DE L'ANGLAIS COMME LANGUE OFFICIELLE UNIQUE EN FRANCE

 

Ça commence par ce message diffusé sur le merveilleux réseau universitaire Theuth de l'Université Rennes 1. J'ai intensément participé à la discussion d'un niveau intellectuel très élevé.

 

De : Loison Laurent <laurentloison@yahoo.fr>

Objet : [Theuth] Colloque Prix Nobel 1965 - Opéron

Date : 10 juin 2015 08:35:49 HAEC

Répondre à : Loison Laurent <laurentloison@yahoo.fr>

 

Chers collègues,

Dans le cadre du cinquantième anniversaire du prix Nobel de physiologie ou de médecine décerné en 1965 à François Jacob, André Lwoff et Jacques Monod, l'Institut Pasteur et La République des Savoirs : Lettres, Sciences, Philosophie (Ecole normale supérieure, USR 3608)organisent un colloque international les lundi 28 et mardi 29 septembre prochains (Institut Pasteur, Amphithéâtre Duclaux).

Celui-ci est intitulé « Nobel 50 years. Jacob, Lwoff and Monod founders of molecular biology ». Il aura comme objectif de proposer une appréciation critique des travaux qui ont conduit à l'attribution du prix Nobel, au premier rang desquels le modèle de l'opéron lactose. Organisé autour de quatre sessions, le colloque réunira biologistes, historiens et philosophes. Vous trouverez ci-joint l'ensemble des informations utiles dont un programme détaillé (voir également : http://www.pasteur.fr/en/institut-pasteur/institut-pasteur-conference-center/institut-pasteur-scientific-conferences).

La langue du colloque sera l'anglais. Il n'y a pas de droits d'inscription, en revanche, pour des raisons de logistique et de sécurité, il est demandé aux personnes souhaitant assister à ces journées de bien vouloir se pré-inscrire en ligne :

https://docs.google.com/forms/d/1rPQEo7tIiJDbypebGAjnBZKgTaDSUzt7ZR7x9neKeHg/viewform?c=0&w=1

Bien cordialement à tous.

Pour le comité d'organisation,

Laurent Loison et Michel Morange.

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Laurent Loison

Post-doctorant en histoire de la biologie

SAGE (UMR 7363), DHVS, Université de Strasbourg

http://loison.laurent.free.fr

International conference:

"Nobel 50 years. Jacob, Lwoff, and Monod founders of molecular biology"

 Organizing committee: Henri Buc, Aude Cambon, Jean-François Chambon, François Gros, Simon Legendre, Laurent Loison, Michel Morange, Maxime Schwartz, Agnes Ullmann, Moshe Yaniv.

Dates: Monday 28 and Tuesday 29, September 2015.

Place: Main lecture hall, Duclaux building, Pasteur Institute, Paris, France.

Day 1 (Monday, 28-09-2015)

9h00 - 9h15               Opening - Christian Bréchot (Director of the Pasteur Institute)

Session 1        Historical roots

Chair : Agnes Ullmann (Pasteur Institute, Paris)

9H15 - 9h55               Richard Burian (Virginia Tech, Blacksburg, USA) & Jean Gayon (Paris-1, IHPST): "Eugène Wollman and the question of lysogeny"

9h55 - 10h35             Maxime Schwartz (Pasteur Institute, Paris): "From enzymatic adaptation to the operon"

Break

11h05 - 11h45           Laurent Loison (Centre Cavaillès, ENS, Paris): "Lwoff's 'microbial physiology' and the birth of the operon model"

11h45 - 12h25           François Gros (Pasteur Institute & Collège de France, Paris): "The context of the 'great collaboration'"

Lunch

Session 2        Scientific legacy

Chair: Jean-Pierre Changeux (Pasteur Institute & Collège de France, Paris)

14h30 - 15h10           Michel Morange (Centre Cavaillès, ENS, Paris): "The oppositions to the operon model"

15h10 - 15h50           Eric H. Davidson (California Institute of Technology, Pasadena, USA): "An alternative to the operon"

Break

16h20 - 17h00           Henri Buc (Pasteur Institute, Paris): "Cross-talks between molecular biology and evolutionary prospects in Monod and Jacob"

17h00 - 17h40          Denis Thieffry (CSB group, ENS, Paris): "The operon and systems biology"

