la médecine de soins hospitaliers du XXIème Millénaire. Différents concepts ont été présentés pour l'utilisation de ce volume. La plus récente, émanant de Stéphane Bern et al., voudrait en faire un hospice. Selon Le Monde du 19 décembre 2019, « « L'AP-HP a déjà déposé auprès de la préfecture d'Ile-de-France une demande de permis de construire pour restructurer, moyennant une centaine de millions d'euros, les deux tiers de l'Hôtel-Dieu. Les travaux sont censés démarrer en 2020, pour s'achever en 2025. Le tiers restant, soit 20 000 m2, sera cédé au développeur immobilier Novaxia pour un bail de quatre-vingts ans... En mai, l'AP-HP a choisi, avec le soutien, alors enthousiaste, de la Ville de Paris, le projet porté par Novaxia et d'autres investisseurs privés pour rénover et occuper les bâtiments situés du côté du parvis de Notre-Dame, autour de trois grandes cours et du jardin central. Ils y installeront des cafés, un restaurant, des commerces, un incubateur d'entreprises de santé, une maison du handicap, une crèche... ». L'ADAMAP, qui, en tant que personne morale, n'a pas vocation à statuer sur le futur projet global de transformation de l'Hôtel-Dieu, ne peut que déplorer l'absence de Musée dans le projet de l'AP-HP. Elle se félicite de son existence dans la requête de Stéphane Bern.

 

Votre illustre prédécesseur, André Malraux, l'avait proclamé : « Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas ! ». Bien avant lui, Juvénal souhaitait « une âme saine dans un corps sain » à une époque ou santé et sainteté étaient métaphysiquement corrélées. Il est donc parfaitement logique et cohérent de lier les sorts du couple Cathédrale et Hôtel-Dieu à tous les plans, sanitaires et culturels. D'ailleurs, leur édification respective dans l'île de la Cité fut décidée durant la décennie 1160 par le roi Louis VII et l'évêque Sully. L'ADAMAP n'espère qu'une chose : pouvoir démontrer haut et fort sa vitalité et son talent en venant s'associer aux corps de métiers qui seront en charge du renouveau de l'Hôtel-Dieu magnifié par l'addition d'un Musée hospitalier moderne exemplaire qui n'existe pas en France, y compris à Lyon. Il faut un pendant contemporain aux somptueux Hospices de Beaune.

 

Le paradigme unissant SANTE et CULTURE est le fondement de la réflexion que mène en profondeur l'ACSATIM depuis l'enterrement du plan Lombrail-Fagon. Pour qu'un projet innovant prenne corps, il faut une métaphysique sachant cimenter fructueusement deux ferments naturellement souvent antagonistes : valoriser un patrimoine matériel et le financer. Jusqu'à présent, le volet financier défavorable à l'AP-HP a prévalu pour justifier la fermeture d'un Musée et refuser sa réinstallation. Pourquoi gaspiller de l'argent que l'on n'a pas quand on est en détresse économique et financière ? pense le technocrate. Très paradoxalement, mais seulement en apparence, les très grandes crises peuvent être à l'origine de projets audacieux autant que roboratifs. C'est ainsi que fut créée, dans les années 1930, la Confrérie du Tastevin par les vignerons bourguignons alors en détresse économique car ils ne vendaient plus leurs vins malgré leur qualité aristocratique ; cette initiative leur apporta une nouvelle clientèle et une prospérité aujourd'hui pérenne.

 

A la même époque, en 1934, Louis Mourier, DG de l'Assistance publique à Paris, décida de fonder un Musée pour recueillir le patrimoine matériel résultant de la destruction de l'hôpital de la Charité ; il le domicilia dans l'Hôtel de Miramion qui fut dans le passé, vous pharmacienne ne pouvez l'ignorer, la Pharmacie Centrale des Hôpitaux de Paris, héritée du Jardin des Simples et de l'Apothicairerie des Pauvres de madame de Miramion. C'est donc bien sa génétique que l'AP-HP a brûlée quand elle a vendu l'Hôtel de Miramion. Une telle attitude « sacrilège » va à contre-courant de la pensée de très nombreuses sociétés et institutions publiques ou privées, lucratives ou non, notamment dans les mondes dominants anglo-saxons et maintenant extrême-orientaux, qui veulent vanter leur histoire, d'autant plus valorisante qu'elle est plus authentiquement ancienne et exhibable.

