Anne Sinclair

Dégoût

Publication: 18/05/2014 13h29

Mon commentaire en français

Dans deux chroniques simultanément publiées dans le HuffingtonPost à propos du film de Ferrara sur l'affaire DSK, Anne Sinclair n'exprime pas la même réaction en anglaisqu'en français. "I don't attack filth. I despise it." n'est pas la traduction littérale de "Je n'attaque pas la saleté, je la vomis." Le mépris ne me dérange pas, je ne veux pas recevoir la vomissure sur mon pantalon ni glisser dessus. Elle n'avait qu'à ne pas l'avaler.

Les chiens aboient, la caravane passe. L'Ancien Testament a aussi légué l'histoire de Job sur son fumier et il reste une noble figure de la dignité dans la chute comme dans la résurrection. Je n'ai qu'un désir et un vœu sincères à exprimer à ces deux personnages qui n'auront pas le passé de Roméo et Juliette dans l'idylle dramatique, non plus que celui d'Elisabeth Taylor et Richard Burton dans la démesure passionnelle: qu'AS et DSK vivent encore longtemps un futur positif, rénové à la hauteur de leurs intelligences et leurs talents respectifs, dénués qu'ils sont de la moindre générosité naturelle. Mais, pour l'amour du Ciel, qu'ils s'abstiennent de tout commentaire sur ce que l'humanité ordinaire  - à laquelle ils n'appartiendront jamais pour des raisons qui resteront à jamais ésotériques - dira et fera de leur histoire qu'eux-mêmes ont générée et jetée en pâture au vulgum pecus. Pour le bonheur des leurs enfants et descendants, qu'ils sponsorent un Alexandre Dumas ou séduisent un Victor Hugo pour transformer le drame balzacien en tragi-comédie débouchant sur une réhabilitation civique édifiante à laquelle ne prédispose pas l'application brutale de la loi du talion.

Que les AS et DSK séparés ou confondus arrêtent de réagir publiquement sur la forme illustrée que choisissent ceux et celles qui veulent faire un spectacle de leurs avatars de jadis et naguère.

C'est le droit de tous ceux et celles qui ont permis l'ascension médiatique et politique de ce couple jadis éblouissant, aujourd'hui décevant, de s'exprimer comme ils l'entendent après avoir été saoulés pendant trois ans par leurs histoires faunesques et grotesques. Qu'importe si c'est pour faire du fric ! DSK et AS en sont les premiers sinon les seuls responsables, ensemble ou séparément, et le peuple français a beaucoup trop cotisé pendant toute la phase ascendante de leurs promotions respectives pour que l'une et l'autre porte plainte pour mercantilisme aggravé !

Et que l'on arrête de nous bassiner avec ces digressions antisémitico-racisto-ploutocratiques à double face. L'histoire de DSK est bête et sordide comme seuls des hommes, juifs ou non, sont capables d'en générer quand ils oublient que, selon Lacan, il n'est de castration qu'une virilité ne consacre, d'où l'éloge jésuite de la vertu conjugale et celui, taoïste, de l'abstinence: cela s'appelle le "talon d'Achille" et le syndrome est spécialement toxique, la cinquantaine venue. Que je sache, Mr le Troquer, socialiste amateur de ballets roses, n'était pas juif. Bill Clinton, non plus.

Anne Sinclair, juive, a constamment affirmé sa volonté de faire ses vies conjugales avec des hommes juifs; nul ne le lui a reproché - en tout cas pas moi, toujours conscient de ma nature de goy vermisseau - mais c'est sa responsabilité d'assumer, et ses choix personnels, et les choix de ses aïeux dont elle n'a renié ni l'éducation morale, ni l'héritage matériel, ce qui est parfaitement respectable et fut non moins lucratif. Comme nombre de chrétiens devenus « mécréants » comme moi, catholique non pratiquant ne croyant plus à la résurrection des corps mais restant attaché à la survivance de l'âme comme Mitterrand aux forces de l'esprit, nombre de juifs devenus agnostiques ne renient pas leurs racines juives, c'est le cas de mon collègue et ami, le professeur René Frydman, père d'Amandine.

Goy œcuménique et très conscient et heureux de mon héritage culturel judéo-chrétien, n'est-ce pas d'une de mes adorées maîtresses juives que j'ai appris que l'homme juif chaque matin remercie Yaveh Dieu de ne pas l'avoir fait naître femme? Je regrette de ne pas avoir eu l'illusoire occasion d'être le Pygmalion d'Anne Sinclair, future présidente de la République Française. Je le pensais en 2011, je le pense encore aujourd'hui, comme on regarde une silhouette attirante dans un rétroviseur.

RÉACTION EN ANGLAIS

A RAVENSBRÜCK

LA PHARMACIE DE MARGUERITTE CHABIRON
A VERDELAIS ETAIT DANS CET IMMEUBLE

LES RESISTANTES S'ENFUIRENT PAR LE JARDIN A PIC