18h00                         Reception/Cocktail at the Pasteur Institute

Day 2 (Tuesday, 29-09-2015)

Session 3        Philosophical context and political commitments

Chair: Claude Debru (ENS, Paris)

9h00 - 9h40               Sean B. Carroll (University of Wisconsin-Madison, USA): "Brave Genius: Jacques Monod's Adventures from the French Resistance to the Nobel Prize"

9h40 - 10h20             Hans-Jörg Rheinberger (Max Planck Institute, Berlin): "Structuralism, information and linguistic in the context of the operon model"

Break

10h50 - 11h30           Anne Fagot-Largeault (Collège de France, Paris): "The responsability of the scientist"

Session 4        Pasteurian lines of research, past and present

Chair: Moshe Yaniv (Pasteur Institute, Paris)

11h30 - 12h30          Binomial 1: Jonathan Beckwith (Harvard Medical School, Boston, USA) & Jean-Marc Ghigo (Pasteur Institute, Paris)

Lunch

14h00 - 15h00          Binomial 2: Julian Davies (University of British Columbia, Vancouver,

                                   Canada) & Hilde De Reuse (Pasteur Institute, Paris)

15h00 - 16h00          Binomial 3: Edmond H. Fischer (University of Washington, Seattle,

                                   USA) & Pierre-Jean Corringer (Pasteur Institute, Paris)

 

Le 10 juin 2015 à 14:01, J... a écrit :

L'anniversaire mérite effectivement célébration, mais je ne comprends pas pourquoi "la langue du colloque sera l'anglais". Que des communications en anglais soient acceptées, bien sûr. Mais que des communications en français ne le soient pas ne me semble guère admissibles, d'une part au regard de la loi (Toubon), mais surtout en raison même de la personnalité de ceux qui seront honorés.

J...

Le 10 juin 2015 à 17:00, Jean-François Moreau a écrit :

Ne serait-ce pas pour des raisons telles que, par exemple, économiser les frais de traduction simultanée, toujours coûteuse, souvent inefficace? 

Dr. Jean-François Moreau, AIHP

Professeur émérite, Université Paris Descartes

Le 11 juin 2015 à 10:40, A... a écrit :

Bonjour à toutes et tous

Peut-être est-ce que parce que je suis biologiste, et que j'ai toujours connu et pratiqué l'anglais dans les colloques internationaux, mais j'ai un peu du mal à comprendre l'enjeu de la discussion. Il me paraît difficilement discutable que nous ayons besoin d'une langue d'échange pour communiquer entre scientifiques du monde entier. Une telle langue d'échange a, me semble-t-il (les historiens plus compétents que moi me corrigeront) toujours existé depuis le grec de la Koiné pratiqué dans tout le monde méditerranéen dans l'antiquité hellénistique et romaine en passant par le latin au moyen âge.

On peut regretter à l'heure actuelle que cette langue d'échange soit l'anglais. On peut aussi demander aux non francophones de faire l'effort de comprendre des exposés en français. Mais il ne suffit pas de faire un effort pour comprendre un exposé dans une langue étrangère. Va-t-on réellement exiger de moi que j'apprenne l'italien pour pouvoir assister à des colloques à San Gimignano ou à Amalfi, l'allemand à Berlin, ou l'espagnol à St Jacques de Compostelle (tout lieu où j'ai eu la chance de participer à des congrès) ? J'aimerais bien en être capable, mais à mon regret, ça me paraît peut réaliste.

Donc, non, je n'ai pas de problème avec l'idée qu'un congrès international avec 6 intervenants américains et un allemand, soit en anglais, et que les français qui y participent interviennent en anglais (Du reste, rien ne nous dit que cela leur a été imposé).

Ceci ne veut pas dire qu'il ne faille pas en parallèle, se battre pour défendre le français comme langue de sciences et de pensée, et comme scientifique français, faire l'effort d'écrire également en français et de conceptualiser notre 'science' en français, plutôt que dans un anglais que nous maîtrisons mal.

Pour moi, l'enjeu est surtout un enjeu de démocratie scientifique puisque nous devons être capables de partager les sciences en développement avec nos concitoyens, si on veut qu'ils puissent s'impliquer dans les débats sur les enjeux scientifiques et techniques, ce que je défends, et pas seulement avec nos collègues étrangers. Et je comprends que le problème puisse se poser différemment, ou avec plus d'acuité dans les SHS que dans les sciences de la nature. Mais la question d'une langue d'échange et de circulation, malgré toutes les limites que cela présente, ne s'en pose pas moins.