 

« Si tu ne sais pas où tu vas, sache au moins d'où tu viens », ce vieil adage africain est devenu universel. Le désarroi dans lequel l'humanité est présentement plongée avec la pandémie de covid-19 est d'autant plus difficile à conjurer qu'aux plus hauts sommets des hiérarchies comme aux plus bas, règnent la confusion et les contradictions. L'une des causes est l'absence de mémoire collective de l'infectiologie depuis la préhistoire - touchant la SANTÉ -, une autre est l'absence de connaissance géographique et socio-économique planétaire - branche de la CULTURE.

 

Parlons ARGENT et d'abord de RENTABILITE. Il faut différencier budget d'investissement et budget de fonctionnement. Dans un premier temps, l'ACSATIM a étudié les conditions de la rentabilité d'un Musée sous la nécessaire contrainte de l'auto-suffisance budgétaire. Un Musée de l'AP-HP dans l'Hôtel-Dieu doit avoir un tel pouvoir d'attractivité qu'il draine une clientèle nationale francophone se comptant en multiples de 10 000 visiteurs par mois au bout de trois ans d'existence. Avant sa fermeture, l'on comptabilisait les entrées sur un chiffre moyen de l'ordre de 20 000 par an, ce qui est peu mais la promotion du musée était relativement confidentielle. Parallèlement, au moins un visiteur sur trois devrait devenir membre d'une Fondation à but non lucratif. Ces objectifs peuvent être espérés remplis grâce au développement complémentaire de ressources à buts lucratifs. Certains musées se dotent d'une galerie commerciale vendeuse d'objets matériels ou virtuels conçus à partir du patrimoine matériel exposé ; l'hôpital est une source inépuisable de thèmes à l'origine de jeux éducatifs. Les expositions permanentes ou temporaires, fréquemment et au moins annuellement renouvelées, collant aux thématiques de l'actualité récente ou en cours doivent être proposées en direction du grand public. Toutes ces sources de recettes sont connues et tout corps conservatoire doit savoir les concevoir et les promouvoir grâce à une bonne entente et collaboration avec les médias publics et privés sympathisants.Le meilleur modèle de succès dont le Musée de l'AP-HP doit s'inspirer est à Londres avec le WELLCOME TRUST, fondé en 1938, dont le capital est de 25 milliards de livres sterling.

 

L'EDUCATION parentale, scolaire, universitaire, technique, et la formation continue du citoyen depuis son enfance jusqu'à sa fin doivent lui permettre de gérer avec le maximum d'autonomie et de succès toutes les situations mettant sa SANTÉ en jeu. Il faut certes savoir dépister et traiter une maladie déclarée. Il faut aussi voire surtout prévenir les altérations de cet état de bien-être physique, mental et social qui n'a pas de prix mais aura toujours un coût pour l'individu et la société. Le musée de l'AP-HP installé dans l'Hôtel-Dieu doit avoir une mission éducative poussée grâce à son implantation dans un ensemble qui fut constamment universitaire dès lors qu'il quitta son statut d'hospice notamment sous le règne de Desault et son glorieux successeur Dupuytren. L'ADAMAP a démontré tout son savoir et ses talents dans ses programmes de Conférences et de visites hospitalières depuis sa fondation. Le vivier pédagogique, tant au sein de l'AP-HP que de la République Française, est pléthorique et il n'épuisera jamais le sujet. Le confinement imposé par le covid-19 a mis en évidence l'indispensable ouverture des citoyens de tous âges à la notion de TRAVAIL À DOMICILE, autorisé grâce à la couverture du territoire par l'Internet. Il faut professionnaliser cette nouvelle aventure sociale - qui inclue TELEMEDECINE et Téléconsultation - par une pédagogie sophistiquée de l'emploi des médias. Le Musée de l'AP-HP doit avoir son STUDIO D'ENREGISTREMENT MULTIMEDIA.

