Je ne saurais trop recommander la lecture de la dernière monographie de Laurent Cherlonneix et Guillaume Baptist: "De la volonté de vérité à la Mort de dieu. L'amplitude des allures Vitales de la connaissance nietzschéenne", parue chez L'Harmattan en juillet 2015. J'y lis notamment une terrible citation de Nietzsche tirée de "La Généalogie de la morale. Un écrit polémique (Zur Genealogie der Moral. Eine Streitschrift", publiée en 1887 : "Point de doute, à partir du moment où la volonté de la vérité devient consciente d'elle-même, la morale s'écroule: grand spectacle en cent actes, réservés aux deux prochains siècles de l'Europe, spectacle effrayant entre tous, plein d'inconnu, et peut-être aussi le plus riche d'espoir." (OPC VII, trad. Isabelle Hildenbrand et Jean Gratien, III, §27, p 346, citée page 51 de la monographie et note lxxi).
Monsieur le Ministre, cher maître et cher collègue, cher Luc Ferry, éventuellement assisté de secrétaires dévoués pour lire de longs et indigestes pavés,
Vous êtes philosophe et certainement initié des avancées de la biologie, notamment dans le domaine de la génétique voire de leurs relations avec les neurosciences, même si vous n'en êtes pas un spécialiste consacré. Dans tous les cas de figures, je suis moins savant que vous, mais je suis moins idiot dans les minutes qui suivent la lecture de vos éditoriaux, notamment celui d'aujourd'hui paru dans Le Figaro. Serez-vous sensible aux deux réflexions qui s'imposent en matières d'islamisme # musulmanisme - quel est le substantif adéquat pour exprimer la croyance des musulmans comme on parle du catholicisme, du protestantisme, du bouddhisme, du mormonisme...? - et d'Europe? Je l'espère, car il peut s'avérer que l'on se porte bien de lire quelques lignes de plus petit que soi.
1. L'opposition fondamentale entre judéo-chrétienté, sartrisée ou non, et islamisme repose sur la définition du destin humain, libre ou pré-écrit.
Pour d'innombrables raisons, comme mon nom de Moreau l'indique, je suis un autodidacte expert international en vécu religieux. Les musulmans croyants chantent leur destin sur de mélopées heureuses, malheureuses, volontiers mélancoliques, dont Oum Khalsoum est la prêtresse idéale. L'islamisme a été initié par Mahomet en tant qu'hérésie du judaïsme corrompu d'Arabie. Elle est adapté aux régions sèches et chaudes où l'eau, avec le sel, est la matière la plus vitale au quotidien, comme l'illustre l'histoire des caravaniers. Au nord de l'hémisphère boréal, là où l'eau abonde mais où l'alcool ne dévaste pas aussi vite que dans les pays chauds, l'islam conquérant et civilisateur échoua au sud de la Loire, comme échouèrent les barbares à conquérir l'Empire chrétien d'Orient qui résista longtemps à l'islam, lequel ne put franchir la barrière alpestre et fut refoulé jusqu'au Danube.
Aujourd'hui, les néophytes séduits par le salafisme sont obnubilés par la réussite post-mortem de leur destin infernal, comme le furent leurs homologues chrétiens, à la différence que, dans le premier cas, c'est écrit, dans l'autre, c'est une illumination librement acceptée comme un choix individuel. Cela se démontre aussi bien chez Paul de Tarse que chez le marxiste-léniniste André Frossart.
Si on n'élue pas l'argumentation jusqu'à ce concentré binaire, écriture-liberté, qui conduit l'individu à savoir affronter le combat permanent de la vie contre la mort de la matière organique qui forme le corps et permet au cerveau de penser, y compris à l'avenir de son âme dans l'au-delà, nul pour les matérialistes ou éthéré pour les spiritualistes, il n'y aura pas d'autre moyen de résoudre le problème que par l'holocauste, a priori au détriment des chrétiens et des matérialistes qui se présentent à l'adversaire prédéterminé comme les chevaliers cuirassés du Roy à Azincourt, nonobstant le discours fallacieux des Frontnationalistes que je pourfendrai dans le §2.
La dialectique moderne est compliquée du fait des avancées colossalement gênantes en matière de biologie de la reproduction et de la croissance de l'espèce humaine, directement actives sur les cerveaux de moins en moins capables de les intégrer dans le cursus de la vie individuelle courante, qu'elle se déroule dans un micro- ou un macrocosme planétaire, où il n'y a plus pour autant qu'il y en eut auparavant d'endroit calme et sûr autrement qu'au jour le jour. La question de la "disruptivité" des destins est d'autant plus inéluctable que l'espérance de la vie terrestre s'allonge et le fossé virtuel entre riches et pauvres s'élargit au point de devenir tranchée et précipice. J'ai été très ému par la détresse de Pascal Lamy, fils spirituel de Delors, brutalement plongé du pacifisme virtuel paradisiaque au bellicisme réel infernal, situation spécialement dramatique pour les Européens nés après 1950.