Dr. A...

Le 11 juin 2015 11:03, Jean-François Moreau ‪<jf@jfma.fr>a écrit :

Chère collègue A...,

Je suis ravi de lire votre lumineux message dont j'approuve intégralement le contenu et la thèse très bien argumentée. La rédaction de la première partie de ce message est antérieure aux réactions des collègues après jeudi matin et je réponds donc aussi au commentaire de JMLL d'hier car je n'ai pas la même vision historique des langues universelles des sciences.

Je m'investis depuis longtemps, mais plus intensivement depuis que je suis sur Theuth et Linkedin, sur l'importance du polyglottisme au XXIe siècle qui n'est que le début du IIIe Millénaire! En l'an 1000 de l'ère chrétienne, les langages de la science étaient l'arabe et le grec, peut-être le syriaque, pas le latin qui mettra encore du temps à les rejoindre puis les supplanter, sauf le grec chez les Slaves. La traduction en latin des œuvres gréco-arabes par Constantin l'Africain à Salerne et Monte-Cassino date du XI-XIIe siècle. On peut conjecturer sur l'importance du transfert de la Papauté de Rome en Avignon pour comprendre l'essor du latin en Europe. De même la relation entre le latin et les langues à désinences comme les langues germaniques compte tenu de la division de l'empire carolingien induisant la bande centrale de la Lotharingie et la publication de la Bible en latin à Mayence par Gutenberg au XVe siècle, à l'époque de l'Empire des Romains qui deviendra le Saint-Empire Romain Germanique au XVIe!. 

Le français a été la langue internationale de la science et de la politique grâce aux Normands et à François 1er. Ambroise Paré ne parlait que le français et c'est le seul contre-exemple dont les francophonissimes pourraient prendre pour héros. Il est toujours réconfortant d'être dans le camp des vainqueurs!  Leibnitz écrivit La Monadologie en français au début du XVIIe siècle, mais Harvey, lui, avait publié ses travaux en latin chez un éditeur allemand. 

Je n'ai jamais été séduit par Louis XV ni par Voltaire qui furent les premiers à porter la responsabilité de la décadence du français. Il ne fallait pas perdre la Guerre de 7 ans qui plaça l'anglais au niveau du français, jusque-là seule langue diplomatique internationale. Pas davantage, il fallait mépriser le Canada ni la vallée du Mississipi. Il ne fallait pas suivre Napoléon au-delà de l'île d'Elbe. Il ne fallait pas perdre la guerre de 70. Il ne fallait enfin et surtout pas perdre la guerre de 39-40 dont la conséquence à long-terme fut la disparition de l'Empire Colonial Français. Subsidiairement il ne fallait pas que Lénine et l'Empire Soviétique suppriment le français comme langue "classe". 

Lors de l'explosion du Mur de Berlin, l'Europe de l'Est ne parlait plus le français (sauf en Moldavie), ne parlait pas anglais, n'aimait pas parler le russe et s'exprimait en allemand!

J'ai été très présent et actif sur tous les continents à partir de 1970. Jamais je n'aurais réussi autre chose que des ascensions de taupinières quand je sortais de la francophonie pure. J'ai été écouté, entendu apprécié et influent lorsque je suis devenu, non sans efforts ni sacrifices, anglophone à 40 ans seulement. Mes élèves et collaborateurs ont été stimulés par cet exemple particulièrement convainquant. J'ai exercé nombre de responsabilités internationales au sommet en radiologie et imagerie médicale, donc en relations permanentes avec la science et la technologie, de l'humanisme, l'industrie, la finance et le commerce sur les cinq continents, notamment en Asie et en Amérique Latine. Rien n'aurait été possible sans la pratique quotidienne de l'anglais parlé et/ou écrit où que je stationne, notamment et surtout en France. J'aurai plus amené en France d'anglophones exclusifs en France par l'usage de l'anglais exprimé sans complexe ni arrogance... car nombre de misfits entre la France et le reste du monde vient de ce défaut dont les effets actuels démontrent la médiocrité culturelle et la faiblesse morale de la personnalité des francophones intégristes militants.