 

L'ACSATIM a poussé plus loin sa réflexion. Le Musée de l'AP-HP doit être une institution à but CULTUREL, génératrice d'œuvres artistiques et de profits financiers tendant à la rendre asymptotiquement auto-suffisante et intellectuellement musclée. La renommée mondiale de Notre-Dame de Paris est liée à sa valeur symbolique pour la chrétienté. Mais, elle est assise et confortée par le chef-d'œuvre éponyme de Victor Hugo et ses dérivés théâtraux joués dans le monde entier. L'Hôtel-Dieu, temple de la SANTÉ, doit inspirer le monde littéraire et artistique pour la création d'œuvres scéniques et télévisuelles illustrant la conquête de l'humain pour que son corps et son mental soient et restent sains.

 

Le décès inopiné de trois femmes remarquables de nos amies, Ménie Grégoire, Régine Deforges et France Roche, n'a pas encore permis à l'ACSATIM de concrétiser la réalisation d'une bio-fiction faisant se rencontrer sur le parvis deux héroïnes du temps de Louis XIV : Madame de Miramion, héritière de Saint-Vincent-de-Paul et de Louise de Marillac, mère spirituelle de l'Assistance publique, et la courtisane Ninon de Lenclos, dont le couple structuré comme Hécate illustrerait les deux faces du libertinage, assumé (NDL) ou subi et sublimé (MDM). Ce scenario avait séduit le cinéaste Bertrand Tavernier qui n'était regrettablement pas libre pour tourner un film qui aurait fait pendant à « Que la fête commence ». Le fonds bibliographique existe, abondant, et l'argumentaire pourrait s'inspirer des chefs-d'œuvre d'Hippolyte Wouters mis en scène par Melle Cyrielle Clair (Ninon de Lenclos ou la liberté) et de Pauline Macia (Les Moissonneurs de Dieu). N'oublions pas que Marie de Miramion fut abusée par le libertin Bussy-Rabutin, ce qui l'amena a fréquenter Saint-Vincent-de-Paul et Louise de Marillac, puis à s'investir dans les œuvres de charité de Louis XIV et créer l'Apothicairerie des Pauvres.

 

Pour l'ACSATIM, la création d'une société de production de spectacles audio et/ou visuels illustrant le couple SANTÉ-CULTURE doit s'inspirer de l'exemple de la BBC en Angleterre, génératrice d'exemplaires films, séries et documentaires à vendre sur le marché des médias, aujourd'hui boosté par le streaming. Bien faits, ils séduiraient un très vaste public, espéré planétaire grâce aux réseaux de satellites et de câbles. Les compétences existent pour lancer une telle entreprise. Pensons, à titre d'exemple, à une personne de la qualité telle la directrice d'ARTE, Mme Véronique Cayla, qui va prendre sa retraite. La francophonie est riche en talents capables de devenir de nouveaux Rouxel, Voisin, Schaeffer, vedettes du service de la recherche de l'ORTF du temps des pionniers.

 