Les humains hostiles aux théories salafo-soufistes doivent se poser la question du révisionnisme fondamental qu'imposent les progrès de la génétique influencés par l'épigénétique qui ébranlent les darwinistes et les néo-lamarkhiens comme leurs détracteurs. Un jour au l'autre, qu'ils soient sunnites ou chiites, les musulmans, comme les chrétiens, les juifs, les bouddhistes, les agnostiques, les idolâtres, devront confronter leurs croyances respectives à la science avec un S majuscule. Le transhumanisme est aussi vecteur de guerre aussi meurtrière que le créationnisme qui vont se nourrir l'un l'autre de leurs excès respectifs. Or, une guerre déclarée - et je crois que la Troisième Guerre Mondiale a été officiellement déclarée le 7 janvier 2015 - ne pourra aboutir qu'à la disparition à terme échu d'au moins un tiers de l'humanité existant aujourd'hui. L'Europe est-elle destinée à être la plus grande pourvoyeuse de victimes?
2. Il est ahurissant de constater la vacuité du discours des Européens, qu'il soit funèbre ou volontariste. La raison en est évidente à mes yeux. Tout vient de ce que l'on parle dans les médias d'une Europe virtuelle, faite de peuples divisés en citoyens d'états-nations fabriqués pour obéir à des règlement de situations humanitaires d'histoire précaire tout au long de l'Anthropocène.
Or l'EUROPE EST D'ABORD ET AVANT TOUT UN CONTINENT GÉOGRAPHIQUE, fait de terre, d'air et d'eau douce ou salée, accessoirement peuplé de végétaux et d'animaux vivants mais promis à une mort inévitable. L'homo sapiens sapiens, génie vivifiant et/ou fléau mortifère, a appris à faire et à transmettre sa connaissance, par don ou vol, en exploitant sa terre, arable ou non, son air, respirable ou inflammable, et son eau, buvable ou navigable.
Les "Caucasiens" qui la peuplent en majorité depuis des temps immémoriaux ne sont qu'un avatar de l'histoire de la biologie animale, section anthropologie. L'humanité qui la peuple aujourd'hui est d'abord l'héritière d'une culture de la lutte victorieuse de la vie en société sur la mort inéluctable menée avec obstination par les ancêtres de plus en plus aptes à maîtriser des conjonctures constamment agressives pour leur bien-être physique, mental et social. La culture est le terrain qui permet à une économie humaine de s'épanouir ou de décliner sur un territoire donné, aux limites nécessairement évolutives dans le temps comme dans l'espace, et non l'inverse. En aucun cas, l'économie ne génère la culture de la vie, elle règle le ratio vie/mort d'un individu dans un groupe en fonction de paramètres plus rarement imprévus que prévisibles.
La qualité de l'instinct vital des Européens "de souches", c'est-à-dire nés sur ce continent, n'assurera la stabilité de cette population pacifiée depuis un bon demi-siècle que si celle-ci prend conscience de la valeur pérenne de sa culture, génératrice aujourd'hui d'une économie prospère. La réduction du continent à une myriade de cosmes nationaux ou provinciaux le rendra vulnérable à toute agression massive d'autres populations continentales dont l'instinct vital sera activé par la menace de leur mort culturelle armant les moyens puissants d'une économie de survie à la recherche de l'eau à boire avant de l'air à respirer. Car l'EAU est le nerf de la vie et toutes les civilisations humaines ont été construites sur la culture de l'économie de l'eau disponible au quotidien et non pas l'économie de la culture de l'eau, puisque, pendant neuf mois de vie intra-utérine, l'homo sapiens sapiens a baigné dans celle de sa mère. Manquer d'air, ce n'est plus la vie, c'est la mort assurée, l'humanité n'en est plus ou pas encore là!
3. Pour conclure, il est temps de construire les bases du droit spatial, puisque c'est dans ce nouveau monde artificiel que se démontreront la pertinence des valeurs gouvernant la vitalité de l'espèce humaine contemporaine face à la prédiction apocalyptique annoncée. Citons alors l'aperçu nietzschéen:
"Point de doute, à partir du moment où la volonté de la vérité devient consciente d'elle-même, la morale s'écroule: grand spectacle en cent actes, réservés aux deux prochains siècles de l'Europe, spectacle effrayant entre tous, plein d'inconnu, et peut-être aussi le plus riche d'espoir."
Références personnelles:
http://www.jfma.fr/Connard-deca-14-monotheiste.html
http://www.jfma.fr/damas-aaihp.html