Le monde moderne, notamment sa jeunesse la plus intéressante, veut communiquer pour comprendre les autres et s'en faire comprendre pour s'entendre et fraterniser. En témoigne l'exponentielle progression des réseaux sociaux à travers le village global du monde plat interconnecté pour reprendre le titre d'un livre de Thomas Friedman  http://en.wikipedia.org/wiki/The_World_Is_Flat, d'ailleurs traduit en français chez Saint-Simon. Le drame est pour le pur oxanian-speaking British citizen of Her Majesty The Queen quand des milliers de patois et d'argots en dérivent et qu'il reçoit des textos du type: How R U? ... Quand les Français comprendront-ils/elles combien est jouissif pour les esprits pervers de voir un leader de la World Company, du genre Mr Sylvestre, évoluant dans un milieu de polyglottes discutant d'un contrat ou d'un projet crucial pour la satisfaction de leurs intérêts respectifs évidemment contradictoires? Et quand, par miracle, il est possible de s'exprimer aussi en espagnol, en russe, en italien... quel nirvana! Il ne faut pas perdre de vue que le monde américain de ce millénaire est appelé à se diviser en deux populations: les anglophones et les hispanophones, les francophones et les lusitanophones ne pouvant que devenir des minorités à l'avenir purement vernaculaire s'i elles restent monoblocs, ce qui n'est déjà plus le cas au Québec. De plus en plus nombreux seront les américains bilingues anglais-espagnol avec -peut-être sinon sans doute dans un avenir incertain l'éclosion d'un spanglish qui règlerait le problème conflictuel entre la présence ou non d'accent sur les lettres alphabétiques. Rappelons que l'anglais a imposé sa loi en langage informatique à vocabulaire romain bannissant les accents sur les lettres voire tous les symboles non-alphanumériques sur les adresses email à l'exception de @ (arrobase = at). Quelque soit le succès à terme de la velléité impérialiste de plus en plus puissante des hispanophones de mettre l'espagnol au moins au niveau international officiel du français avant de le faire disparaître des institutions telles que l'ONU, il s'écoulerait des siècles avant les neuf milliards d'humains du XXIe siècle acceptent d'y inclure des lettres accentuées!

[ce message ne sera publié que le 13 juin en préambule du message ci dessous: Le 13 juin 2015 11:03, Jean-François Moreau ‪<jf@jfma.fr>a écrit :]

De : J... Date : 12 juin 2015 13:54:15 HAEC

Sans reprendre tous les multiples arguments si souventes fois échangés, juste une remarque d'ordre historique, infirmant l'assertion selon laquelle "une telle langue d'échange a (...) toujours existé". Au moyen-âge, le latin ne fut langue intellectuelle commune que dans l'Europe de l'Ouest, qui n'a que tardivement été le lieu principal de développement scientifique. Pendant longtemps l'arabe, avec l'hébreu et le grec, a joué un rôle bien plus important, et c'est la traduction qui a constitué le moteur principal des avancées européennes postérieures.
Quant à la Révolution scientifique en Europe (début XVIIème), elle est justement marquée par le déclin du latin au profit des langues nationales : Galilée écrit surtout en italien (toscan), Descartes et Pascal beaucoup en français, Harvey en anglais et même Stevin et Leeuwenhoek en flamand.
Certes, comparaison n'est pas raison. Mais aujourd'hui, il vaut quand même la peine de remarquer qu'une très grande partie des publications scientifiques (dans les sciences "dures") japonaises se fait en japonais et que l'analogue est vrai en Chine.
Chères et chers collègues, si vous croyez vraiment à l'inéluctabilité d'une langue d'échanges scientifiques unique, apprenez d'urgence le chinois. 

Le 13 juin 2015 11:03, Jean-François Moreau ‪<jf@jfma.fr>a écrit :

L'Institut Pasteur est le lieu français de l'histoire des sciences le plus prestigieux au monde.Pasteur et Marie Curie sont nos plus vénérées icônes scientifiques de la Planète. Donnons leur la liberté d'être encensés dans les langues de tous les pays du monde. L'institut Pasteur est notre seule PME de dimension universelle et, dans son domaine, elle a presque le monopole des prix Nobel de médecine et de physiologie de nationalité française exerçant dans nos frontières, puisque c'est aux USA que Cournand et Guillemin ont effectués leurs travaux. Le Cinquantenaire du prix Nobel de Lwoff, Jacob et Monod est particulièrement bienvenu car c'est - et c'est le drame français dans sa version suicidaire en se positionnant comme négationniste de la valeur fondamentalement structurante de la personnalité d'une nation par le rejet du culte de l'histoire en général et celle des sciences en particulier - le meilleur moyen d'inviter de grosses pointures internationales qui vont être la caisse de résonance de la communauté des Nobel-makers. 