Reparlons d'ARGENT et évoquons l'INVESTISSEMENT. Pour capitaliser la valeur du Musée de l'AP-HP, il faut connaître l'histoire mondiale des Hôpitaux et insérer l'AP-HP et son Musée dans un contexte précis remontant le plus loin possible dans un passé bimillénaire. L'ACSATIM s'y est attachée et a présenté en 2013 ses travaux à Paris dans l'amphithéâtre Lapersonne de l'Hôtel-Dieu et internationalement à Copenhague lors du congrès InclusiveMuseum. Le concept de l'HOSPITAL-HOSPICE, institution de charité dédiée aux pauvres, aux voyageurs et aux malades, sans préoccupation universitaire, est né à Byzance et s'est propagé en Europe à partir des Croisades avec la création de l'Hôtel-Dieu à Paris d'abord situé sur la Rive Gauche de la Seine, puis du St Bartholomew Hospital à Londres ; puis il diffusa jusqu'en Galice sur les routes du Pèlerinage de Compostelle ; l'Hôtel-Dieu de Toulouse, inscrit au Patrimoine de l'UNESCO est le prototype d'une reconversion culturelle réussie après sa fermeture. Le concept d'HÔPITAL UNIVERSITAIRE est né à Bagdad sous le califat d'Haroun al-Raschid sur les vestiges de la médecine nestorienne héritée d'Hippocrate ; il a essaimé vers l'Espagne dans les traces de l'invasion arabe et a prospéré à Cordoue jusqu'à la fin d'al-Andalus ; secondairement, il a essaimé à Salerne en se christianisant, puis à Montpellier pour s'épanouir à Paris avec la construction de l'hôpital de la Charité par Henri IV sur un terrain de la Reine Margot. Il n'y a pas en Europe de mémoire de l'hôpital plus ancienne que la ville de Paris, donc l'AP-HP, et son capital a une valeur inestimable. Dans le Monde, seule l'Inde possède des vestiges d'une institution sanitaire ancienne que l'on pourrait lui opposer. Sur le continent américain, les hôpitaux les plus anciens datent de la colonisation européenne avec l'Hôtel-Dieu de Québec et l'hôpital de Lima « Dos de Mayo »

 

Le Musée de l'AP-HP est déjà un magnifique conservatoire d'un patrimoine matériel ancien unique au monde. Enterré dans des sous-sols depuis 2012, il est accessible au public en partie grâce à un Musée virtuel consultable sur le sitehttps://www.aphp.fr/musee remarquable par son indigence. L'ACSATIM a eu pour but durant la seconde décennie du XXIème siècle la création d'une CHAIRE UNIVERSITAIRE DE MUSEOLOGIE HOSPITALIERE dont les fondements ont été tracés en collaboration avec la Sorbonne et l'Université de Toulouse. En 2014, a eu lieu une session spéciale consacrée à la muséologie hospitalière mondiale d'une durée de trois jours pleins, insérée dans le programme du congrès SFHST'2014 qui s'est tenu à Lyon. Le programme est consultable sur le site : http://www.jfma.fr/MUSEOLOGIE-HOSPITALIERE.html et http://www.jfma.fr/SFHST2014-25-DEF-29MARS.html. Avec des communications venues de France, de Belgique, de Suisse, des États-Unis, du Pérou et de l'Australie, il a permis d'inventorier d'immenses ressources muséologiques hospitalières qu'il conviendrait de réunir au sein d'un réseau Intranet.

 

Dans un premier temps, il conviendrait d'exhumer le trésor de l'AP-HP enfouie à Bicêtre et de regrouper en son sein plusieurs musées localisés, épars, au sein de ses hôpitaux, tels que le Musée des Cires de Saint-Louis, le Musée d'Anesthésie de la Pitié-Salpêtrière, le Musée Dupuytren abandonné par l'université Curie... Car, l'Université Paris Descartes étouffe dans ses locaux devenus trop étroits. Après avoir offert les Musées Rouvière et Orfila à Montpellier et s'être déshabillée du Centre Antoine Béclère, elle ne demanderait pas mieux que de transférer le Musée d'Histoire de la Médecine dans l'Hôtel-Dieu qui est l'un de ses hôpitaux. Il n'est pas question de spolier les villes françaises de leurs Musées quand elles les entretiennent bien. C'est ainsi que le Musée Claude Bernard tient bien sa place dans l'agglomération de Villefranche et que le Musée de Hautefort est remarquablement conservé. Mais il est inadmissible que le Musée Étienne-Jules Marey, héritier de la Station Physiologique de la Porte de Saint-Cloud fermé lors de l'extension du Stade Roland-Garros, et qui appartient au Collège de France, soit enfermé dans un bâtiment de la ville de Beaune interdit au public. Ainsi est injuriée la mémoire d'un des plus grands physiologistes français, ancêtre de l'invention du cinématographe. Sa place est dans le Musée de l'AP-HP à l'instar du Musée Charcot dont la découverte émut tant son dernier visiteur officiel, le brillant neurophysiologiste prix Nobel Roger Guillemin du Salk Institute.