Les francophonissimes intégristes nourrissent le french-bashing fondé sur l'exaltation de notre couple chauvinisme-arrogance qui nous tue à petit feu quand ils/elles ignorent comment on se place, par exemple pour le prix Lasker. J'ai assisté au Centenaire de Selye à Montréal en 2007. Organisé par l'école californienne de Guillemin (Salk Institute) avec Yvette Taché (UCLA) comportant beaucoup de francophones et dans la province de Québec dans des locaux de l'UQAM, LA LANGUE OFFICIELLE EXCLUSIVE ÉTAIT L'ANGLAIS! On parlait français dans les discussions hors session... Quiconque suit le programme scientifique global de l'Institut Pasteur constate la monté en force des thèmes neuroscientifiques qui fourniront la majorité des Prix Nobel au XXIe siècle, c'est François Jacob lui-même qui me l'avait affirmé. Des chercheurs comme LLedo pourront parfaitement y prétendre et leur patron, Jean-Pierre Changeux, ne désespère pas de l'obtenir un de son vivant.

Les grosses pointures de l'institut Pasteur savent mieux que nous autres, pauvres pégroleux, ce qui leur convient et si elles se plantent, c'est leur responsabilité. Juridiquement, leur statut échappe à la règle républicaine basique puisque, reconnus d'utilité publique, l'Institut sert les intérêts français au sommet et il peut sinon doit le faire en toute impunité puisqu'il est INTERNATIONAL-LABELLED! On ne veut tout de même pas que l'institut Pasteur organise ses rencontres internationales (incentive business ô combien lucratif!) à Genève ou à Londres!

Le loi Toubon mérite mon plus grand respect car l'homme est intelligent et il est normal qu'un politicien professionnel réponde à un travail législatif et réglementaire ordonné par un gouvernement ayant à gérer et la conjoncture et prévenir ses mauvais effets en influençant l'évolution du droit jurisprudentiel. Elle ne résout aucun problème affectant les relations de la France avec la World Company.

A titre personnel, tout en me félicitant sans me pousser du col, j'ai été l'un des tous premiers à imposer en France un symposium 100% anglophone. J'avais en 1982 organisé le premier symposium mondial sur l'échographie du cou à Paris avec une forte participation anglophone. La traduction simultanée avait été un échec coûteux car, s'il y avait un fantastique interprète, l'autre fut une catastrophe. L'industrie des produits de contraste radiologiques internationale dans laquelle la France joue un rôle important mais minoritaire, totalise un nombre confortable de dizaines de milliards de dollars. En 1987, je convoquai tous les acteurs mondiaux de l'industrie et de la recherche appliquée, soit 80 individus au Château d'Artigny, à Montbazon dans la Touraine. LA LANGUE OFFICIELLE ÉTAIT EXCLUSIVEMENT L'ANGLAIS et les résultats de cette rencontre exemplaire perdurent encore aujourd'hui et perdureront longtemps! La loi Toubon n'existait pas encore mais, Toubon ou pas, je le referais si j'avais à le faire, comme j'imposai que le 2nd Congress of the European Society of Uroradiology que je présidais avec ma collègue Catherine Roy se tint en 1998 à Strasbourg sans traduction simultanée strictement en anglais.

Conclusions:

1. C'est une lourde responsabilité que d'organiser un congrès international en France. Personne n'oblige personne à le faire. Que l'on fiche la paix à ceux/celles qui osent. Si l'échec est au bout du fusil, tant pis pour eux/elles! Evidemment, si des fonds publics ont subventionné des frais de traduction simultanée détournés à d'autres fins, que la paille humide du cachot leur soit prescrite est salutairement  salubre, mais la douleur de l'échec et sa honte est pire!

2. Je n'ai rencontré de traduction simultanée globalement satisfaisante qu'en Amérique Latine et plus précisément en Uruguay. Bémol évidemment, je suis un homme du XXe et je n'organise plus de congrès. La moindre des courtoisies est d'utiliser les double-projections de diapositives bilingues. Les procurer à l'interprète favorise leur travail.

3. Les Français DOIVENT copier la méthode utilisée par les Scandinaves pour devenir bilingue dès la prime enfance. Leurs langues vernaculaires respectives sont à usage domestique et restent très présentes dans la vie quotidienne. Les ACTA sont publiés en anglais. Le Maroc vient de placer l'anglais en 1ère langue obligatoire en 6e à la place du français. Les guerres meurtrières y aidant en trucidant la jeunesse éduquée en priorité, l'Afrique francophone rétrécira en peau de chagrin en deux ou trois générations, notamment du fait de la surpopulation du Nigeria qui déséquilibre les rapports. Parler les deux langues doit être la règle dans les écoles françaises des territoires de l'ancien Empire Colonial Français où notre langue sera concurrencée par l'arabe+anglais.

4. Le polyglottisme est LA solution et doit être la règle politique structurante de l'Éducation Nationale, grâce aux MOOCS diffusés nationalement à heure fixe dans toutes les classes des écoles maternelles et primaires. Ce n'est pas de l'endoctrinement totalitaire idéologique... mais j'avais appris la messe en latin à la grand-messe de mon village comme cela. C'est préparer l'enfant au struggle for life avec les meilleurs atouts et ce, sans mettre à mal l'égalité et la fraternité, bien au contraire!  Je recommande depuis longtemps aux physiologistes de la phonation d'enseigner aux éducateurs les règles de la phonétique. Je rappelle toujours que jusqu'à la fin de la première enfance, le rejeton de l'homme possède tous les phonèmes dans son registre vocal. J'ai appris les sons gutturaux avec la Wehrmacht et cela est fort utile pour parler l'arabe et l'espagnol. J'ai compris l'importance de ce potentiel avec mon fils qui exprimait les nasales à 18 mois comme un Chinois. Essayez, adulte, de prononcer NG comme on le prononce à Canton ou à Hanoi! 

5. Les nouveaux mots de l'anglais destinés à moderniser la langue en l'adaptant à des concepts, des paradigmes, des outils sont beaucoup plus souvent des latinismes disruptifs! Comme le Gini en son temps, on les croit français parce qu'ils existent dans la langue française, mais c'est du latin, pas du français, qu'ils reviennent. Rappelez-vous ce qu'écrivait Simone Signoret, dans "La nostalgie n'est plus ce qu'elle était", sur la fausse traduction d'actual par actuel. 

Alors, ne procrastinons pas davantage, fonçons et faisons de l'anglais notre allié! Et n'oublions pas que, sur ce terrain douteux, de faire de l'espagnol notre amigo, car ses ambitions sont universelles et la langue a la masse populaire pour la parler! Ah Voltaire, comment va ta migraine?

Très cordialement pour un bon weekend

Ce à quoi, le 13 juin 2015 à 11:33, M... a écrit :

Monsieur,

Avec tout le respect qu'impose votre brillante carrière, permettez-moi de réagir à la fois sur le fond et la forme de votre dernier message, brièvement si possible parce que les longs messages donneurs de leçons m'agacent encore plus par leur longueur que par leur ton. Voici quelques objections, au terme desquelles je retournerai au silence.

1- L'un des précédents messages attirait l'attention sur le fait que comparaison n'est pas raison. J'ajoute volontiers que l'exemple ne fait pas preuve, notamment lorsqu'il verse dans l'autosatisfaction. Pour ma part, je coordonne un réseau scientifique présent dans 14 pays et la traduction est notre langue d'échanges: nous faisons tous l'effort de lire et comprendre la langue des autres (au moins deux ou trois langues), nous nous exprimons chacun dans la sienne. Cela oblige simplement à mieux s'écouter et à prendre le temps de l'explicitation ce qui n'est pas plus mal dans une rencontre scientifique.

2- Votre vision historique de l'évolution des langues est au minimum mal informée. Si j'avais envie d'être désagréable (et ce n'est pas le cas), je dirais volontiers qu'elle tient dans un ramassis  pseudo-historique qui mélange un peu tout et secoue bien pour en tirer un cocktail non signifiant.

3- Sur le fond encore, le refus de prendre en compte la langue de l'autre n'est pas qu'une convention simplificatrice ou le souci de ménager l'argent public. C'est aussi une manifestation impérialiste, qui va toujours dans le même sens et acquiert par là même un sens historique. On est libre de ne pas y souscrire.