 

La Belgique a mené une politique admirable de conservation de son patrimoine hospitalier. Lessines a fait de son vieil hôpital un magnifique Musée qui enrichit la ville mieux que ne fait la France à Château-Thierry. Bruxelles possède le plus beau Musée de Radiologie du Monde. Il est ahurissant de penser que la France qui a continument joué un rôle majeur dans la naissance et la croissance de la radiologie devenue l'Imagerie Médicale, tant aux plans clinique que technologique, soit incapable d'exhiber sa mémoire dans un grand Musée, tant à Paris qu'en province. Ce thème inaugura la première session de SFHST'2014. L'ACSATIM avait alors proposé que le service de radiologie d'un Hôtel-Dieu démédicalisé soit en son état actuel fermé et totalement reconverti en Musée et en centre de Télémédecine et de Télééducation.

 

Tant qu'il n'y a pas de projet solidement concrétisé, il n'y a pas d'argent et c'est une logique imparable, notamment quand il est fait appel à la finance publique dans un contexte de pénurie et socialement instable. Aujourd'hui, un beau projet muséologique à visée sanitaire et sociale, bien présenté et argumenté, génétiquement capable de s'autogérer pour fonctionner avec profit, a tout avantage à être ouvert au CROWDFUNDING. Les humains de la Planète, chrétiens ou non, se sont montrés d'une incroyable générosité quand il s'est agit de réparer Notre-Dame de Paris. Mens sana va donc s'en satisfaire. Pourquoi douter qu'un telle générosité se tarisse parce qu'il s'agit d'honorer le corpore sano ? Ni l'ADAMAP, ni l'ACSATIM ne vont demander que le futur de l'Hôtel-Dieu soit financé en tout ou partie par la cagnotte de Notre-Dame. Par contre, elles ne doutent pas du succès financier d'une campagne publique intensive de promotion multimédia d'un Musée investi d'une mission éducative et culturelle clairement affichée alors que la crise du coronavirus bouleverse les règles et les régulations. Dans un premier temps et à titre de starter, elle suggère de convoquer les 150 fortunes milliardaires de France récemment recensées par la presse spécialisée pour discuter des statuts et du capital social d'une Fondation philanthropique copiée sur le Wellcome Trust.

 

Pour conclure, Madame la Ministre, la reconstruction de Notre-Dame et la nécessité de convertir l'Hôtel-Dieu de Paris placent l'avenir de l'île de la Cité sous l'emblème insécable de la Santé et de la Culture des Corps et des Esprits. Pourquoi, grâce à cet objectif muséologique que vous proposent l'ADAMAP et l'ACSATIM, ne vous transfigureriez-vous pas en une MUSE DE LA SANTE ET DE LA CULTURE ? Vos expériences ministérielles ne peuvent que vous y prédisposer et mon rôle serait de catalyser cet avènement.

 

En vous remerciant à l'avance pour l'attention que vous voudrez bien apporter à cette lettre nécessairement longue et dense, je vous prie d'accepter, Madame la Ministre, l'expression de ma très haute considération et de mes hommages les plus respectueusement dévoués,

 

 Professeur Jean-François Moreau

A RAVENSBRÜCK

LA PHARMACIE DE MARGUERITTE CHABIRON
A VERDELAIS ETAIT DANS CET IMMEUBLE

LES RESISTANTES S'ENFUIRENT PAR LE JARDIN A PIC