4- Sur la forme : la phrase " car nombre de misfits entre la France et le reste du monde vient de ce défaut dont les effets actuels démontrent la médiocrité culturelle et la faiblesse morale de la personnalité des francophones intégristes militants", n'est pas acceptable. Pas plus que la partie de la jeunesse "la plus intéressante". Quelle est donc votre compétence morale pour juger ainsi des autres? Puis-je, toujours respectueusement vous prier de ne pas céder à une facilité stylistique quand elle a pour conséquence sinon pour but de manifester un mépris certain pour tout ou partie de vos contemporains? Ce n'est pas que de la morale et Rabelais le disait déjà, fort bien et en français : science sans conscience n'est que ruine de l'âme.

Bien cordialement, M...

CE À QUOI JE RÉPLIQUAI SUBITO PRESTO Date : 13 juin 2015 18:00:15 HAEC

Chère madame M...,

Je réponds avec plaisir à votre intéressante critique à laquelle je ne ferais qu'un reproche: je ne sais pas qui est M... Veuillez m'excuser si, dans le style qui est le mien, j'exprime ma méconnaissance de l'état-de-l'art et du Who'sWho des vedettes du show-business scientifique au XXIe siècle dont je ne doute pas que vous fassiez partie. Je constate avec satisfaction que de plus en plus de correspondants signent de leur carte de visite. J'ai été l'équivalent d'un Professeur de Chaire, version mandarin revisité 1968. Il est donc normal que vous ressentiez l'impression de recevoir des leçons, puisque donner des leçons fait partie du cahier des charges de la fonction de professeur des Educations primaires, secondaires, universitaires et postuniversitaires ad vitam æternam. Sans doute vous-même donnez vous des "lectures", sans lire votre texte, j'espère.

1- L'un des précédents messages attirait l'attention sur le fait que comparaison n'est pas raison. J'ajoute volontiers que l'exemple ne fait pas preuve, notamment lorsqu'il verse dans l'autosatisfaction. Pour ma part, je coordonne un réseau scientifique présent dans 14 pays et la traduction est notre langue d'échanges: nous faisons tous l'effort de lire et comprendre la langue des autres (au moins deux ou trois langues), nous nous exprimons chacun dans la sienne. Cela oblige simplement à mieux s'écouter et à prendre le temps de l'explicitation ce qui n'est pas plus mal dans une rencontre scientifique.

JFM: Nul n'est prophète en son pays. Si j'ai avancé dans ma carrière selon les impératifs du statut administratif des fonctionnaires publics, les seules marques de reconnaissance qui légitimisent mes interventions publiques à l'échelle universelle m'ont été données à l'étranger, pas par la France, parce que j'ai travaillé pour les élèves de mes écoles et dans les fonctions de responsabilités qui m'étaient dévolues puisque je les avais voulues et qu'on m'y avait élu ou nommé. Vous connaissez la querelle du Cid et j'ai largement dépassé l'âge de don Diègue pour ne pas parler de don Gormas qui doit être un de vos contemporains, version mécanique quantique.

DON DIÈGUE

Pour s'instruire d'exemple, en dépit de l'envie,

Il lira seulement l'histoire de ma vie.

Là, dans un long tissu de belles actions,

Il verra comme il faut dompter des nations,

Attaquer une place, ordonner une armée,

Et sur de grands exploits bâtir sa renommée.

LE COMTE

Les exemples vivants sont d'un autre pouvoir ;

Un prince dans un livre apprend mal son devoir.

Et qu'a fait après tout ce grand nombre d'années,

Que ne puisse égaler une de mes journées ? ...

Mon CV s'étalant sur 50 ans de vie universitaire parle pour moi et je encore très présent sur plusieurs projets nationaux et internationaux. Eduqué dans les principes de Saint Jean-Baptiste de la Salle, je suis un adepte de la très sévère auto-évaluation conduisant au perfectionnisme dont on sait qu'on ne l'atteint jamais mieux qu'exponentiellement. Fierté et humilité sont les mamelles de mon destin vers le Quatrième Âge.

http://www.jfma.fr/

<jf@jfma.fr>

Who's Who

e-books Librinova.com

2- Votre vision historique de l'évolution des langues est au minimum mal informée. Si j'avais envie d'être désagréable (et ce n'est pas le cas), je dirais volontiers qu'elle tient dans un ramassis  pseudo-historique qui mélange un peu tout et secoue bien pour en tirer un cocktail non signifiant.

JFM. Je ne demande pas mieux que de lire la vôtre, d'histoire des langues, dans un nirvana d'œcuménisme. Je vous remercie de ne pas vouloir me fouetter pour m'apprendre mais, veuillez m'excuser, c'est vous qui utilisez les affreux "statements" de l'école française du mandarinat. J'ai publié sur le sujet et je n'ai reçu aucune démenti des spécialistes, bien au contraire! Vous vous distrairez peut-être en lisant ceci et cela et ça, c'est réputé être de la bonne histoire.

3- Sur le fond encore, le refus de prendre en compte la langue de l'autre n'est pas qu'une convention simplificatrice ou le souci de ménager l'argent public. C'est aussi une manifestation impérialiste, qui va toujours dans le même sens et acquiert par là même un sens historique. On est libre de ne pas y souscrire.

JFM. C'est à l'âge de 6 ans, en 1944, que j'ai décidé de devenir polyglotte. Vous êtes trop jeune pour avoir vibré avec des systèmes ondulatoires différents aux sons de l'armée allemande, puis ceux des anglais et des américains... Je connais l'importance vitale de la liberté, la mienne comme la vôtre et celle des autres, y compris l'institut Pasteur et ses horribles anglophonomaniaques.

4- Sur la forme : la phrase " car nombre de misfits entre la France et le reste du monde vient de ce défaut dont les effets actuels démontrent la médiocrité culturelle et la faiblesse morale de la personnalité des francophones intégristes militants", n'est pas acceptable. pas plus que la partie de la jeunesse "la plus intéressante". Quelle est donc votre compétence morale pour juger ainsi des autres? Puis-je, toujours respectueusement vous prier de ne pas céder à une facilité stylistique quand elle a pour conséquence sinon pour but de manifester un mépris certain pour tout ou partie de vos contemporains? Ce n'est pas que de la morale.

JFM. J'ai longuement écrit sur la médiocrité et le succès de mes entreprises humanistes parle pour moi. Mépris? Oui quand la toxicité desdits "francophones intégristes militants" vulnérabilise sinon tue au lieu de vivifier. Sinon, disons que je les dédaigne... Je ne vois aucun inconvénient à être traité similairement. Vous connaissez l'analogie biblique: "Les chiens aboient, la caravane passe..." Et espérons que Davy Crockett fera mieux que le général Custer!!! En tout cas je ne prends aucun des intervenants consécutifs à la réaction de J... pour des Nuls!

5. et Rabelais le disait déjà, fort bien et en français : science sans conscience n'est que ruine de l'âme.

Rabelais était curé et/ou médecin d'abord. Je suis un médecin nourri à l'hippocratisme le plus noble. Je ne vois pas en quoi je ruinerais mon âme et celles des autres en demandant la LIBERTÉ DE S'EXPRIMER DANS LA LANGUE QUI VOUS CONVIENT! Ma seule honte est de continuer à faire des fautes de grammaires et/ou de typographie mais, que voulez-vous: "Nobody's perfect!" So do I. Notez aussi que l'édit de Villers-Cotterêt et Malherbe avec la Pléiade a révolutionné l'Europe en introduisant l'obligation d'user d'une langue nationale officielle régulée plus tard par l'Académie française avec Richelieu et Boileau. La langue anglaise s'est modernisée plus tard, probablement grâce à Shakespeare qui savait ce que la Normandie et l'Anjou avaient apporté à la civilisation britannique. Je le répète, Harvey qui exerça la médecine au St Bartholomew's Church and Hospital au XVIIe siècle et est le père de la physiologie humaine principalement, publia ses œuvres princeps en latin et non pas en anglais. De même Newton au XVIIIe siècle!

Bien cordialement, 

Moi aussi à votre adresse et merci de m'avoir poussé dans mes retranchements.  I don't have to take me too much seriously either...

Bon dimanche

Dr. Jean-François "JF" Moreau, AIHP, FACR

 

 

 

A RAVENSBRÜCK

LA PHARMACIE DE MARGUERITTE CHABIRON
A VERDELAIS ETAIT DANS CET IMMEUBLE

LES RESISTANTES S'ENFUIRENT PAR LE JARDIN A PIC